15 septembre 2012

Le masque de santé mentale du psychopathe


En 1960, Bernie Madoff a fondé sa société de Wall Street, Bernard L. Madoff Investment Securities LLC. En tant que président du conseil d'administration jusqu'à son arrestation en décembre 2008, Madoff a vu sa société (et lui-même) gagner en notoriété à Wall Street, en développant la technologie qui est devenue le NASDAQ, la première et la plus grande bourse de valeurs électronique en Amérique en fonctionnement. Un multimillionnaire avec plus de 800 millions de dollars d'actifs avec sa femme et sa copine de lycée, Ruth Alpern, Madoff était considéré comme un cerveau financier et un philanthrope prolifique. Il dégageait une aura de richesse, de confiance et d'influence, et beaucoup de personnes lui faisaient confiance comme un pilier de la communauté. Cela ressemble à un type bien, hein ?

Son image humanitaire était soutenue par son travail pour des groupes sans but lucratif comme l'American Jewish Congress et l'université Yeshiva à New York, les diverses commissions et conseils où il siégeait, et les millions qu'il donnait aux causes éducatives, politiques, culturelles et médicales. Comme le site Internet de sa société le disait clairement à l'époque (il a depuis été supprimé) : « Les clients savent que Bernard Madoff a un intérêt personnel à maintenir la réputation sans défaut, l'utilisation équitable et les normes éthiques élevées qui ont toujours été la griffe de la société. » Il est drôle de voir comment les choses changent avec un peu de recul et un modèle apparaît seulement rétrospectivement. En décembre 2008, et pas avant, le public fut mis au courant que son « intérêt personnel » était tout sauf l'intégrité, et l'image arrêta d'être prise pour la réalité.

Dans une discussion avec la rédactrice en chef de Condé Nast Protofolio, Joanne Lipman, une survivante de l'Holocauste, le prix Nobel et victime de Madoff Elie Wiesel déclara : « Je me souviens que c'était un mythe qu'il avait créé autour de lui... que tout était si spécial, si unique, que ce devait être secret. C'était comme une mythologie mystique que personne ne pouvait comprendre... Il donnait l'impression que peut-être 100 personnes appartenaient au club. Maintenant nous en connaissons des milliers qui furent trompées par lui (1). »

Dans ce qui a été décrit comme la plus grande fraude d'investissement jamais commise par une seule personne, Madoff a escroqué des milliers d'investisseurs jusqu'à un peu moins de 65 milliards de dollars dans un système de Ponzi élaboré, payant des revenus aux investisseurs avec l'argent payé par les autres investisseurs, pas de vrais profits. En déplaçant les fonds de cette manière, Madoff a créé une image de l'argent qui rivalisait avec la sienne en tant qu'homme de bon caractère. L'illusion de hauts revenus réguliers a trompé des milliers de personnes dans un marché trop beau pour être vrai, offert par un homme trop bon pour être vrai. Selon le portrait médiatisé des événements, Madoff a décrit le fonds d'investissement comme « un gros mensonge » à ses fils, qui ont promptement informé les autorités. Madoff fut arrêté le lendemain et ses actifs furent gelés (comme plus tard ceux de sa femme et de ses fils). En conséquence, Madoff avait réussi à ruiner la vie de milliers de personnes, poussant certaines victimes à se suicider. Il finit par plaider coupable sur onze chefs d'accusation de fraude, blanchiment d'argent, et parjure, entre autres. Bien que Madoff dirigeait ses sociétés d'une main de fer et prétendait qu'il était le seul responsable pour avoir trompé ses clients, les enquêteurs furent insatisfaits qu'une personne seule puisse cacher la fraude sur une échelle aussi grande pendant aussi longtemps. Des enquêtes ultérieures ont jusqu'à présent placé six anciens associés sous enquête criminelle (2), tandis que de multiples procès sont en cours contre Ruth Madoff et ses fils (3).

