24 octobre 2014

Chute des marchés : le retour de la crise systémique

Le quotidien londonien The Daily Telegraph rapporte le duel entre deux chroniqueurs économiques influents sur la réponse à apporter à la menace imminente d’un nouveau krach financier bien pire que celui de 2008.

Le premier, Ambrose Evans-Pritchard, fidèle porte-parole des intérêts de la City, a publié sa troisième chronique de la semaine sur la décision de la Réserve fédérale américaine de mettre fin à sa politique d’assouplissement quantitatif, à un moment où la banque centrale chinoise s’apprête elle aussi à retirer une importante quantité de liquidités de la circulation. 
 
Evans Pritchard exprime son regret :

Il n’y a aucun mystère sur la raison pour laquelle les liquidités s’évaporent. Les banques centrales ont fermé le robinet. Elles ont réduit leur stimulus d’environ 97 milliards d’euros par mois depuis la fin de l’année dernière, ou de 1171 milliards d’euros sur une base annuelle. Ceci est un choc pour le système financier. L’effet d’entraînement a été graduel mais non moins impitoyable. Nous observons en fin de compte les conséquences, après l’habituel délai dû aux phénomènes monétaires.

Evans Pritchard conclut que nous nous dirigeons vers une baisse massive des indices tels que le S&P 500, le FTSE-100, et le DAX, « à moins que les indicateurs ne se mettent à clignoter chez la Fed et la Banque populaire de Chine. L’assouplissement quantitatif est déjà en train de revenir sur la table », applaudit-il.

Evans Pritchard devrait se rassurer, puisque la Banque centrale européenne a débuté la semaine dernière ses propres opérations d’assouplissement quantitatif, sous la forme du rachat d’obligations « garanties » auprès des banques tout en demandant, outrepassant son rôle, que des réformes structurelles soient engagées dans toute l’Europe.

Le représentant allemand à la BCE Jens Weidmann, a prétendu dans un récent discours à Riga, en Lettonie, que « le plus grand goulot d’étranglement empêchant la croissance dans la zone Euro n’est pas la politique monétaire ni le manque de stimulus (…) mais les barrières structurelles qui font obstacle à la compétition, à l’innovation et à la productivité. »

Un discours repris quelques jours plus tard à Rome par le représentant français à la BCE, Benoit Coeuré. Confronté peu après par un journaliste de la revue Executive Intelligence Review lors d’une conférence à Washington, sur l’idée que le véritable moteur de la productivité n’est pas de démanteler le code du travail et de ramener des conditions de travail dignes du XIX siècle, mais d’investir dans des infrastructures modernes comme l’ont fait Franklin Roosevelt et John F. Kennedy, Coeuré a répondu qu’il n’est pas dans le mandat de la BCE d’investir dans l’infrastructure.

Bien sûr il n’est pas non plus dans le mandat de la BCE de décider quel type de réformes sont nécessaires en matière de droit du travail, ni d’acheter des dettes souveraines auprès des banques, des dettes qui ont d’ailleurs servi en premier lieu à renflouer un système bancaire gangrené par la spéculation.

Comme le rapportent l’agence de presse Bloomberg et Jacques Attali, la Cour européenne de justice (CEJ) doit se prononcer prochainement sur la légalité de son programme d’Opérations monétaires sur titres de 2012, par lequel la BCE avait acheté des obligations des Etats de la zone euro en difficulté. Dans le pire des cas, si la CEJ devait déclarer le programme illégal, Draghi se verrait obligé de démissionner, provoquant un effondrement de l’euro. Une décision plus mitigée pourrait également avoir les mêmes effets.

Sortir de l’Euro

Plutôt que d’attendre passivement un effondrement de l’euro, il vaudrait mieux toutefois prendre les devants et procéder à son démantèlement de manière active et ordonnée. C’est ce que propose le deuxième interlocuteur, Liam Halligan, un des principaux eurosceptiques britanniques et partisan d’un retour à une séparation bancaire de type Glass-Steagall.

Dans une chronique intitulée « Imprimer de l’argent dans un mouvement de panique ne va pas sauver la zone euro », Halligan écrit qu’un « assouplissement quantitatif massif dans la zone euro n’est pas la réponse appropriée ». Il appelle à un démantèlement de l’euro, attendu de longue date, une mesure qu’il avait déjà proposée en décembre 2007 lorsqu’il avait déclaré : « Cela peut sembler tiré par les cheveux, je sais, mais la victime ultime de la crise des subprime pourrait n’être rien de moins que l’existence de la monnaie unique. »

Dans sa chronique de dimanche dernier, Halligan reprend le même thème, soulignant que « bien avant 2007, il était évident pour quiconque possédant une connaissance raisonnable des unions monétaires qui se sont mal terminées à travers les âges, que la zone euro souffrait des mêmes faiblesses fondamentales ». Au final, écrivait-il, soit la zone euro se transformait en un seul pays ou bien elle finirait par être un échec.

Halligan rappelle que dans tous les pays de la méditerranée, le chômage dépasse les 25% et même la barre des 50% chez les jeunes. « Je sais, conclut-il, que la réponse traditionnelle est l’assouplissement quantitatif. Mais comme nous l’avons souvent observé, en particulier aux premiers jours de la crise, les réponses traditionnelles sont souvent erronées. »

Comme ne cesse de le rappeler S&P, la seule réponse valable est une sortie de l’euro, de l’UE et de l’OTAN, et une coopération avec les BRICS pour reconstruire l’économie mondiale.

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