04 avril 2013

Vézelay, la basilique de l’empereur Julien

Casque en or celto-gaulois
Peut-être encore plus que les précédents, cet écrit risque de surprendre tant il va à l’encontre des idées reçues. Qu’on ne le juge pas trop vite ! C’est un écrit murement réfléchi. Dans mon dernier article, j’ai montré comment le sculpteur d’un chapiteau de la cathédrale d’Autun avait illustré la « naissance à l’empire » de Constantin-Auguste, en le faisant naitre dans la nativité prophétisée de Gourdon. Ce fait prouve, entre autres, le lien qui existait entre Mont-Saint-Vincent, site voisin, où je situe Bibracte, et Autun que le rhéteur Eumène qualifie de colonie de la cité éduenne. Qu’on ouvre enfin les yeux, car cela change tout ! Cela signifie qu’en partant de datations fausses, nos historiens de métier se sont gravement fourvoyés, qu’une bonne partie des livres consacrés à l’art roman sont à réécrire et qu’il en est ainsi pour ceux qui traitent de l’antiquité de la Gaule. Le travail à venir est important. Il s’agit de redécouvrir une Gaule rayonnante au lieu d’une « Gaule qui n’existe pas » comme l’affirme M. Christian Goudineau, professeur au collège de France, titulaire de la chaire des Antiquités Nationales. Il s’agit de repenser l’histoire origine de tous les édifices religieux que la carte de Peutinger indique par une vignette à deux tours. Comment peut-on s’opposer à une telle entreprise alors qu’il s’agit de la valorisation de notre patrimoine historique et de notre tourisme ? http://www.agoravox.fr/tribune-libr....


Reprenons le fil de l'histoire et de mon raisonnement.

L'église de Mont-Saint-Vincent. Construite à l'image de la description que la Bible donne du temple de Salomon, c'est "un heureux accident" de la colonisation phénicienne. Dans les chapiteaux, nous ne trouvons que des symboles sémito/sumériens. L'église voisine de Gourdon a été édifiée dans le prolongement de ce symbolisme.

Les fresques de Gourdon. Peintes en parfait accord symbolique avec le Protévangile de Jacques de l'an -4, elles nous montrent la première inscription en Gaule de (Sancta) Maria. J'y vois le nom symbole des populations juives qui se considèrent en exil. On y voit également l'espérance d'un Jésus/sauveur qui naitra d'elle.

La cathédrale de Chalon-sur-Saône. Bâtie par l'empereur gaulois Posthumus au IIIème siècle, la logique voudrait qu'on voie dans le ciel judaïque de ses chapiteaux, le jésus, ou christ, dont on attend toujours la venue (ou, pour certains, la revenue). Or, le fait que le rhéteur Eumène y voie une vision d'Apollon nous rappelle que la Gaule était officiellement romanisée.

La cathédrale d'Autun. Construite pour honorer Constance-Chlore et célébrer la naissance à l'empire de son fils Constantin, c'est le premier accomplissement espéré de la prophétie de Gourdon, grande espérance. Nous sommes au IVème siècle.

En 325, Concile de Nicée. Constantin qui s'est éloigné du pays éduen pour s'installer à Constantinople se rallie apparement aux évêques d'Orient partisans du christ de Nazareth. Rien ne semble indiquer que le pays éduen l'ait suivi dans sa conversion.

En 360, l'empereur Julien, petit-fils de Constance-Chlore, César des Gaules, est élevé au rang d'Augustre par les Gaulois. Il refuse d'envoyer les renforts que l'empereur d'Orient lui demande. Accusé de maintenir le "paganisme" en Gaule, il sera surnommé "Julien l'Apostat". Hostile aux croyances des chrétiens et des Juifs mais relativement tolérant, il est l'auteur d'un livre "Contre les Galiléens". 
 

