21 janvier 2013

Insoumission à l’école obligatoire

J’inaugure aujourd’hui une rubrique « lectures » avec un livre qui m’a particulièrement touché. Chance, il s’agit d’un livre gratuit, qui nous est partagé par les éditions tahin party, vous pourrez donc vous faire votre propre opinion. De plus, il est bien écrit et se lit vite, donc je vous conseille vivement de le lire plutôt que de vous fier à cet article si vous désirez discuter des idées qui y sont évoquées. Il est difficile de restituer la pensée de l’auteure sans la dénaturer: bien que très radicale, elle est riche, complexe et pleine de subtilité.

Insoumission à l’école obligatoire est écrit sous forme d’une lettre ouverte, dans laquelle Catherine Baker s’adresse à sa fille Marie, et lui explique pourquoi elle ne l’a jamais envoyée à l’école. Le résultat ne fait pas dans la demi-mesure, c’est peu de le dire, et constitue un véritable livre noir de l’école. Il est très documenté et non seulement Baker s’appuie sur les propres données des institutions scolaires pour démontrer ce qu’elle pense de leur inefficacité et leur nuisance; mais elle a également l’audace de s’appuyer sur des textes et citations de ceux-là même qui soutiennent le système scolaire pour démontrer la dangerosité et l’inanité de leur pensée. Elle évoque également plusieurs expériences de vie avec des enfants en lieu libertaire.

Baker n’emploie pas seulement des arguments pertinents, avec chiffres et statistiques à l’appui, qui font de ce petit livre un puissant argumentaire contre l’institution scolaire. Elle dévoile aussi, à travers les lignes, une vision de la vie touchante, personnelle et très belle, empreinte de liberté et d’indépendance, mais surtout du goût d’apprendre, d’expérimenter, d’aimer. Plus qu’un pamphlet contre l’école, c’est un élan de liberté, de révolte contre tout ce qui bride, formate et amoindrit l’enfant et sa pensée, contre ce qui entrave ce que Baker appellerait la souveraineté de l’individu:

J’ai besoin de toutes mes énergies pour vivre et mourir. Pas seulement. J’ai aussi besoin de toutes les énergies des autres pour pouvoir les aimer, car je ne peux les aimer que dans leur souveraineté.

Plus que l’argumentaire très bien rôdé, c’est une vision de la vie, exprimée à travers les lignes et impossible à résumer en quelques mots, qui m’a séduite dans Insoumission à l’école obligatoire. Je souhaite bien du courage à celui qui chercherait à réfuter la logique de son argumentaire, exposé à grand renforts de faits et de chiffres notamment issus des institutions scolaires elles-mêmes; mais j’aime que la première chose qu’elle dise sur le fait de ne pas envoyer sa fille à l’école soit ceci:

[...]je revendique d’aussi déraisonnables raisons que de nous lever à l’heure que nous voulons.

A travers son rejet de l’école républicaine, apparait aussi une vision touchante de l’enfant; une pensée est anti-âgiste et opposée à toutes formes de domination sociale, mais aussi à toute forme de considération réductrice de l’individu et de l’enfant.

Tu sais combien je me bats contre cette idée insupportable que l’enfant est un futur adulte. L’enfant n’est pas une ébauche ni un projet d’adulte. L’enfant est un être total et présent. Un être qui peut mourir d’une seconde à l’autre.

Bien qu’elle ne le revendique pas clairement (du moins à ma connaissance), peut-être par méfiance des étiquettes, Baker développe une pensée puissamment anarchiste, refusant la légitimité des institutions et de l’Etat pour gouverner nos vies. Mais elle va plus loin encore, de sorte que se contenter de qualifier d’anarchiste sa pensée serait caricatural et réducteur. Méfiante envers tout mouvement organisé, toute pensée collective, elle est moins dans la construction d’une société idéale que dans la création d’un espace de liberté, de bonheur et d’amour pour l’individu vivant au sein d’une cette société imparfaite, dangereuse et destructrice pour les garants de ses valeurs aussi bien que pour celles et ceux qui n’y adhèrent et désirent la changer. Comme elle le dit dans le chapitre intitulé « contre la normalisation »:

Les rapports institutionnalisés entachent de surcroît tout ce qui serait tenté contre eux. Être contre est encore un esclavage. Il faut être HORS DE.