Comment a-t-il donc réussi ? Jerry Reisman, un grand avocat de New York, a décrit Madoff comme « absolument charmant. Il était un maître pour rencontrer les gens et créer cette aura. Les gens le regardaient comme un super héros.(4) » Même quand il se démenait pour s'assurer des fonds pour maintenir sa fraude sans issue, les associés ne remarquaient aucun signe de stress. Lors d'une conversation d'une table ronde en 2007, visible sur YouTube (5), Madoff a fait certains commentaires révélateurs. Parlant de sociétés de changes modernes, Madoff a dit froidement, « Généralement, dans l'environnement de régulation actuel, il est virtuellement impossible de violer les règles. C'est quelque chose que le public ne comprend pas vraiment... Il est impossible qu'une violation passe inaperçue. Certainement pas pendant une durée très longue. » Cela venant d'un homme qui l'avait fait durant des années et peut-être des décennies ! Pas étonnant, étant donné sa propension à tromper, que Madoff et sa société fussent extrêmement secrets, trouvant des moyens de garder secrètes leurs activités illégales, par exemple, refusant de fournir aux clients un accès en ligne à leurs comptes et ordonnant aux employés - contre les règlements - d'effacer les courriels après les avoir copiés sur papier, comme rapporté par Lucinda Franks dans son article pour The Daily Beast (6).

Contrairement à sa personnalité publique illustre, dans un article de Mark Seal pour Vanity Fair (7), divers amis de la famille et initiés, présentent une image de Madoff comme un monstre manipulateur au cœur de pierre qui non seulement exploitait les étrangers, mais aussi ceux qui étaient le plus proche de lui. Il cultivait ostensiblement des amitiés étroites avec le regretté Norman F. Levy et le philanthrope Carl J. Shapiro tout en les volant aveuglément. Madoff parlait de Levy comme de son « mentor de 40 années » et toujours déférent par rapport à lui. En retour, Levy considérait Madoff comme son « fils adoptif, un membre de sa famille. » Carmen Dell'Orefice, la petite amie de Levy à l'époque, se souvient, « Il faisait tant pour le bien-être de Norman dans les plus petits détails. » Elle décrivait Madoff et son épouse comme tranquilles et discrets et exprimait la dissonance cognitive souvent vécue par les victimes d'escrocs comme Madoff quand la vérité derrière l'image est finalement révélée : « J'admets que ce que j'ai vécu était une projection d'une personne qui n'était pas là... Si je n'avais pas pris toutes les images que j'ai prises pendant toutes ces années, je dirais 'Carmen tu as des hallucinations'. » Francis, le fils de Levy, a dit que son père croyait en Madoff. « S'il existe un homme honorable, » a-t-il dit, c'est Bernie. » Jospeh Kavanu, un ancien ami de Madoff à la faculté de droit partageait la même incrédulité avec Julie Creswell et Landon Thomas Jr. dans leur article pour le New York Times : « Cela n'a pas de sens... Je ne peux croire que le Bernie que je connaissais s'est transformé dans le Bernie dont nous entendons parler 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. Cela ne colle pas. » En réalité, il y avait deux Madoff : l'image soigneusement cultivée de l'homme d'affaires et du philanthrope qui a réussi et la réalité : un criminel impitoyable et sans remords qui agissait derrière un masque de santé mentale, de succès et d'humanitarisme.

Une source a décrit à Seal comment Madoff a dirigé ses deux fils avec « un amour rude et la peur. Les gens avaient peur de Bernie. Il exerçait son influence. Ils avaient peur de son humeur. » Madoff dirigeait aussi son bureau d'une main de fer, contrôlant l'environnement de travail jusqu'au plus petit détail. Il était obsédé par l'ordre et le contrôle. Un ami de la famille a dit, « Il y avait un tas d'arrogance dans cette famille. Bernie parlait aux gens qui étaient aussi riches que lui, mais il ne voulait pas être importuné par les petites gens. » Un autre initié a dit, « Il était impérial, par-dessus tout. S'il n'aimait pas la conversation, il se levait et partait. C'était 'Je suis Bernie Madoff et pas vous.' « Un autre a dit, « Peter [le frère de Madoff] est bien plus religieux, plus équilibré. Bernie est plus insolent, arrogant, un homme de spectacle. Rusé comme un renard."