Très populaire en Gaule, mon avis est que Vézelay est la basilique que les Eduens ont élevée pour le glorifier. J'en veux pour preuve deux chapiteaux dont l'un est manifestement une illustration d'un passage d'Ammien Marcellin, Histoire, livre XVI, 2. Ammien Marcellin est un officier qui l'accompagna au combat jusqu'à sa mort. Ces chapiteaux sont en quelque sorte une signature.

Des scènes sculptées absolument fabuleuses.
Voici ci-après les scènes sculptées qui me font penser que nous sommes, pour Julien comme pour Constantin, dans le même processus allégorique de naissance à l'empire. Le problème qui se pose à moi est le suivant : comment dois-je désigner le personnage messianique auréolé ? Christ, Jésus, comme le nomme Jacques dans son Protévangile, ou Apollon comme le nomme le rhéteur Eumène dans son discours officiel ? Comment dois-je nommer la femme qui reçoit la visite de l'ange, comme cela est dit dans la scène de la visitation du protévangile ? Marie, population éduenne, ou seulement Flavie (Autun) ? La question n'est pas simple mais en fait, ce dilemme est le même que celui qui s'est posé aux contemporains qui ont interprêté différemment la fameuse vision de Constantin, les uns y voyant Apollon, les autres le Christ, le chrisme ou seulement un écrit http://www.agoravox.fr/culture-lois.... Dois-je évoquer une venue ou une revenue, comme s'il s'agissait d'un phénomène à répétition ? Dans le cas d'une revenue, dois-je renoncer à ma thèse de Gourdon d'un Jésus seulement prophétisé ? (1)
  
(1) Bien sûr que mon interprétation du mot Lucas de la fresque du choeur de Gourdon peut être contestée ; bien sûr que si le corps de l'enfant n'est pas peint, cela peut être dû à d'autres raisons qu'à une volonté délibérée. Mais alors, comment expliquer que ce soit un Apollon guerrier qui descend entre l'ange et Marie (influence de la romanisation ?) Pourquoi le nouveau David qui sort du tombeau a-t-il encore un pied dans la tombe ? Pourquoi la mule monte-t-elle, sans porter personne, comme pour aller chercher le messie ? http://www.agoravox.fr/tribune-libr...

Bien sûr qu'on va encore me dire que tout cela, je l'invente ; que je m'entête en dépit du bon sens à placer Bibracte à Mont-Saint-Vincent ; que c'est pure folie d'imaginer que des Gaulois aient été capables de construire un tel monument et que, par ailleurs, le début de sa construction est formellement datée par les experts. Je sais : on se base sur une dédicace d'église qui aurait été bâtie par un abbé Artaud en 1104 ; c'est absurde ! Une basilique telle que Vézelay n'est pas à la mesure d'un petit abbé inconnu. Seul, un pouvoir politique fort a pu ordonner son édification. Quel roi, quel duc, quel comte aurait pu financer dans ce Moyen-Age troublé une telle entreprise de construction, dans ce lieu perdu et dans quel but ? En revanche, au temps des Gaules, Vézelay occupait une position privilégiée sur une colline, à un grand carrefour de routes gauloises. On devine dans cette décision de construction une volonté politique venue de Bibracte pour avancer en direction du nord. Il faut être logique ; ce ne sont pas les pèlerinages et les offrandes des pèlerins qui ont permis la construction de la basilique, c'est la basilique, “major ecclesia, ecclesia peregrinorum” qui fut la raison d'être de ces pèlerinages. Ce n'est pas le monastère qui a précédé la basilique, c'est la basilique qui a attiré les moines et le monastère.


Bien sûr qu'on va encore me dire qu'il est impossible que Julien, renégat du christianisme et défenseur du paganisme, ait pu être honoré par un édifice religieux. Il est vrai que ses violentes critiques contre les croyances juives et chrétiennes ne plaident pas dans ce sens, mais je constate que les démélés qu'il a connus jusqu'à la répression, c'est en Orient que cela s'est passé et non en Gaule où il semble avoir joui d'une indéniable popularité. Je constate également que s'il rejette formellement le Dieu en trois personnes des chrétiens, il est beaucoup plus en accord avec le Dieu suprême et unique des juifs. C'est un monothéiste sincère pour qui les anciennes divinités mythologiques sont beaucoup plus des idéaux de civilisation et de développement des connaissances.

