01 août 2014

MH 17 : REBONDISSEMENT ?


Des images manquent…

Depuis le crash tragique du vol 17 de la Malaysia Airlines, personne n’a semble-t-il entrepris de répondre à la demande des Russes, celle qu’ils ont formulée lorsqu’ils ont présenté leurs éléments sur les circonstances ayant immédiatement précédé la chute du Boeing 777. Les États-Unis, notamment, n’ont fourni aucune image satellite, aucun suivi radar. Seulement des documents non probants (car presque aussitôt réfutés) issus des médias sociaux et d’internet. Etonnant… Et peu digne d’une grande puissance militaire devenue le « gendarme du monde » et le « gardien de l’Europe ». Au point quasiment d’établir l’inverse de ce qu’ils affirment.

Le leader de l’Otan dispose, on le sait, d’un des meilleurs systèmes de surveillance aérienne au monde, et sans doute du plus étendu (spécialement avec la présence de navires de guerre bardés d’électronique en Mer Noire, depuis le début des hostilités dans l’est de l’Ukraine). Difficile donc de croire qu’aient pu lui échapper les événements que ses représentants ont mis en avant : mise à disposition de batteries de missiles anti-aériens de grande taille par les Russes, transport et utilisation desdits matériels par les « séparatistes pro-russes », suivis d’une évacuation des armes du crime vers ceux-là mêmes qui les avaient fournies.

Pourquoi donc ne pas présenter cette ou ces images qui feraient taire, une bonne fois pour toutes, la contestation des thèses étatsuniennes, lesquelles sont reprises en cœur et sans autre forme de curiosité journalistique par le consensus des médias grand public occidentaux, aussi peu curieux qu’ils sont tonitruants ?

Si le procédé surprend, il n’est pas nouveau. On se souvient sans doute de cet « objet » étrange qui a frappé le Pentagone, le 11 septembre 2001, et dont on nous dit qu’il s’agissait d’un avion détourné. Alors que par sa taille et son poids, la chose semble plus que difficilement imaginable : il aurait percuté le bâtiment selon un angle incroyable, sans érafler aucune des pelouses, ni heurter aucun des réverbères, avant de s’encastrer dans sa cible sans y laisser la trace de ses ailes, sans y laisser rien de lui-même, à vrai dire, puisque l’on nous explique sans rire qu’il se serait étonnamment dissous et volatilisé après l’impact.

Les arguments de ceux qui faisaient valoir qu’il s’agissait vraisemblablement là de la frappe d’un missile de croisière ayant été écartés impitoyablement, on attendait les éléments établissant la version de l’« avion ». Ces éléments étaient d’autant plus faciles à fournir que l’objet en question, quel qu’il fût, serait passé devant plusieurs caméras de surveillance, et, notamment, devant celles d’une station-service, dont le FBI avait sans délai récupéré les bandes. Un simple extrait vidéo, même limité au seul passage de l’avion (une affaire de secondes), et la question était réglée. Las, l’occasion de faire taire enfin les thèses « conspirationnistes » ne fut pas saisie. En treize années, aucune image, même brève, ne fut produite. Forçant chez plusieurs un raisonnement à rebours : si les images dont on dispose forcément ne sont pas présentées, ce ne peut être que parce que…

La presse grand public est dotée de capacités d’amnésie hors du commun, et toute la vilaine histoire a depuis longtemps pris pension aux oubliettes médiatiques, dont c’est justement le rôle que de faire perdre de vue ce qui n’est plus souhaité. Elle y dort paisiblement.

…d’autres s’en viennent

Les séparatistes pro-russes (aidés par les Russes, qui en portent l’inexpiable responsabilité) sont donc à l’origine du crash de l’avion malaisien, scandaleusement abattu par un missile anti-aérien de type SA-11 (BUK M1). Haro sur eux, puisque tout est clair (l’avantage des vérités révélées sur les longues et fastidieuses recherches). Les affirmations russes de la présence d’au moins un avion SU-25 à proximité du vol 17 n’étaient donc qu’affirmations mensongères, comme l’étaient les messages du contrôleur aérien Carlos qui témoignait de la même chose (si d’aventure ce Carlos a même jamais existé).

On comprend mal pourquoi les enregistrements du contrôle aérien de Kiev (qui a fait dévier le vol civil pour l’amener sur une route plus au nord qu’à l’accoutumée, c’est-à-dire passant au dessus d’une zone contrôlée par les pro-russes) devaient de toute urgence être confisqués par le SBU ukrainien, mais qu’importe. Et s’ils n’ont pas reparu, c’est sans incidence. Tout comme l’offensive de ceux qui, sur zone, poursuivent une opération anti-terroriste (ATO) qui ne permet plus aux experts de pouvoir véritablement travailler.