Des descriptions de ceux qui savaient et interagissaient avec lui, une image émerge de Bernie Madoff comme arrogant, charmant superficiellement, beau parleur, manipulateur, trompeur, froid émotionnellement, dominant, et sans cœur, en bref, touts les signes d'un psychopathe brillant. Sans surprise, les journalistes et les experts aussi ont suggéré exactement que J. Reid Meloy, psychologue judiciaire et auteur de The Psychopathic Mind, le psychologue judiciaire de Floride Phil Heller et l'ancien agent du FBI Gregg McCrary, ont tous dit la même chose par écrit (8)(9), et plusieurs chercheurs éminents comprenant Adrian Raine ont suggéré la même chose à la conférence de la Society for the Scientific Study of Psychopathy de 2009 à la Nouvelle Orléans. Dans ce que je montrerai au cours de cette série être un comportement typiquement psychopathe, Madoff a mené sa barque jusqu'au sommet, persuadé les régulateurs et bâti sa fortune en escroquant ceux qu'il considérait comme sans valeur, exploitant même ses soi-disant amis. Cependant, comme Meloy a dit à Creswell et Thomas, « le talon d'Achille du psychopathe est son sens de l'impunité. C'est ce qui, en fin de compte, le fera chuter. »

Qu'est-ce que la psychopathie ?

Jusqu'à la publication du livre important The Mask of Sanity d'Hervey Cleckley en 1941 (avec ses éditions ultérieures), il n'y avait pas beaucoup de consensus sur ce qu'était exactement la psychopathie. Le terme en était venu à décrire des individus dont la vie émotionnelle et le comportement social étaient anormaux, mais dont les capacités intellectuelles n'étaient pas perturbées. Contrairement aux psychotiques dont la compréhension de la réalité est nettement perturbée, comme dans la schizophrénie paranoïaque, les psychopathes sont complètement sains. Ils ont une solide compréhension de la réalité, peuvent soutenir une conversation, et apparaître souvent plus normaux que la normale. Mais en même temps, tout en parlant avec vous de la pluie ou du beau temps ou de l'économie, ils peuvent décider de la meilleure manière de vous escroquer de vos économies de toute votre vie ou peut-être de vous emmener dans un endroit retiré où ils pourront vous violer ou vous tuer.

Cependant, bien que les psychopathes puissent être conscients intellectuellement que leurs actions violent grossièrement les limites du comportement humain normal, ils manquent l'engagement émotionnel avec les autres qui agit normalement comme un inhibiteur d'actes antisociaux, comme l'agression calculée, l'intimidation intentionnelle, le mensonge pathologique et la manipulation émotionnelle. Au cours de son développement (un psychopathe sur quatre est une femme), l'incapacité du psychopathe à ressentir et donc à s'identifier aux émotions des autres bloque le développement d'un « sens moral » qui permet aux individus normaux de se soucier des autres et de les traiter comme des êtres pensants et qui ont des sentiments. Les psychopathes s'en fichent. Pour eux, les gens sont des choses, des objets. Quand ils ne sont plus utiles, ils peuvent être jetés ou détruits sans regret.