Dans les sculptures de Vézelay, je ne vois rien qui serait fondamentalement contraire aux croyances de Julien. En revanche, je n'arrive pas à y trouver la preuve convaincante et spécifique d'une évocation évangélique. Dans le merveilleux tympan du narthex, on nous dit qu'il sagit des apôtres et de saint Pierre dressant sa clef, mais dans le contexte historique et politique du IV ème siècle, on pourrait tout aussi bien y voir les magistrats de la cité éduenne http://www.google.com/imgres?imgurl.... La clef de la porte du ciel est un symbole antique commun ; il était déjà attribué à Janus (Ovide,Fast, 1, 125). Dans le personnage central, on nous dit qu'il s'agit du Christ, mais on pourrait tout aussi bien y voir le Dieu de la sagesse des philosophes grecs et des écrits sapientiaux juifs, ou même le souverain bien de Platon cher à Julien. Dans les rayons lumineux des mains célestes, faut-il imaginer les fameuses langues de feu de la Pentecôte ou, tout simplement, le Dieu suprême rayonnant à l'image du soleil, thème également cher à Julien ? Une basilique vouée au soleil ? Julien ne pouvait pas rêver mieux. Dans le trumeau, faut-il voir le christ-agneau présenté par Jean ou le symbole des martyrs juifs ? Enfin, en haut du tympan, je ne vois dans l'oeuf de la renaissance qu'un Gaulois, sa femme en sirène et son chien.

Faut-il passer en revue tous les chapiteaux de la nef ? Aucune scène évangélique ne peut y être clairement identifiée. Il ne s'y trouve que de l'ancien testament et des leçons de morale, morale chère à Julien. Quand à la vie d'Eugénie qui est clairement évoquée, rien n'indique sur ses chapiteaux qu'elle ait été chrétienne.

Bref, de mon point de vue, la seule sculpture qui évoque le mystère chrétien est le tympan existant en façade. L'ennui, c'est que c'est une œuvre de Viollet-le-Duc.



Note : quand je dis que l'ange annonce la nouvelle à Johanes, Marcus, Matheus et Lucas, il s'agit des quatre figures du tétramorphe de la vision d'Ezéchiel.

Source

Paul : regardez bien le casque celto-gaulois qui illustre l'article. Pensez-vous qu'une culture sachant réaliser un tel objet, avec une maîtrise totale du travail de l'acier, du bois (tonneau, roue, charrue, etc...), ne savait pas sculpter la pierre ? Les celto-gaulois ont bâti des forteresses, des routes (Calais-Marseille en 30 jours ! Temps jamais amélioré jusqu'à l'invention de la locomotive à vapeur ! ), des lieux de cultes de grande taille, détruits, récupérés ou modifiés par les Romains et les chrétiens. Un immense couvercle a été placé sur notre culture ancestrale. Le christianisme est une création de toutes pièces, notre histoire aussi. Nous sommes des enfants sans parents !

3 commentaires:

  1. Visiblement Paul
    le texte d'Emile Mourrey, vous échappe totalement.

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    1. Non, tremplin pour une autre réflexion...
      Mais précisez votre pensée.

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  2. Chaque vainqueur-envahisseur a imposé son dogme, faisant naître des croyances codifiées, toujours plus extérieures à l'individu.
    Il reste la prière, non pas en tant que supplique désespérée mais confiante en l'Union sacrée et immédiate.

    Ces très vieilles églises furent construites sur d'anciens lieux de cultes. Les celtes, gaulois, disposaient d'un savoir qui leur permettait d'évaluer la qualité vibratoire(?) d'un terrain.
    L'histoire officielle nous a transmis une vision frustre de nos ancêtres. Il n'en est rien. Leurs réalisations en témoignent.

    Edouard

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