29 juillet 2014

Aléas climatiques : les sinistrés découvrent la galère des indemnisations

Accoudés au bar du Café de la Liberté, au milieu des serpillières, balais et traces de boue diluée qui jonchent encore le sol, Hubert et Alexandre font une pause. Le premier est charpentier : il a perdu son outil de travail et une bonne partie de sa maison, située dans l'une des rues les plus touchées par les inondations qui ont ravagé le centre-bourg de Paillet, vendredi.

Le second est le patron des lieux, un restaurant qui appartient à la Communauté de communes et qu'il a repris, voilà deux ans, avec son épouse. Ils ont tout refait, du sol au plafond. « On a dû injecter dans les 500 000 euros en tout », souffle-t-il. Ils tournaient à une centaine de couverts chaque midi. Les frigos venaient d'être remplis en prévision des réservations du week-end. Tout est bon à jeter.

Trois jours après le déluge, le gros du nettoyage est effectué. Et l'étendue des dégâts apparaît en ce lundi, laissant une forme de découragement s'installer. « On est conscient de ce qu'on a perdu mais on n'a aucune idée de ce qui nous attend. Aujourd'hui, j'ai peur du lendemain. Je ne suis même pas sûr de pouvoir rouvrir un jour ; je ne sais pas quoi dire à mes huit salariés, comment faire pour le chômage technique. Et je me retrouve avec les fournisseurs qui veulent être payés ; le banquier qui me dit de me mettre en cessation de paiements. Mais je ne veux pas passer pour quelqu'un qui ne sait pas gérer ! J'ai été sinistré, c'est quand même pas pareil ! », s'emporte Alexandre.


Des appels dans le vide

À ses côtés, Hubert, qui emploie lui aussi une personne et se demande comment il va pouvoir répondre aux nombreux chantiers qu'il avait en stock sans outil, abonde. « Alors que nous sommes encore sous le choc d'avoir tout perdu, nous devons répondre à des impératifs. Les assurances, par exemple, et c'est loin d'être simple. »

Un tour dans le village, où les rues ont été dégagées, confirme ces difficultés. Beaucoup ont eu les plus grandes peines du monde à contacter leur assureur durant le week-end. Et quand ils parviennent finalement à les joindre, la surprise peut être de taille. « Ma voiture est partie dans la Garonne et mon assureur me demande de la sortir avant de venir l'expertiser. Je fais comment ? », s'énerve Corinne, à qui la mairie de Paillet cherchait désespérément, hier encore, une solution de relogement, son mari étant gravement handicapé.


Christine, elle, a eu droit à une autre « blague ». « Mon assurance veut les factures et justificatifs de mes biens détruits. Mais les factures sont parties dans la flotte ! » Jérémy, lui, craint de perdre son boulot. Sa vieille voiture a été inondée. Sans elle, cet ouvrier viticole ne peut pas se rendre au travail. « Et on me dit qu'un expert passera dans un mois ! Pour couronner le tout, on me demande d'envoyer des mails, mais on n'a plus d'ordinateur. » Un peu plus loin, Philippe, l'un des deux médecins du village, promène sa brouette entre sa maison et un fossé où il déverse encore de la boue. Son cabinet a été ravagé. Heureusement, une bonne partie des dossiers médicaux a été sauvée. « Notre souci, c'est de débloquer les assurances pour reprendre au plus vite une activité », confie-t-il.


À la mairie, des bénévoles et même des élus venus de communes voisines épargnées, comme Sandrine Prat, adjointe à Cadillac, tiennent une permanence pour aider les habitants dans leurs démarches. Face à la jeune femme, une dame pleure en dressant l'inventaire de ses souvenirs disparus. « Les premiers jours, les gens nous disaient que ce n'était pas grave, que ce n'était que du matériel, relate Nadège Pajot, responsable des secouristes de la Croix-Rouge mobilisés depuis samedi. Ils commencent à réaliser la perte réelle en voyant les maisons propres, mais vides. »

Source

Pour ne pas être pris au dépourvu : http://echelledejacob.blogspot.fr/p/blog-page_5.html

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