L'écart dissonant entre le visage absolument normal (sinon plus que normal) avec lequel le psychopathe salue le monde, et l'irrationalité et l'inhumanité insondables de ses actions les ont menés à être appelés des « loups déguisés en moutons » et des « serpents en costume. » Cleckley a inventé le terme « masque de santé mentale » pour illustrer la disparité entre l'image de normalité et l'anormalité essentielle du psychopathe. Bien que l'étiquette en est venue à être presque strictement associée aux tueurs en série, violeurs et grands méchants, Cleckley a été prompt à faire remarquer que la grande majorité des psychopathes ne sont pas violents et « seule une petite proportion de psychopathes typiques peut être trouvée dans les institutions pénales puisque le patient typique... n'est pas susceptible de commettre des crimes majeurs qui résultent en de longues détentions. »(10) Leurs actions sont antisociales dans le sens qu'elles violent les « règles » du comportement social presque universellement acceptées. Bien entendu, cela prend souvent la forme du crime, mais nombre de psychopathes opèrent avec succès dans les limites de la loi, semant la destruction de manière interpersonnelle ou monétairement.

Après des années à rencontrer fréquemment des psychopathes dans sa pratique clinique et observant l'immense souffrance qu'ils infligent à ceux qui tombent dans leur sphère d'influence, Cleckley a identifié plusieurs caractéristiques universelles. D'une part, les psychopathes sont des charmeurs superficiels et ont une bonne intelligence. Ils manquent de toute illusion ou autres signes de pensée irrationnelle et sont dénués de nervosité et anxiété. Autrement dit, ils présentent une image de bonne « santé mentale » qui peut désarmer même le spécialiste du caractère humain le plus expérimenté. Cependant, une analyse serrée de l'histoire et des interactions de leur vie avec les autres révèle des déficits frappants derrière le masque. Les psychopathes sont aussi notoirement hypocrites, insérant généreusement des mensonges et des insinuations dans leur flot de paroles qui passent habituellement inaperçus. Ils sont habituellement impulsifs, agissant sur des caprices, et semblant vivre entièrement dans le présent, non entravés par des soucis des échecs passés et des conséquences futures. En tant que tels, ils manquent souvent de jugement et font preuve d'une incapacité à apprendre de leurs punitions ou de la menace d'éventuelles punitions (les criminels psychopathes ont le plus haut taux de récidivisme). Ils ne sont pas fiables, vont d'emploi en emploi et de ville en ville, trouvant de nouvelles victimes et vivant en parasite sur la gentillesse et la naïveté des autres. Ils ont aussi un sens pathologique du droit. Le centre de leur propre univers, ils sont incapables d'aimer, manquent de tout sens de remords ou de honte et montrent une pauvreté générale de toute vie émotionnelle. C'est le trait central, partagé par tous les psychopathes : l'incapacité à ressentir de l'empathie.

Bien que Cleckley ait fait beaucoup pour éclairer cette question, dans la préface de sa cinquième et dernière édition il a décrit, « une conspiration d'évitement presque universelle » du sujet de la psychopathie parmi les chercheurs et cliniciens de l'Amérique du Nord. Bien que les institutions existent pour traiter la maladie et le crime, quand on en vient à la psychopathie « aucune mesure n'est prise... Il n'existe rien de spécifiquement conçu pour traiter une situation pathologique majeure et manifeste. »(11) La psychopathie est indiscutablement responsable d'une quantité disproportionnée de dommages énormes faits à la société. Cleckley était convaincu que la première étape pour traiter ce problème immense était « d'attirer l'intérêt général » et de « promouvoir la conscience de son énorme importance. »(12) Heureusement, des contributions significatives ont été faites récemment vers un tel but par des auteurs comme Robert Hare et Paul Babiak, les cliniciennes Martha Stout et Sandra Brown et des portraits médiatisés populaires comme les documentaires The Corporation et I, Psychopath. Malheureusement, même avec ces efforts, la connaissance publique sur la psychopathie laisse encore beaucoup à désirer, la conspiration de l'évitement persiste et le problème continue à faire rage. Pour une maladie affectant plus de gens que la schizophrénie (13), et provoquant exponentiellement plus de mal à la société, le fait que la psychopathie ne soit pas un concept généralement compris est alarmant.

