19 décembre 2015

Etat d’urgence : un grenoblois dénoncé pour un drapeau pirate à sa fenêtre !

Le drapeau en question
L’affaire a fait du bruit sur les réseaux sociaux : un grenoblois a vu la police lui demander d’enlever un drapeau pirate mis à sa fenêtre. Selon les policiers, il a été dénoncé...

Pourquoi as-tu mis un drapeau pirate à ta fenêtre ? Combien de temps a-t-il tenu ? Sais-tu comment il a été reçu ?

Étant un poil anarchiste (sans non plus être impliqué dans quelconque mouvement), jamais inscris sur les listes électorales, jamais eu une quelconque confiance dans le système politique français (et mondial). J’ai trouvé ça drôle de faire un peu de provocation face à cette montée de “réappropriation du drapeau” comme ils appellent ça. Sauf que même sous le couvert de ne pas faire du nationalisme, j’ai quand même du mal avec le patriotisme ambiant qui me semble nauséabond.

Ma compagne est d’origine libanaise, et les problèmes de radicalisation et de guerres nous touchent peut-être plus que la plupart des gens. Alors c’est triste que ça arrive jusqu’à chez nous mais ça fait depuis 60 ans que le monde laisse couler…

Donc c’était à la fois :

- un hommage aux victimes, mais pas sous les couleurs de la France, sous les couleurs du noir et blanc pirates qui me convient mieux.

- un bon troll en plein centre ville de Grenoble au dessus du marché de Noël (place Grenette).

Je l’ai mis vers 13h et la police a débarqué vers 15h15, à priori c’est des gens qui se sont plaints (peut-être un malvoyant qui confond un drapeau de pirate et le drapeau de l’Etat Islamique.
Comment la police est-elle intervenue ?

Ils ont sonné directement chez moi à plusieurs reprises, je pense qu’ils doivent avoir des pass pour entrer dans les immeubles, j’ai pensé au facteur pour les calendriers… On était en train de faire la sieste avec ma compagne et ma fille de tout juste 2 semaines, ça a été un peu un choc quand j’ai vu 3 uniformes de la police nationale.

Ils m’ont d’abord demandé de confirmer à quel étage j’étais et combien de fenêtres donnaient sur la place avant de me demander si c’était moi qui avait mis ce drapeau de pirate. Ils m’ont ensuite demandé assez poliment de l’enlever que “ça ne passait pas bien étant donné la journée et que des gens s’étaient plaint”, j’ai alors essayé de prendre ça à la rigolade en disant “c’est comme ça qu’on défend la liberté d’expression ?”, bref ils ont continué d’insister et je ne me sentais pas bien à l’aise pour défendre mon droit à laisser ce drapeau…

J’ai donc accepté de l’enlever, ils ont pris ma carte d’identité et mon numéro de téléphone (aussi bien je suis sur écoute maintenant). Il n’y avait pas de menaces mais face à trois policiers je n’ai pas trop essayé de m’opposer, j’ai finalement conclu la conversation en lançant un “très bien je vais l’enlever, vive l’Etat totalitaire”.

C’est à ce moment là que je suis allé au balcon et que j’ai vu deux autres patrouilles en bas de l’immeuble (du coup ça faisait 7 au total), j’ai enlevé mon drapeau en criant “tout ça pour moi !?” et j’ai mis un ballon rose (ma première fille fête ses 5 ans demain alors j’en avais tout un tas de gonflés) en disant “ça va, ça !?”.

Que tires-tu de cette expérience ?

Je pense que si c’était à refaire j’irai jusqu’au bout. Que l’ignorance de la police leur fait faire vraiment n’importe quoi, on arrive à un abus de pouvoir inconscient par les forces de l’ordre. La peur des gens me fait craindre la montée du nationalisme décomplexé.

Qu’aimerais-tu éventuellement ajouter ?

Il y a moins d’un an après les attentats de Charlie, on proclamait haut et fort qu’on était le pays de la liberté d’expression et que l’humour était total, je me rends compte aujourd’hui qu’on est dans un état policier et que ce n’est plus l’humour total.
 

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