Comment Baker s’attaque-t-elle à l’école obligatoire? Après l’introduction, le livre est divisé en 11 chapitres. Attention, ce qui suit ne se veut pas un résumé du livre, ce sont simplement quelques idées que j’en ai retenues.

1) Contre tout ce qui est obligatoire:

Dans ce chapitre, Baker rappelle quelques évidences.

Les enfants vont à l’école parce qu’on les y oblige. C’est la première chose à regarder en face.

Elle s’étonne notamment de ce qu’on rende obligatoire l’acquisition à un savoir qui devrait être un droit et non un devoir:

Mais le pire, c’est qu’on nous oblige, adultes, à ne pas y aller ! Si elle n’était jamais obligatoire, une école qu’il resterait à imaginer pourrait intéresser l’un ou l’autre à un moment de sa vie.

En effet, comment justifier le caractère obligatoire de quelque chose comme l’acquisition de la connaissance, à partir du moment où l’on considère l’individu comme curieux et avide d’apprendre ? Elle s’étonne également que la quasi-totalité des parents envoient leurs enfants à l’école avant même qu’ils aient atteint l’âge de l’instruction obligatoire. Quelques mots sur le formatage des enfants dès la maternelle (elle y reviendra dans le chapitre suivant), sur le rôle normatif des psys à l’école, sur l’exclusion des individus jugés « non conformes » (et donc appelés handicapés), sur le flicage des gosses à l’aide de questionnaires douteux…

2) Contre les canons de la pensée

Chapitre court et qui ne figure pas dans le sommaire (ce n’est peut-être pas un vrai chapitre?) L’école produit des individus adaptés à la société, une société de production et de consommation. En ce but, elle normalise, uniformise, formate. Baker emploie les mots « négation de l’être ». Encore un chapitre très hétéroclite, contenant plusieurs citations et données intéressantes, qui s’achève sur un exemple de texte particulièrement sexiste enseigné à l’école.

3) Contre la très manifeste injustice de l’école

Ce chapitre est particulièrement documenté, car Baker montre, avec chiffres à l’appui, en quoi, contrairement à ce que voudrait l’idéal républicain, l’école ne fait que perpétuer les inégalités sociales au lieu de les combattre. On est ici obligé de se rendre à l’évidence: ce sont les riches qui réussissent à l’école, ceux qui ont la chance d’avoir des parents instruits seront instruits à leur tour.

4) Contre la trouille

L’école est remplie de peurs. C’est une évidence aussi pour ceux qui s’y plaisaient – et dont, d’ailleurs, Baker fait partie.

J’« aimais » l’école parce que ça faisait plaisir à Maman. (…) Me faire aimer [des institutrices], c’était surtout échapper à l’enfer d’humiliations où vivaient les « mauvaises » (on disait les « bonnes » et les « mauvaises », c’était toute une conception morale de la réussite scolaire). Il me semblait que jamais je n’aurais pu supporter les constantes réprimandes, les cris, voire les claques, les mains sur la tête, les tours de cour, le coin, la convocation des parents.

Dans ce chapitre l’auteure ne parle pas seulement de la peur du petit séparé de sa mère pour la première fois, ou de celle de l’enfant qui ramène de mauvaises notes à la maison. Elle parle aussi de la souffrance de l’opprimé, de la lâcheté et de la honte, des punitions, des petites humiliations comme celle de se voir refuser l’autorisation d’uriner, des moqueries et des persécutions, des violences de la cour de récréation…
5) Contre l’oppression des adultes sur les enfants

C’est dans ce chapitre que Baker expose plus clairement et explicitement son opposition à la domination adulte; elle le fait avec une remarquable empathie pour l’enfant, cet être fragile livré à un monde d’adultes. L’angoisse, l’impuissance terribles de l’enfant, soumis aux caprices des « grands » et en recherche permanente d’approbation et d’amour.

On a tant de mal à se remettre dans la peau de l’enfant qui dépend complètement des grands. (…) il faut demander, toujours réclamer, faire des minauderies, promettre d’être sage, de ne pas abuser. Et toujours s’exposer au refus. Quémander vous rend avide.

