11 juillet 2014

Effondrement économique mondial : L’Argentine au bord du gouffre

Une manifestation à Benos Aires. L'Argentine veut bien payer ses créanciers, mais pas "sur le cadavre et la faim du peuple argentin".

Le spectre de la faillite de 2001 est de retour. Des fonds spéculatifs, surnommés fonds “vautours”, n’ont jamais lâché prise. La présidente Cristina Kirchner paie aussi sa généreuse politique de subventions.

À l’issue d’une négociation avec l’État argentin, 93 % des créanciers privés qui avaient racheté des bons de la dette argentine à un prix dérisoire, en 2001, en espérant une rentabilité de 1 000 %, avaient accepté une décote de 70 % sur la valeur théorique de leurs créances. Les fonds spéculatifs qui avaient refusé cet accord de restructuration de la dette, en 2005, s’étaient tournés vers les tribunaux. Au terme d’une longue procédure, la Cour suprême des États-Unis vient de confirmer la décision d’un juge new-yorkais obligeant l’Argentine à payer d’abord 1,33 milliard de dollars à ces deux fonds (NML Capital et Aurelius Capital Management), avant de rembourser les autres créditeurs. Cette sentence « insolite », selon le secrétaire général de l’Organisation des États américains, risque de mener l’Argentine à la cessation de paiement à partir du 30 juillet.

Cette confirmation du jugement empêche maintenant l’Argentine d’honorer le paiement de sa dette aux créditeurs “restructurés” tant qu’elle n’aura pas remboursé entièrement les fonds spéculatifs. Le ministère argentin de l’Économie a calculé qu’il fallait prévoir 15 milliards de dollars ! Le plus curieux dans ce dossier est que le pays pourrait se retrouver techniquement en cessation de paiement en vertu d’une décision judiciaire et pas du fait de son incapacité économique. Buenos Aires s’insurge. L’Argentine veut bien payer ses créditeurs “restructurés” mais pas ceux qu’elle qualifie de « vautours ». Elle le pourrait, assure le président de la Chambre des députés, Julián Domínguez, mais elle ne veut pas « le faire sur le cadavre et la faim du peuple argentin ».

Cette situation inédite se produit à un moment délicat pour la présidente, Cristina Kirchner, qui peine à obtenir la confiance des marchés. Son pays passe pour trop dépensier et mauvais payeur. Un éditorialiste du quotidien la Nación évoque « l’éternel retour argentin » et des questions se posent : s’agit-il d’une sorte de fatalité régionale, et même nationale, une crise ayant lieu chaque décennie, ou n’est-ce que le résultat d’une gestion calamiteuse des ressources du pays, inspirée par le modèle du Venezuela ? C’est sans doute un peu des deux, les choses étant liées.

Ce “syndrome vénézuélien” aurait touché l’Argentine. Troisième économie d’Amérique latine, elle est entrée en récession depuis le début de l’année 2014. Le taux d’inflation devrait dépasser les 25 %, comme l’année précédente, loin toutefois du Venezuela (56,2 % en 2013). Le peso argentin a été dévalué de 18 % en janvier, ce qui l’éloigne encore davantage de la parité peso-dollar de la présidence de Carlos Menem (1989-1999), et même de la sortie de crise initiée par le gouvernement de Néstor Kirchner, à partir de 2003, époque où fut renégociée sa dette, fermement mais habilement.

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