22 décembre 2014

Lobby gay au sein du FN ?



Atteinte à la vie privée ou information légitime du public ? Les avocats de Florian Philippot et du magazine people Closer se sont affrontés lundi devant le TGI de Paris après la publication de photos du vice-président du FN en compagnie d'un homme présenté comme son ami. Les deux parties, absentes à l'audience devant le juge des référés (procédure d'urgence), étaient représentées par leurs avocats. Le jugement a été mis en délibéré au 24 décembre.


Le magazine avait publié le 12 décembre sur quatre pages des photos de Florian Philippot prises à Vienne (Autriche) en compagnie d'un "journaliste de télévision" dont le visage était flouté, ainsi qu'une photo de plus petite taille en une, avec comme titre "Oui à l'amour pour tous". L'avocat du vice-président du FN, Me Grégoire Lafarge, a dénoncé à l'audience une "traque" subie par son client et son compagnon de la part de paparazzis alors qu'ils passaient un week-end à l'étranger où "ils pensaient être tranquilles". "48 heures de chasse pour obtenir huit photos", a-t-il lancé en dénonçant "la dictature de la transparence" d'une certaine presse dont la motivation n'a jamais été l'intérêt général mais de "faire de l'argent".

"Outer, c'est stigmatiser"

"Hier, c'étaient les têtes couronnées et les sportifs, maintenant ce sont les hommes politiques qui servent de chair à papier et demain, ce seront peut-être les avocats ou les juges", a lancé l'avocat à l'adresse du tribunal en dénonçant une "dérive de notre démocratie". "M. Philippot est certes un personnage public, mais ce n'est pas un people et il a toujours expliqué que la sexualité relevait pour lui de l'intime", a-t-il souligné. "Outer (révéler l'homosexualité de quelqu'un), c'est stigmatiser. Et après la sexualité, que va-t-on livrer en pâture au public, la religion, la santé ?" a-t-il demandé.

Dans la matinée, Florian Philippot avait expliqué sur i>Télé attendre "un signal fort du tribunal". "Cette américanisation de la vie politique française n'est plus supportable. Il faut que cette presse cesse de faire de l'argent sur le dos des gens sans se rendre compte des conséquences", a-t-il ajouté. Son avocat a réclamé 50 000 euros de dommages-intérêts à Closer, la publication du jugement en couverture, la suppression du sujet sur le site du journal, l'interdiction d'exploiter à nouveau les photos incriminées. Il a également demandé la communication du contrat et des factures liant l'hebdomadaire aux photographes pour évaluer le montant du bénéfice réalisé par le journal, tiré à 398 000 exemplaires, avec cette opération.

"Lobby gay"

Pour Closer, Me Delphine Pando a plaidé l'intérêt de la publication révélant l'homosexualité du numéro deux du FN pour l'information du public, dans le cadre d'un débat d'intérêt général. L'avocate a rappelé la position clef occupée par Florian Philippot dans l'organigramme du parti de Marine Le Pen, où il est en charge de la stratégie et de la communication, et les divergences qui ont opposé deux courants du parti sur le mariage homosexuel. Elle a par ailleurs constaté que la publication de l'article avait suscité de nombreux reportages sur l'existence ou non d'un "lobby gay" au sein du FN. "En acceptant de répondre aux médias sur cette question, M. Philippot a lui-même pris part à ce débat d'intérêt général", a-t-elle fait valoir.

L'avocate a enfin rappelé un récent arrêt de la cour d'appel de Paris qui a jugé légitimes des révélations dans un livre sur la vie privée d'un autre cadre du FN, Steeve Briois, en raison de son statut de "personnalité politique de premier plan". Elle a en conséquence demandé au tribunal de débouter le plaignant de ses demandes.

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