Baker ne s’en prend pas uniquement à l’école, mais s’oppose en fait à toute idée d’éducation. Pour elle, l’éducateur est celui qui prétend savoir ce qu’un être devrait devenir, et l’aider à le devenir. Or, elle ne considère pas l’enfant comme un être en devenir, ou comme un adulte potentiel, mais comme un être complet et présent, un individu à part entière. L’éducation dénature l’individu, le détourne de ce qu’il est pas sous la contrainte (qu’elle soit violente ou douce). Critiquant les pédagogues qui prétendent savoir ce que l’enfant devrait être et devenir, et qui estiment, en contraignant l’enfant à obéir, le protéger contre lui-même, elle s’appuie sur les propos des pédagogues eux-même pour dénoncer la violence de leur emprise sur les enfants. Ce faisant elle remet radicalement en question la souveraineté de l’adulte sur l’enfant.

L’autorité de l’adulte, c’est-à-dire le pouvoir d’imposer l’obéissance, découle de sa fonction (de son esclavage même). Il est, lui, à sa place, « parvenu au terme de sa croissance » comme dit le dictionnaire. L’enfant n’a pas encore eu le temps d’assimiler tout ce qui fera de lui un être artificiel.

6) Contre les maîtres

Dans ce chapitre, l’auteure placarde les pédagogues, professeurs, instituteurs. Sans mettre tous les membres du corps enseignant dans le même panier, elle estime cependant que le métier d’enseignant est intrinsèquement mauvais, puisqu’il consiste à enseigner à des enfants ce qu’ils ne désirent pas spécialement apprendre. Je ne dirais pas que je la suis sur toute la ligne, mais je trouve qu’elle parvient habilement à démontrer en quoi l’enseignement a largement à voir avec la domination.

Le maître a toujours raison. C’est lui toujours qui donne la bonne réponse : que la pédagogie soit directive ou non, le message qui passe, le seul enseignement est celui-là. Le maître « guide » vers la vérité avec plus ou moins de délicatesse mais il guide, qu’il soit Socrate ou le dernier des imbéciles. (…) dans ce système de scolarité obligée, un professeur qui me dit qu’il « respecte » ses élèves me fait rire. Aurait-il le cran de soutenir qu’il ne corrige pas les erreurs ? Et corriger les erreurs de qui ne le demande pas, est-ce intelligent, utile, courtois ? Qui possède la vérité ?

Plus loin:

Il y a des profs sympas et intelligents. D’accord. Il y a aussi des patrons sympas et intelligents. C’est moins pénible de supporter sur son dos quelqu’un qui vous ménage (et qui ira plus loin) que quelqu’un qui vous crève.

Baker distingue radicalement le métier d’enseignant (à l’école) de l’envie d’enseigner, arguant que ceux qui aiment transmettre leur savoir trouveront toujours des oreilles attentives:

On ne cesse de vouloir me convaincre qu’il y a des instits ou des profs qui adorent leur métier. Je le crois volontiers. (…) qu’est-ce qui empêcherait ceux-là d’enseigner dans une société où l’école ne serait plus obligatoire ? J’en connais en effet quelques-uns qui recherchent les lieux où ils sont sûrs de se trouver face à des gens qui les réclament. Olivier qui enseigne en prison dit de son travail qu’il s’apparente à celui d’un « écoutant ». Enseigner ne veut pas dire parler. Elles et ils m’ont bien écoutée celles et ceux qui m’ont fait part de leurs connaissances… Mais comment se taire, s’entendre quand on ne s’est pas choisi ?

Le chapitre se termine par l’histoire d’un prof de philo rebelle et de son renvoi d’un établissement scolaire, histoire assez réjouissante tant le personnage parait sympathique à travers le récit outré de sa désobéissance et de ses frasques par Mme la proviseure.
 
7) Contre la confusion entre apprendre, savoir, connaître.

C’est un des chapitres que j’ai préférés car Baker y développe sa conception de l’apprentissage et de l’acquisition du savoir; Son analyse de ces concepts autour de l’apprentissage est, encore une fois, assez fine et subtile pour que je n’essaie pas de la résumer en quelques mots.

