28 février 2015

La Russie renoncera aux médicaments étrangers...

Le but du nouveau projet de loi proposé par le ministère russe de l’Industrie et du Commerce est de porter à 90% la part des produits russes dans la liste des médicaments d’importance primaire ou vitale d’ici 2018. Le document a été concerté avec les ministères de la Santé publique, de l’Économie et des Finances ainsi qu’avec le Service fédéral anti-monopole.

Le journal Kommersant écrit qu’en cas d’adoption de ce projet, les compagnies étrangères seraient privées d’un marché dont le volume s’élève à 20 milliards de roubles (285 millions d’euros environ). Quant aux patients ayant droit aux médicaments subventionnés, ils seront traités avec des génériques à partir de 2017.

« Les auteurs du projet sont plutôt poussés par le business et les intérêts des acteurs concrets (du marché pharmaceutique, ndlr) que par les intérêts des patients et ceux du système national de santé dans son ensemble », a indiqué au journal Vladimir Chipkov, directeur exécutif de l’Association internationale des fabricants de produits pharmaceutiques.

Le directeur général de DSM Group Sergueï Chouliak précise de son côté que la plupart des compagnies pharmaceutiques ont déjà localisé leur production en Russie ou produisent sur commande. D’après lui, la loi concernera 41% du volume des médicaments achetés par l’État. Or, 18% d’entre eux sont produits par des fabricants locaux et 10% par des compagnies étrangères implantées en Russie, seul 13% du volume étant réellement visé par les restrictions.

Dans son interview au quotidien Rossiyskaya Gazeta, la vice-première ministre russe Olga Golodets a souligné que la priorité du secteur pharmaceutique russe était d’encourager la production des principaux médicaments. Interrogée sur la flambée des prix des médicaments d’importance primaire ou vitale importés, elle a répondu que le secteur pharmaceutique russe nécessitait des moyens financiers et du temps pour pouvoir concourir sur un pied d’égalité avec les produits pharmaceutiques étrangers. Et d’ajouter que des contrats à long terme seraient proposés aux fabricants de médicaments prêts à localiser leur production en Russie.

Le journal Meduza rapporte de son côté qu’à la fin de l’année 2014, les produits pharmaceutiques nationaux ne représentaient que 24% du marché russe des médicaments d’importance primaire ou vitale. Suite à la chute du rouble, le prix de ces médicaments a augmenté de 2 à 8% en Russie. Dans le même temps, les experts préviennent qu’en raison de la fluctuation des taux de change et de prix de vente strictement fixés, les compagnies pharmaceutiques nationales pourraient renoncer à la fabrication des médicaments bon marchés et, par conséquent, non rentables.

Le coprésident de l’Union panrusse des associations de patients, Iouri Joulev, a signifié dans une interview à la radio Écho de Moscou son hostilité à l’éventuelle substitution des importations. Selon lui, la diminution de la concurrence pourrait se répercuter sur la qualité des médicaments russes.

Le site Web de la chaîne Moskva24 citant le ministère de l’Industrie et du Commerce précise que la décision relative à la limitation des commandes des médicaments étrangers ne concernera pas les pharmacies privées. Elle s’appliquera aux commandes d’État destinées à satisfaire les besoins des hôpitaux, des cliniques et des pharmacies d’État.

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