Voilà le contexte dans lequel viennent s’inscrire, tout à trac, l’apparition d’images qui ne sont pas du tout celles que l’on attendait (aïe !…) et les observations des experts allemands qui les ont examinées. A peine avait-on cessé de croire à l’arrivée de Grouchy que Blücher s’annonce.

Et voici que reviennent en mémoire ces premiers témoignages, ceux des habitants vivant à proximité de la zone du crash, qui faisaient état de plusieurs détonations dans le ciel et, souvent, mentionnaient la présence d’au moins un, parfois deux avions de plus petite taille.

Revoici à nouveau sous les projecteurs les explications de l’état-major des forces armées russes, lors de sa présentation, qui, en se basant sur des échos et suivis de radar, affirmait la présence d’au moins un Su-25 à moins de 5 km (entre 3 et 5 km, disait-il) du vol MH17. Précisant même qu’il s’agissait d’un signal radar simple (sans identification secondaire, donc d’un vol militaire). « On a observé la montée d’un avion ukrainien SU-25 en direction du Boeing malaisien, qui se trouvait alors à une distance de 3 à 5 km. Le Su-25 peut atteindre une altitude de 10.000 mètres. Il dispose de missiles air-air qui peuvent tirer jusqu’à 12 km et garantissent la destruction d’un objectif jusqu’à 5 km », avait clairement affirmé le lieutenant-général Andreï Kartapolov.

C’est en effet que plusieurs éléments de l’épave du Boeing semblent bien présenter ce qui ressemble à… des impacts de balles. Des traces de balles de canon automatique de calibre 30, tel que le canon qui équipe les SU-25, pour être précis. Ne pourrait-il pas s’agir aussi bien de shrapnells provenant d’un missile sol-air BUK ? Apparemment pas ! Certains éléments photographiés révèlent clairement des perforations rondes entrantes, en même temps que des orifices aux bords déchiquetées vers l’extérieur, et cela sur les mêmes éléments de carlingue. Cela indiquerait soit un tir croisé par deux avions de chasse, soit l’explosion d’un missile complétée par des tirs.

Il y aurait donc deux armes du crime. Ce n’est pas du tout la version occidentale entendue jusqu’ici…

C’est néanmoins ce qu’un ancien pilote allemand, expert en technologie aérienne, Peter Haisenko, vient de publier sur le sujet : « Si l’on regarde l’image de ce fragment de cockpit, cette image est certainement choquante. On y voit dans la zone de l’habitacle des traces de perforations par balles aussi bien en entrée qu’en sortie. Aucune spéculation ici, mais l’analyse de faits clairs : le cockpit montre des preuves manifestes d’impacts de balles. Vous pouvez voir les trous d’entrée et certains points de sortie. Les bords des orifices d’entrée sont repliées vers l’intérieur, les trous sont beaucoup plus petits et de forme ronde. Le calibre est de 30mm. Les orifices de sortie sont moins bien formés et les bords en sont déchirés vers l’extérieur.

En outre, il est visible que les trous de sortie ont déchiré la double épaisseur d’aluminium et ont plié le métal vers l’extérieur. Ce qui veut dire que les éclats ont été projetés de l’intérieur de la cabine vers l’extérieur. On constate également que les rivets ouverts ont, eux aussi, été pliés vers l’extérieur. Une seule conclusion s’impose : c’est que l’avion n’a pas été touché par un missile. Les dommages infligés à l’aéronef sont par ailleurs uniquement circonscrits au poste de pilotage… ». [1]

Calibre 30 mm… Comme l’armement du Sukhoï SU-25, qui est équipé d’un canon de 30 mm type GSch-302/AO-17A, tirant des obus explosifs à éclats (le Sukhoï est approvisionné pour 250 coups). Ou plutôt comme l’armement de DEUX Sukhoï Su-25, puisque l’on relève des traces d’entrée et de sortie de balles sur le même côté, ce qui montre que le cockpit du MH17 a été touché de DEUX côtés.

Dmitry Travkin [1] a présenté un photomontage présentant la pièce de l’avant du fuselage, telle qu’elle a été retrouvée sur le site du crash, à la place qu’elle devait occuper sur la carlingue du Boeing, et reconstituant la trajectoire des projectiles qui ont frappé à la fois le coin de la vitre de cockpit et l’extrémité de l’aile gauche de l’appareil.

On remarque instantanément qu’il ne s’agit pas là de l’effet typique d’un missile anti-aérien tel que le BUK, à savoir un cône de détonation, lequel aurait projeté ses éclats de façon nettement plus dispersée. Mais qu’il s’agit bien plutôt d’un tir de canon.

Des feux après l’impact au sol, et non avant !