Savoir est de l’ordre des acquisitions, lesquelles sont fixes et limitées. Connaître est un mouvement de l’être vers le monde : une venue au monde dans la conscience qu’on fonde un rapport, un lien avec lui. C’est de la solitude originelle et de la séparation natale que jaillit le désir d’établir un rapport. La connaissance relie l’être à ce dont il naît séparé.

Elle s’oppose à l’apprentissage obligatoire parce qu’elle considère qu’il va a l’encontre du désir d’apprendre et de connaître qui existe chez chaque individu: en forçant les enfants à apprendre, on les détourne de leur curiosité primordiale. Elle part du principe que tout instruction obligatoire est inutile puisque tout être a soif d’apprendre.

par-dessus tout, j’ai désiré préserver tes chances d’apprendre quelque chose : découvrir le monde (…). Et même si tu étais l’exception, un être qui n’aurait rien envie de savoir, du moins n’aurais-tu pas été entravée comme des milliards d’autres par la seule force au monde capable d’empêcher quelqu’un de s’instruire : l’instruction obligatoire.

Inutile mais aussi nuisible puisqu’elle oppose radicalement la volonté d’apprendre et le caractère obligatoire de l’instruction:

L’instruction obligatoire n’est pas un mode de formation parmi d’autres, mais celui qui les confisque tous, qui confisque toute volonté de connaître, c’est-à-dire de se reconnaître en manque et en désir de sens. À la découverte de ce qui n’est pas soi et au trouble si émouvant qu’il en ressent, l’enfant répond plus ou moins timidement par sa première ouverture. Premier risque, première réponse aimante au Secret. Et c’est alors que l’envahisseur étranger, le scolaire, pénètre dans cette brèche du désir de comprendre.

On sent à travers ce chapitre un véritable amour de l’apprentissage; et d’ailleurs, amour et soif de comprendre se confondent, dans un même élan vers le monde:

La connaissance est un mouvement amoureux porté par fascination, désir, passion, tendresse. Dans cela qui nous attire ainsi, l’amour n’est nullement une analogie. Ce n’est pas comme une histoire d’amour ; ce qu’on appelle ordinairement « histoire d’amour » est une histoire de connaissance, la recherche et l’invention du sens.

8) Contre l’assujettissement du sexe mineur

Baker reproche à l’école d’empêcher les enfants de vivre leur sexualité, leurs amours, leurs vies. L’inhibition de la sexualité infantile est un sujet délicat et peu abordé généralement. Mais Baker place l’enfant en dehors de tout système social oppressif et voit dans l’enfant souverain, maître de lui-même, un être capable d’aimer et d’être aimé. L’école et l’éducation, estime-t-elle, brident la sexualité infantile, et empêchent l’enfant de se réaliser et de vivre des histoires d’amour. Elle voit, à travers l’interdiction de la sexualité, une privation de soi imposée aux enfants, une forme d’aliénation.

Je ne doute pas que les enfants aient sans doute des tas de choses aussi intéressantes à faire que l’amour. Ce qui est capital, ce n’est pas la sexualité, c’est la possibilité d’être soi. Ce qui interdit une part de soi interdit l’harmonie de l’ensemble.

Il me semble que Baker voit en l’amour une manière d’émancipation de l’individu, une recherche de liberté absolue; et donc, dans l’interdiction de l’amour, une tentative de contrôler l’enfant ou l’adolescent. Comme elle le dit dans l’introduction:

On occupe les enfants comme on occupe un pays.

Elle aborde également des sujets délicats, comme l’existence de relations sensuelles entre adultes et enfants. Dans le rapport d’enseignant à élève, il existe nécessairement une forme de séduction, qu’autorise l’école uniquement si le but est d’amener l’enfant à apprendre ce qu’il faut qu’il apprenne. Or, Baker s’oppose à toute domination, et considère l’éducation comme une violence. D’un autre côté, elle ne distingue pas de façon très catégorique les concepts d’amour, de tendresse, d’affection, et la sexualité, mais distingue fondamentalement le désir ou les sentiments entre deux êtres égaux de ceux qui existent dans une relation dominant-dominé.

La loi du plus fort, qu’elle soit maternelle, ou juridique, ou pédérastique, demeure la loi.