Robert D. Hare, professeur émérite de psychologie à l'université de Colombie-Britannique, a écrit en 1970 un livre résumant la recherche disponible à cette époque. Depuis lors, il a été au premier plan de la recherche sur la psychopathie, développant la première mesure valide de la psychopathie criminelle, la Psychopathy Checklist (PCL-R), et écrivant deux best-sellers sur le sujet : Without Conscience en 1993 et Snakes in Suits (co-écrit avec Paul Babiak) en 2006. Travaillant avec des populations criminelles, Hare a raffiné plus tard la liste de Cleckley des traits psychopathiques pour la PCL-R, en se fondant sur vingt caractéristiques d'un psychopathe prototype.

Tandis que Cleckley a décrit ses patients psychopathes comme « portant le désastre légèrement dans chaque main » et « pas profondément vicieux » (14), le livre Without Conscience de Hare présente une apparence bien plus malveillante dans l'esprit du psychopathe criminel. Comme il le dit : « Les psychopathes ont ce qui est nécessaire pour tromper et arnaquer les autres : Ils sont beaux parleurs, charmeurs, sûrs d'eux, à l'aise dans les situations sociales, froids quand ils sont sous pression, imperturbables quant à la possibilité d'être démasqués et totalement impitoyables. ... Les psychopathes sont généralement très satisfaits d'eux-mêmes et de leur paysage intérieur, aussi froid que cela peut sembler aux observateurs extérieurs. »(15) Ils voient l'empathie, le remords et un sens de la responsabilité - toutes les qualités habituellement considérées comme l'épitomé de la bonté et de l'humanité - comme des signes de faiblesse à être exploités ; les lois et les règles sociales comme des restrictions inconvenantes de leur liberté et le comportement antisocial comme une « non-conformité » volontaire, un refus de « programmation » par les normes artificielles de la société. L'amour, la gentillesse, la culpabilité et l'altruisme frappent le psychopathe comme des naïvetés comiques et puériles pour des cœurs qui saignent », et le tueur en série psychopathe Ted Bundy appelait même la culpabilité « une illusion...un genre de mécanisme de contrôle social. »(16) Bien qu'ils puissent revendiquer l'amour de manière convaincante dans le verbiage le plus romantique et significatif envers leurs partenaires, ces apparences sont bientôt remplacées par la domination et l'exploitation, comme le montre Sandra Brown dans son livre Women Who Love Psychopaths sorti en 2009.

Les psychopathes voient la vie normale comme terne et ennuyeuse, un monde de compétition dans lequel les ennemis potentiels (c'est-à-dire vous et moi) doivent être manipulés et l'agression utilisée comme un outil pour établir leur supériorité et prendre ce qui est à eux à juste titre - satisfaire leur sens grandiose du droit. Naturellement, dans un univers à eux, Hare observe, « Les obligations et les engagements ne signifient rien aux psychopathes. ... Ils n'honorent pas les engagements formels ou implicites envers les gens, les organisations ou les principes. »(17) Ils peuvent très bien demander, « Qu'y a-t-il de mal à être éloquent, sûr de soi, vivre une vie à toute vitesse, dangereusement et dans l'instant présent, et chercher à être le numéro un ? » Et dans notre société en décrépitude, beaucoup ne seraient pas en désaccord. Mais ce que le psychopathe voit comme une vie insouciante d'excitation et de droit se résume habituellement à guère plus que la poursuite de moments immédiats de plaisir et de sentiments de pouvoir, qu'ils soient passagers ou plus durables.

