16 juillet 2014

3000 soldats ukrainiens seraient encerclés dans le « chaudron sud »

Kiev envisage de rompre les relations diplomatiques avec Moscou

Il est trop tôt pour publier un compte-rendu de situation formel, tout simplement parce que la situation est trop confuse, mais je tiens à vous donner à tous un petit aperçu de ce qui se passe en ce moment. Jetez un œil à cette carte :

 
  Situation des combats au 13 juillet

La ville en haut à droite est Lugansk, au centre gauche vous voyez Donetsk et au sud, vous avez la frontière avec la Russie (indiquée par le nom РОССИЯ). En bleu les forces ukies, et en rouge celles de la Novorossia.


Tout d’abord, il y a des rapports indiquant que les Novorossiens ont pris les deux aéroports de Donetsk et de Lugansk. Toutefois, ceux du camp ukie font valoir qu’ils ont libéré l’aéroport de Lugansk où des forces ukies étaient encerclées depuis plusieurs semaines par la Résistance. Évidemment, ce sont là des revendications qui s’excluent l’une l’autre. Enfin, la Résistance a également dit qu’elle avait fait usage d’un avion Su-25 de soutien aérien rapproché pour attaquer les positions ukies et que ce Su-25 avait décollé de l’aéroport de Lugansk (pour votre information, le Su-25 n’a pas besoin d’une piste pour décoller, il pourrait même le faire depuis une prairie).

Deuxièmement, les Ukies ont tenté une manœuvre d’enveloppement par laquelle ils espéraient encercler Donetsk et couper la ville de Lugansk. Cette manœuvre, apparemment, a échoué et a donné lieu à une contre-attaque de la Résistance à partir des environs de Saur-Mogila (САУР-МОГИЛА sur la carte) ; c’est à présent la Résistance qui tente d’encercler la force Ukie et de la « comprimer » le long de la frontière russe. Les Ukies, qui maintenant ont vu clairement le danger, tentent un effort désespéré pour parvenir à sortir de la nasse à Amvrosievka (АМВРОСИЕВКА sur la carte), afin d’éviter d’être pris au piège et d’essayer de dégager leurs forces.

Alors, quel est l’enjeu ?

3000 soldats ukies seraient en ce moment encerclés dans le « chaudron sud », ainsi que l’on surnomme à présent la région qui s’étend le long de la frontière russe. Voici ce que deux d’entre eux, qui ont réussi à s’échapper, disent de leur situation:

La situation est telle que le bataillon est dans une situation réellement difficile, à la fois en termes de ressources et en termes de position sur le terrain. Ce qu’ils montrent dans les nouvelles – que nous encerclons les séparatistes – c’est en fait, là où notre bataillon est [stationné], exactement le contraire. Les gars sont au bout du rouleau. Ca va mal, là-bas. C’est un désastre. D’un côté, il y a les forces de la Fédération de Russie, qui se tiennent là, pratiquement à 4 kilomètres de nous. Et nos gars ont un tel équipement militaire là-bas que, croyez-moi, rien ne nous peut nous aider. Ce n’est plus une question de gilets pare-balles et d’équipements militaires. Comprenez-vous? C’est complètement différent comme [situation]. Il faut juste que nous sortions nos gars de là. Il n’y a pas le moindre doute, le bataillon ne peut pas rester là. En fait, les gars qui sont stationnés là-bas, c’est comme s’ils étaient des condamnés faisant face au poteau d’exécution. Je dis cela de façon responsable : j’étais en poste là-bas, et j’en viens. Et même maintenant, il faut vraiment faire attention pour les ramener. Nous devons les faire sortir avec précaution. Et, honnêtement, je ne sais pas comment cela [ce sauvetage] peut se faire, mais il faut le faire. Il faut le faire et il faut le faire immédiatement. Je le répète, c’est la situation d’aujourd’hui, de ce matin, j’ai appelé et j’ai appelé encore: pas un seul équipement militaire n’est arrivé, ils [les soldats] sont debout dans un champ ouvert. Parce que le bataillon dont nous parlons, c’est un fait, ils peuvent effectuer des missions de combat telles que c’était dit au début – à savoir assurer la garde de certains éléments [stratégiques importants] dans la région, disons, garder certains points de contrôle, mais uniquement à l’écart de l’épicentre des hostilités. Tandis qu’au milieu d’une véritable action de combat, le bataillon ne peut plus remplir aucune mission en raison d’un manque complet du matériel nécessaire. Et même si ce matériel devait être fourni au bataillon, il n’y a personne là-bas qui ait été formé à [l']utiliser.

Maintenant, regardons ce qui se passe à Lugansk, en particulier à l’aéroport.