9) Contre le manque à vivre

Dans la continuation du précédent chapitre, celui-ci aborde la privation de liberté de l’enfant scolarisé. On pense peu à la violence que représente le fait de faire passer à un enfant 7 ou 8 heures par jour, 5 ou 6 jours par semaine, dans une pièce assis sur une chaise. Baker évoque l’ennui, l’ennui tenace et morbide dont se rappelle sans doute tous ceux qui ont connu l’école.

Quoi de plus personnel que le temps ? Disposer de mon temps, c’est disposer de ma vie. Dans le langage le plus commun, être libre, c’est avoir du temps à soi.

Elle évoque également la phobie scolaire, l’alcoolisme et le suicide chez les enfants, les agressions. Un passage intéressant concerne une révolte ayant eu lieu dans un lycée agricole; elle évoque également des lieux libertaires. Ce chapitre est très beau parce que Baker y évoque la volonté de vivre des enfants, leur énergie; l’enfant est un être pur, sauvage, pas encore endoctriné par les convenances sociales, bien qu’il ne résiste pas longtemps à la pression scolaire.

Car l’enfant a envie de vivre. Aucun être vivant ne se trouve naturellement porté vers l’abnégation, la modération, le formalisme.

Et cette phrase terrible qui résume l’emprise des éducateurs sur l’enfant:

L’enfant ne doit pas être « livré à lui-même ». Il doit être livré à d’autres.

10) Contre la normalisation

On a vu que Baker critiquait la suprématie de l’adulte sur l’enfant. Dans le même élan de pensée, elle s’oppose ici au rôle de l’école qui est de préparer l’enfant à être un futur adulte, et plus largement à l’existence de rôles sociaux préétablis pour les enfants, les adultes, les hommes, les femmes.

L’enfant n’est pas encore assez conforme à ce que la société attend de ses membres.(…) Mais pour moi, je n’ai pas plus à « protéger ton enfance » qu’à « te permettre d’entrer aguerrie dans la vie adulte », car j’identifie dans cette double attitude la même volonté de mettre les êtres dans les petites cases prévues : l’enfant joue, l’adulte travaille.

Comme l’indique le titre du chapitre c’est ici que l’auteure s’exprime le plus clairement contre l’assujettissement des enfants aux normes sociales, qui selon elle brident l’imagination et l’intelligence.

En vieillissant nous multiplions les risques d’entrave sociale. Les enfants eux-mêmes ont forcément plus de chances de développer leurs capacités quand leur temps n’est pas dévoré par les servitudes scolaires.(…) En refusant de jamais mettre nos enfants à l’école, nous sommes quelques-uns à affirmer, au vu et au su de tous, que nous croyons aux infinies possibilités des êtres lorsqu’on ne les force pas à ingurgiter n’importe quoi.

11) Parce que je t’aime et qu’on n’a rien à perdre

Résumons-nous : l’école fait du gardiennage d’enfants (les surveille pendant que les parents travaillent), leur fait apprendre ce qui est utile au roulement de la machine socio-économique, leur inculque la soumission, opère la sélection, distribue les rôles.

Chapitre-conclusion où Baker dévoile encore une fois une vision de la vie réjouissante et empreinte de liberté. Elle fait également le lien avec d’autres formes d’oppression sociales.

Ne pas envoyer son enfant à l’école implique à l’évidence qu’on remette en cause la famille, le travail, la politique.


Voilà pour ce que j’ai retenu de ce livre. J’aurais encore des choses à dire sur le sujet, mais c’est déjà trop long pour un livre qui est lui-même plutôt court. J’espère ne pas avoir trop transformé les propos de l’auteure en tentant d’en restituer l’essentiel. Comme je le disais plus haut, je ne saurais que trop vous conseiller de le lire pour vous faire votre propre idée.

Source
Vu ici

6 commentaires:

  1. Voilà qui me donne bien l'envie de le lire, ce livre... ^^

    Il serait bien long que j'expose mes idées à ce sujet, car le problème est complexe. Les êtres humains sont tous des personnes uniques. Les mettre tous dans 'le même panier' est effectivement une erreur, d'après moi.