Avec le travail de Hare, le « masque » psychopathique de santé mentale et de normalité prend un ton sinistre et machiavélique. C'est parce que les psychopathes sont conscients d'être différents. Ils voient les gens normaux comme des inférieurs - « les autres » - à utiliser et jeter quand ils ne sont plus nécessaires. Mais comme un prédateur parmi ses proies, les psychopathes doivent se déguiser pour échapper à la détection. S'ils faisaient connaître leurs motifs, les autres seraient horrifiés. Donc, depuis un jeune âge, ils apprennent à s'adapter en copiant les réactions et comportements humains normaux. Ils apprennent le moment où il faut pleurer, montrer de la peine, de la culpabilité, du souci et de l'amour. Ils apprennent toutes les expressions du visage, les phrases communes et les signes sociaux pour ces émotions qu'ils ne ressentent pas. Et en tant que tels, ils trompent les autres avec de fausses apparences de tristesse, douleur, culpabilité, souci et amour, et ils manipulent nos réactions pour obtenir ce qu'ils veulent. C'est ainsi qu'un psychopathe est capable de vous arnaquer de votre argent en jouant sur votre sens de pitié et de compassion. Les gens normaux, inconscients des différences entre les psychopathes et eux-mêmes, supposent que ces apparences d'émotion sont la preuve d'une émotion réelle, et donc le psychopathe réussit à passer inaperçu, comme un loup déguisé en mouton. « Ceux qui sont vraiment talentueux ont élevé leur capacité à charmer les gens au niveau d'un art, fiers de leur capacité à présenter un moi fictif aux autres qui est convainquant, pris pour argent comptant et difficile à pénétrer. »(18)

Cette « pratique » d'apparaître humain est dépeint de manière experte dans le roman The Incredible Charlie Carewe, de Mary Astor que Cleckley recommandait « devrait être lu non seulement par chaque psychiatre mais aussi par chaque médecin généraliste » à cause de son portrait remarquablement précis d'un psychopathe. »(19) Cet « acte » est une question de survie pour un psychopathe, de peur que son « inhumanité » ne soit découverte. Après tout, la plupart des gens ne réagissent pas positivement à un enfant ou un adulte qui peut potentiellement, comme le dit Hare, « torturer et mutiler [un être humain] avec environ le même souci que nous ressentons quand nous dépeçons une dinde. »(20)

Les psychopathes entretiennent également leur « fiction psychopathique » en étant de charmantes personnes de conversation agréable. Ils racontent de manière experte des histoires « improbables mais convaincantes » sur eux-mêmes, mélangeant facilement la vérité avec les mensonges. Non seulement ils mentent sans effort, mais ils sont complètement téméraires quand ils sont attrapés dans un mensonge. Ils retravaillaient leur histoire à la confusion de ceux qui connaissent la vérité. Ils peuvent feindre le remords, mais sont également adroits à rationaliser leur comportement, se dépeignant eux-mêmes souvent comme les victimes (et accusant les victimes réelles). Une psychopathe se plaignait que personne ne se souciait de comment elle se sentait, ayant perdu ses deux enfants. En fait, elle était celle qui les avait tués. Dans des cas comme celui-là, le masque tombe toujours si légèrement comme quand le psychopathe moins intelligent tente d'utiliser des concepts émotionnels qu'il ne peut comprendre. Un détenu a dit à Hare, « Ouais, c'est sûr, je ressens du remords [pour le crime]. » Cependant, il ne se « sentait pas mal à l'intérieur. »(21)

Même leurs accès violents de « rage » sont des apparences soigneusement contrôlées. Un psychopathe relativement conscient révéla, « Il y a des émotions - toute une gamme - que je connais seulement par des mots, par la lecture et dans mon imagination immature. Je peux imaginer que je ressens ces émotions (connais donc ce qu'elles sont), mais ce n'est pas le cas. (22) » Un autre, confus quand on lui demanda comment il se sentait, fut questionné sur les sensations physiques d'émotion et répondit, « Bien sûr ! Je ne suis pas un robot. Je me sens vraiment regonflé quand j'ai des relations sexuelles ou quand je me bats. »(23) Capable uniquement des sentiments essentiels basés sur le corps, le psychopathe n'a pas d'émotions intenses qu'il peut contrôler ; tout affichage de ce genre est un acte dans l'intention de manipuler.

