09 décembre 2014

Profession : câlineuse

Rien de romantique ni de sexuel. Câlineuse professionnelle, Samantha Hess vient d'ouvrir sa première boutique, à Portland. Les clients se bousculent. 
Les séances de Samantha Hess durent de quinze minutes à cinq heures. © Carla Axtman

Son catalogue recense plus de cinquante positions, de la "fusée spatiale" au "vélo tandem" en passant par "l'alligator". On pourrait croire à une mauvaise blague ou à une version revisitée du Kâmasûtra. Mais il n'en est rien. Samantha Hess n'est ni une hôtesse de téléphone rose ni une prostituée. "Câlineuse" professionnelle, elle a récemment ouvert sa propre boutique, à Portland. Ses clients, déjà nombreux, saluent son initiative peu commune. "À première vue, le concept me semblait étrange, mais il m'est apparu que chacune des personnes que je connaissais avait besoin d'affection et d'attention, commente Robert. Samantha est en avance sur son temps. Elle développe une industrie qui est bien partie pour aider les gens à atténuer le sentiment de solitude, surmonter la dépression et booster la confiance en soi."

Active depuis plus d'un an - elle a d'abord fait du porte-à-porte -, Samantha facture ses séances un dollar la minute (48 euros l'heure environ). Elles peuvent durer de quinze minutes à cinq heures. "Il est rare que des gens restent autant de temps, explique-t-elle, mais cela m'est déjà arrivé. Un étranger, qui avait obtenu un visa pour travailler aux États-Unis, est venu me voir. Il savait qu'il retournerait chez lui et ne jugeait donc pas bon de démarrer une relation ici." Allongés sur le lit de l'une de ses quatre salles à thème (en forêt, dans l'espace, zen et sur la plage), ses clients font appel à elle pour "rechercher une connexion, se sentir exister". Bien évidemment, la relation est tout ce qu'il y a de plus platonique.

Les séances filmées

Samantha dit avoir reçu plus de dix mille demandes de rendez-vous dans la semaine suivant le lancement de Cuddle Up To Me. Et les profils de ses clients sont extrêmement variés. "On peut trouver une maman qui donne beaucoup mais ne reçoit pas toujours assez d'affection, une personne divorcée, tout simplement célibataire, handicapée ou malade", liste la câlineuse. Largement minoritaires lorsqu'elle n'était pas encore installée (10 %), les clientes sont aujourd'hui aussi nombreuses que les clients. "Les femmes ont, peut-être plus que les hommes, besoin de se sentir en confiance", avance Samantha. Équipée de caméras, la boutique - et son cadre - les a vraisemblablement rassurées. Les séances sont filmées, pour éviter tout dérapage.

Samantha ne se contente pas de câlins. Elle propose aussi des séances main dans la main et des caresses, dans les cheveux ou sur les bras, par exemple. "Quand un client veut me rencontrer, je lui propose un premier rendez-vous. Je lui fais remplir des documents, l'informe sur ce qui est approprié ou non et l'interroge sur ses motivations, raconte-t-elle. Tomber amoureuse ? Cela pourrait m'arriver, mais je fais en sorte d'écarter les clients qui pourraient potentiellement m'attirer." Certaines séances peuvent être éprouvantes, voire déstabilisantes. "Il m'est arrivé que quelques-uns de mes clients craquent et pleurent devant moi", se souvient Samantha. Malgré tout, elle tire une réelle fierté de son activité : "J'aime l'idée d'avoir un impact sur la vie des gens. Parfois, des personnes mariées me sollicitent. Quelque chose leur manque dans leur couple et, au fil des sessions, elles parviennent à sauver leur union."

Samantha, qui a décidé de se lancer alors qu'elle traversait une période difficile, a été bouleversée par plusieurs expériences de vie. Elle a grandi aux côtés d'une mère victime d'abus physiques et est elle-même accidentée de la route. "Cela a affecté la façon dont je touche les autres et dont ils peuvent me toucher", observe-t-elle. Vivement encouragée par ses clients, elle forme actuellement trois femmes, qu'elle a d'ores et déjà engagées, au diplôme de "câlineuse professionnelle". Une formation de quarante heures on ne peut plus sérieuse. "Il existe plus de cinquante positions, insiste Samantha. Je dois leur apprendre comment les appréhender, comment diriger le mouvement, les transitions, le ton de la conversation et la façon de gérer les clients." Ambitieuse, la jeune femme de 30 ans devrait rapidement exporter ses câlins dans le reste du pays.

Samanta Hess a récemment publié un livre, intitulé "Touch : the power of human connection". Elle y explore la science et la psychologie du "câlinage".

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