28 juillet 2014

Faillite du pays : les CCI en cessation de paiement

A la chasse aux économies, le gouvernement a annoncé hier qu’il allait fortement ponctionner les chambres de commerce et d’industrie. Leur président réagit, fortement lui aussi !
L’ État veut prélever 500 millions d’euros sur vos réserves et réduire de 1,28 milliard à 788 millions le montant annuel de la taxe que vous recevez. C’est possible ?

André MARCON : «Non, les conséquences sont désastreuses, et pour une entreprise, cela s’appellerait la cessation de paiement. Nous serons contraints de fermer des chambres, voire toutes les chambres d’une région. Nous sommes en train de regarder les incidences région par région, car cela varie beaucoup. Les plus affectées sont les petites chambres de Bourgogne, de Franche-Comté ou d’Auvergne, consacrées exclusivement aux services aux entreprises. Elles dépendent à 70 % de la taxe pour vivre, elles n’auront même plus les moyens de payer les plans de licenciement qu’elles vont devoir mettre en place. Ce sera donc à l’État de les payer. »
 
Combien de licenciements craignez-vous ?

« Le premier chiffrage est de 7 000 personnes sur un effectif actuel de 26 000. Mais il faudra regarder plus dans le détail. »
En mai, vous aviez menacé de fermer les aéroports de Dijon ou Strasbourg, le port de Mâcon, le parc des expositions de Colmar… Allez-vous le faire ?

« Le plus curieux est que la mission d’inspection (dont le rapport a mis, en mai, le feu aux poudres) nous recommandait de ne pas nous occuper de ce type d’équipements. Depuis, on nous redit : si, il faut vous en occuper… mais on nous enlève les moyens de le faire ! Bien sûr, quand une entreprise est en cessation de paiement, une autre peut reprendre ses activités. Ce sont des équipements de grande proximité, qui pourraient intéresser les régions, mais elles ne sont pas dans la situation financière de le faire. »
 
Quand mettrez-vous votre menace à exécution ?

« On nous dit qu’il est encore possible de discuter. Nous allons donc négocier, présenter au ministre un état précis des conséquences qu’entraînerait sa décision. Nous allons aussi interpeller le Premier ministre et le président de la République. Et si cette coupe sombre se confirme, nous en tirerons toutes les conséquences dès la rentrée. »
 
Vous espérez que le Président démente son ministre de l’Économie ?

« Tant qu’on n’a pas tout essayé, on ne va pas mettre la clé sous la porte. Donc, on essaie tout. »
 
Comment expliquez-vous que le gouvernement vous demande cet effort jugé impossible ?

« Nous avons un gouvernement aux abois en termes financiers. Il veut prendre de l’argent dans les chambres de commerce, car il suppose que des chefs d’entreprises responsables comme nous vont se laisser faire tranquillement. Mais ce ne sera pas le cas, et nous ferons savoir aux chefs d’entreprise la casse qui est en cours. »

Propos recueillis par Francis BROCHET.

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