Quant aux causes de ce trouble dérangeant, les chercheurs sont maintenant certains que, contrairement à la croyance autrefois commune que la psychopathie devait être causée par un traumatisme infantile, il y a une base génétique et biologique substantielle pour la psychopathie. Dans sa mise à jour de 2007 des dernières vingt années de recherche sur la psychopathie, Robert Hare fait le commentaire suivant : « Je pourrais noter que les premiers résultats de la recherche génétique du comportement sont cohérents avec le point de vue de la psychologie évolutionniste[1] est moins un résultat d'un défaut neurobiologique qu'une stratégie de vie adaptative dont on peut hériter. »(24) Ou bien, comme il le dit dans Without Conscience :
Je pense que les expériences de l'enfance jouent un rôle important dans la mise en forme de ce que la nature a fourni [c'est-à-dire « une profonde incapacité à ressentir de l'empathie et la gamme complète des émotions »]. Les facteurs sociaux et les pratiques parentales influencent la manière dont le trouble se développe et est exprimé dans son comportement. Donc, un individu avec un mélange de traits de personnalité psychopathique qui grandit dans une famille stable et a accès à des ressources sociales et éducatives pourrait devenir un escroc ou un criminel en col blanc ou peut-être un entrepreneur, un politicien ou un professionnel assez obscur. Un autre individu, avec les mêmes traits de personnalité mais avec un environnement déshérité et perturbé pourrait devenir un vagabond, un mercenaire ou un criminel violent. ... Une implication de ce point de vue pour le système judiciaire criminel est que la qualité de la vie familiale a bien moins d'influence sur les comportements antisociaux des psychopathes qu'il n'en a sur le comportement de la plupart des gens. (25) En accord avec cette compréhension, la psychopathie peut être détectée à un âge très jeune. À l'âge de 10 ou 12 ans, la plupart des psychopathes affichent de sérieux problèmes comportementaux comme mensonge, tricherie, vol, pyromanie, école buissonnière, consommation abusive (drogue ou alcool), vandalisme, violence, brutalité, fugue, sexualité précoce, cruauté envers les animaux. Un psychopathe a souri quand il se rappelait devant Hare attachant des chiots sur un rail pour utiliser leur tête comme entraînement au base-ball (26). Cependant les causes exactes (et étapes possibles pour l'empêcher dans la première enfance et juste après) sont toujours inconnues. Les enfants prédisposés à la psychopathie qui ne montrent pas ultérieurement des signes évidents dans la vie réussissent à éviter la détection à cause de facteurs comme une intelligence et des capacités accrues pour mieux planifier et contrôler leur comportement. Bien que la grande majorité de la recherche a été menée sur des prisonniers, à cause de la relative facilité des opportunités de recherche, le concept du psychopathe qui réussit (qu'il ne soit pas un criminel ou simplement ne se fasse pas attraper) est un sujet d'intérêt relativement récent pour les spécialistes et n'est pas encore clairement défini ou compris publiquement, juste comme l'était le terme « psychopathe » au début du vingtième siècle.

Ce sont ces psychopathes - ceux qui échappent à la détection - qui deviennent des politiciens et des membres du gouvernement prospères et impitoyables, comme ce fut le cas avec Hermann Göring et Lavrentiy Beria (dont on parlera dans les futurs articles) et c'est probablement le cas avec des politiciens comme le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, l'ex-vice-président Dick Cheney et le Premier ministre italien Silvio Berlusconi. Ces hommes atteignent les sommets du pouvoir et ils sont dangereux.

1 commentaire:

  1. "Madoff était considéré comme un cerveau financier et un philanthrope prolifique".

    J'adore le terme de "philanthrope".

    Il y a d'autres philanthropes reconnus avec des "fondations", comme Bill Gates, et Rockefeller par exemple.

    En réalité, le terme choisi "philanthrope" ne signifie pas "qui aime l'humanité" ou "humaniste", mais précisément le contraire : "Qui aime le pouvoir et l'argent", et qui est élitiste.

    Intéressant de voir dans la "novlangue" du NWO combien les termes sont détournés, comme dans les maximes du roman 1984 de G Orwell:

    "La Guerre, c'est la paix" ou encore "2 et 2 font 5".

    L'ami Pierrot

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