    L'école ne devrait sans doute pas être obligatoire... Surtout de la façon dont est fait l'enseignement à l'heure actuelle. Il devrait être modulable et adapté aux capacités et aux goûts de chacun. (écoles Montessori ?)

    Mais il faut également penser aux enfants dont les parents se soucient peu : qu'adviendrait-il d'eux si l'école n'était pas obligatoire ?
    (j'ai eu connaissance d'une famille où un enfant de trois ans, en région parisienne, ne quittait jamais son lit à barreau... Il ne savait pas parler, ce petit garçon. Son grand frère de huit ans, que j'ai eu en vacances à la maison, n'était jamais monté sur un vélo.)

    Si seulement chacun de nous avait en soi de l'amour pour "l'autre", qu'il soit enfant ou adulte, si chacun d'entre nous désirait "donner" et non pas "profiter" ...

    Mais vous savez, avec des "si"...

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  2. Le pouvoir d'achat limite les possibilités des parents et l'éducation nationale est une lourde usine à gaz difficile à manoeuvrer.

    Ce n'est pas l'école qui est obligatoire mais l'instruction. Pour ceux qui le peuvent et le souhaitent, une inscription au CNED fournit l'ossature qui permet de rester dans le cadre de la loi tout en favorisant les autres centres d'intérêt des enfants et leur rythme biologique.

    Mais les parents le veulent-ils ? Des mères qui ne travaillent pas et ne travailleront jamais se plaignent que leur "cher petit" n'est pas pris à la maternelle avant trois ans et de conclure : "tu comprends, j'ai envie de penser à moi !"
    Cette problématique revêt des aspects que nous ne soupçonnons pas toujours.

    Pour des raisons professionnelles une partie de mes enfants est allée à l'école dès l'âge de trois ans , l'autre n'y est allée que lorsqu'elle l'a décidé. Devinez qui est heureux, à l'aise et qui a beaucoup de distance par rapport à l'institution ?

    Edouard


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    1. "Ce n'est pas l'école qui est obligatoire mais l'instruction. Pour ceux qui le peuvent et le souhaitent, une inscription au CNED fournit l'ossature qui permet de rester dans le cadre de la loi tout en favorisant les autres centres d'intérêt des enfants et leur rythme biologique...".

      heureusement il n'y a pas que le CNED (qui est vraiment cher) pour l'école à la maison.

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  3. Suite...
    Ce passage :
    ""Baker reproche à l’école d’empêcher les enfants de vivre leur sexualité, leurs amours, leurs vies. L’inhibition de la sexualité infantile est un sujet délicat et peu abordé généralement. Mais Baker place l’enfant en dehors de tout système social oppressif et voit dans l’enfant souverain, maître de lui-même, un être capable d’aimer et d’être aimé. L’école et l’éducation, estime-t-elle, brident la sexualité infantile, et empêchent l’enfant de se réaliser et de vivre des histoires d’amour. Elle voit, à travers l’interdiction de la sexualité, une privation de soi imposée aux enfants, une forme d’aliénation. ""

    Qui bride les enfants ? Les petits amoureux de la maternelle ou de l'école primaire ne le sont pas. Il n'y a pas d'interdit. Mais pourquoi vouloir les sexualiser si tôt ? Aldous Huxley l'illustre parfaitement.

    Edouard

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    1. Je constate, Edouard, que je suis un peu comme vous : lors de faits de sociétés actuels, il me vient souvent à l'esprit 'le meilleur des mondes' et j'ai tendance à faire la relation entre ce livre et ce qui se passe.

      Je suis également en accord avec vous, concernant la sexualité des enfants. Je pense qu'elle ne s'éveille que vers la puberté - alors qu'ils éprouvent bel et bien de l'amour - et que prôner une sexualité "infantile" est un genre de déviance de la part des adultes.

      Sexualité et amour ne sont pas à confondre.

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  4. ça m'a l'air assez flou comme concept. Que propose-t-elle comme modèle concret ? Oui, elle veut mettre en valeur l'intériorité, le centre, de chacun. Mais j'ai pas compris les choses pour lesquelles elle se tenait en faveur.


    Dans la vie, il est plus facile d'être contre que d'être pour ! Plus facile de dire "connard" que "je t'aime". Alors j'aimerais bien savoir ce qu'elle aime et si c'est complet.

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