Bernd Biederman, colonel en retraite et spécialiste des missiles de défense anti-aérienne, est pour sa part d’avis que le Boeing de la Malaisie « n’a pas pu avoir été touché par un missile de défense aérienne sol-air ». C’est ce qu’il vient d’écrire dans un article publié par le quotidien Berlinois « Nouvelle Allemagne » (édition du jeudi), faisant remarquer que si l’avion avait été touché par les éclats d’un missile sol-air, il aurait immédiatement pris feu « du fait de l’énorme chaleur de friction que les éclats génèrent en pénétrant le fuselage. » Un seul éclat contient la même énergie cinétique qu’un wagon de chemin de fer de 40 tonnes percutant les tampons à 60 kilomètres à l’heure, souligne-t-il. « Dans le cas du Boeing Malaisien, on a pu voir que des feux épars avaient éclaté après l’impact au sol, car les débris chaud de l’avion étaient entrés en contact avec des matériaux combustibles. » [1]

Biedermann est un familier de la technologie soviétique et russe de défense aérienne : comme officier, il a dirigé des unités de missiles anti-aériens au sein des forces de l’Allemagne de l’Est, avant d’enseigner ce domaine à l’Académie militaire qui formait les troupes de défense anti-aérienne.

« Les impacts sur le morceau de carlingue semblent mieux correspondre au tir du canon de 30 mm du Frogfoot (nom de code Otan du SU-25) qu’à des éclats de missile », relève pour sa part Jacques Sapir. [2] « Ces derniers sont – en général – nettement plus dispersés, sauf si l’explosion de la tête du missile a eu lieu à toute proximité de la cible (probablement moins de 5 m). La tête du missile BUK contient de l’explosif et des petits cubes d’aciers au sein de l’explosif. La détonation provoque un cône d’éclats. Si le missile détonne à 10 m-15 m de la cible, le cône est déjà formé. Si le missile détonne à moins de 5 m, les éclats peuvent par contre être groupés. »


Lorsque l’on sait qu’un ou même deux SU-25 ont accompagné le Boeing pendant plusieurs minutes, les choses ne peuvent manquer d’apparaître sous un jour différent de celui que l’on nous avait tout d’abord présenté. Même si l’on sait aussi que l’Armée ukrainienne avait déployé des missiles BUK dans la région de Donetsk, craignant semble-t-il une attaque aérienne russe contre ses forces engagées dans l’est du pays, en représailles aux tirs qui avaient frappé à de multiples reprises des postes frontière de la Fédération de Russie (le gouvernement russe avait menacé l’Ukraine de « frappes ciblées »).

Quant au SU-25, s’il n’est pas à proprement parler un chasseur, mais un appareil d’attaque au sol, il pouvait néanmoins monter suffisamment haut pour se trouver à portée de tir missile (missile air-air R-60)… ou de tir canon.

Et Jacques Sapir de noter : « L’enquête a pour l’instant révélé que l’équipage a été mis hors de combat quasi-instantanément. Cela est cohérent avec la thèse de l’hypoxie suite à une dépressurisation brutale du cockpit, comme avec celle d’un équipage massacré, soit par des obus soit par des éclats de missiles. »

Et d’observer : « Si ce sont bien des obus du canon de 30-mm qui arme le SU-25, ces derniers sont composés d’uranium appauvri. La radioactivité résiduelle devrait donc être détectable sur les débris. » Wait and see.

Reste que si l’avion a bien été abattu par un ou plusieurs tirs de canon de 30 mm, il ne saurait plus longtemps être question de l’hypothèse d’un tir accidentel de missile. Les pilotes de chasse ne se recrutent pas dans les bars chez les fantaisistes. Pas plus que les Sukhoï 25 ne volent en haute altitude sans raison.

« Il y a plus de choses dans le ciel et sur la terre, Horatio, que n’en rêve votre philosophie. »

Quant au Département d’État des États-Unis, il vient de changer sa position, passant d’un crime de Poutine à un « accident tragique ». Sans que l’on sache s’il compte également modifier prochainement ses précédentes allégations : celles relatives aux photos (récupérées sur Twitter) qu’on nous affirmait être celles d’un BUK des séparatistes s’enfuyant en Russie après son forfait, comme celles qui se rapportaient à certains extraits audio (récupérés sur Youtube), où, nous expliquait-on, des rebelles pro-russes auraient tenu conversation au sujet d’un avion qu’ils venaient d’abattre (avant que de comprendre qu’ils avaient en fait, à tort, cru l’avoir abattu).

Verra-t-on un jour quelque image satellite sérieuse ou quelque relevé de suivi radar réellement parlant de la part de Washington ? Cela est pour le moins douteux. Tout au plus, peut-être, un enregistrement du MIG personnel du président russe, avec Igor Strelkov à ses commandes, survolant le village de Grabove quelques minutes après le crash du Boeing (si le montage vient à être posté un jour sur Facebook).

Goklayeh, pour vineyardsaker.fr


Notes :

[1] NEW MH17 SENSATION: German experts point finger at Ukrainian air-force jets
investmentwatchblog, 28/07/2014

[2] MH17 et Su-25
RussEurope, 30/07/2014


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