Des forces spéciales ukrainiennes y ont été encerclées par la Résistance pendant des semaines. Un grand nombre d’entre eux, pas moins de 300, ont déjà quitté l’aéroport et se sont rendus. J’ai vu des interviews de combattants de la Résistance réalisées hier soir et ils semblaient absolument certains de prendre le contrôle de l’aéroport très bientôt. Ce matin, la Résistance et Porochenko ont annoncé tous deux qu’ils avaient pris le contrôle de l’aéroport. Voici ce qu’écrivait Porochenko sur sa page FaceBook:

Traduction : Le Président Petro Porochenko vient d’être informé par le siège de l’ATO (opération anti-terroriste) que les forces ukrainiennes se sont frayées un chemin avec succès jusqu’à l’aéroport de Lugansk. Gloire à l’Ukraine ! 
Facebook le 14 juillet 2014

Du coup, je ne suis plus du tout sûr de ce qu’il faut faire de cela. Les deux parties revendiquent la victoire au même endroit et la raison en est assez simple : les forces qui avaient été (ou sont encore) encerclées à l’aéroport de Lugansk comptaient parmi les tout meilleurs éléments dont les Ukies disposaient : des éléments du 80ème Régiment parachutiste, 25ème Division Aéroportée, et le 8e régiment de forces spéciales. En outre, l’aéroport est sans conteste le nœud crucial pour tout encerclement de Lugansk.

Il n’y a guère de doute que les Ukies soient en train de jeter leurs meilleures ressources dans la bataille, afin d’éviter une catastrophe, ni qu’au moins trois colonnes blindées ukies aient été envoyées pour soulager la pression qui s’exerce sur les forces ukies encerclées. Au moins une de ces colonnes (peut-être deux) a été repérée et détruite. Voici quelques images du résultat : Colonne de chars ukrainiens détruits

Dans ce cas, la colonne a été apparemment détruite près de la ville de Marinovka (non représentée sur la carte ci-dessus).
 Colonne de chars détruits près de Lugansk

La vidéo ci-dessus montre ce qui est apparemment une autre colonne ukie détruite, cette fois près de Lugansk.

Le Ukies ont également perdu un avion de transport An-26, également à proximité de Lugansk. Cet avion semble avoir été abattu par un missile. La Résistance revendique le tir, mais les Ukies affirment que le missile a été tiré depuis le sol russe.

Quoique tout cela ressemble à d’excellentes nouvelles pour la Résistance novorussienne, Strelkov se montre, comme à son habitude, beaucoup plus prudent : Igor Strelkov interviewé le 13 juillet 2014 (cliquez s’il vous plait en bas à droite sur le symbole « légendes » pour avoir les sous-titres anglais)

Pour ce qui est des dernières nouvelles publiées sur les médias russes, voici ce que rapportent leurs correspondants :

L’attaque sur Lugansk a échoué
2 avions ukies (An-26 et Su-25) ont été abattus (+ 2 hier)
100 Ukies sont morts dans 2 colonnes différentes, qui ont été détruites toutes deux
1 école maternelle a été détruite par les Ukies (les enfants avaient été évacués)
Plusieurs bâtiments civils (y compris un hôpital) ont été frappés à Lugansk
1 colonne ukie (avec 50 chars) a été entièrement détruite
1 colonne ukie (avec 50 chars) a été repoussée avec de lourdes pertes pour les Ukies

Fait intéressant, les experts russes formulent l’hypothèse que les attaques combinées sur Lugansk et Donetsk étaient des attaques de diversion visant à attirer les forces de la Résistance loin au sud, où 5.000 soldats ukies auraient alors tenté de couper la Novorossia de la Russie et d’encercler à la fois Donetsk et Lugansk. Selon ces mêmes sources, cette feinte n’a pas réussi à tromper les forces de la Résistance. Les Ukies ne sont pas alors parvenus à prendre la colline de Saur-Mogila et ont fini par être encerclés dans le fameux « chaudron sud » : un long couloir de 4 à 8 km de large. Il semble que les forces de la Résistance aient réussi à couper le corridor ukie en plusieurs endroits, et qu’ils aient alors miné les champs avant de se retirer. La Résistance serait à présent en train d’engager ces forces encerclées à distance, avec l’artillerie à longue portée.

Il faut noter que, du moins jusqu’à présent, Kiev a nié catégoriquement tout ce qui précède.

Pourtant, cette version pourrait expliquer le nombre de frappes ukies sur les postes-frontières russes tout au long de la frontière. Ajoutez à cela que Lavrov a émis un sévère avertissement quant aux conséquences de telles frappes, conséquences qui seraient entièrement de la faute des Ukies, et vous obtenez l’image suivante : il est possible qu’à partir de son territoire, la Russie choisisse tout simplement d’écraser sous ses frappes les forces ukies qui se trouvent piégées dans le « chaudron sud ». Bien entendu, et comme toujours, ils n’en feront rien si les forces de la Résistance réussissent à le faire elles-mêmes sans aide russe manifeste.

Restez à l’écoute ; dès que la situation deviendra plus claire, je posterai une autre compte-rendu de situation.

Le Saker

MISE À JOUR : Merci à « SD » qui m’envoie un lien vers un article prétendant que la Russie envisage maintenant des « frappes chirurgicales » sur certains objectifs clés ukies.

Source: Crucial combat operation are possibly taking place in several locations (UPDATED)

Vu ici

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