02 décembre 2015

L’appel des 58 couillons d’extrême gauche


Les oies blanches de Saint-Germain-des-Prés n’ont toujours rien compris au film. Ces petits marquis de la bien-pensance et leurs précieuses ridicules continuent de se rejouer la pièce, la même depuis trois décennies.

À « l’appel des 800 » lancé par Libération pour soutenir les migrants de Calais, Mediapart lance « l’appel des 58 ».

58 « personnalités » qui revendiquent le droit « de se réunir, de parler, de se rassembler et de manifester ses opinions ». Dans le viseur de leur chef de meute Edwy Plenel (tendance éclaireur, puisqu’il se prend pour le phare du monde libre), l’état d’urgence et la riposte policière aux échauffourées de ce dimanche soir place de la République.

Des personnalités, donc. Et de pures consciences. C’est le curé Noël Mamère et ses acolytes Olivier Besancenot (du NPA) et Jean-Baptiste Evrard (du DAL) qui ont sifflé leurs troupes. Car ces gens-là – ce n’est pas le moindre des paradoxes – répondent au coup de sifflet : les antimilitaristes au garde-à-vous, le petit doigt sur la couture du pantalon de para acheté aux puces, en rang dans les rangers, combattants du dimanche pour l’avènement du Grand Soir et rêve de guerre contre le fascisme d’opérette.

Les fidèles sont au rendez-vous : des rouges et puis des verts, la jolie Clémentine Autain pour les LGBT, Josiane Balasko pour les actrices XXL, Annie Ernaux pour les écrivains dépressifs, Jeanne Balibar pour le théâtre militant, Eva Joly pour l’écologie punitive… C’est « Au théâtre ce soir » en version remastérisée.

58 professionnels de la pétition en référence aux personnes « signalées au parquet après avoir participé à une manifestation de soutien aux migrants le 22 novembre, malgré l’interdiction émise par la préfecture après les attentats de Paris et Saint-­Denis », qu’ils disent. 
Parce que, pour ces gens-là, nous sommes tous coupables devant l’humanité souffrante et que, au fond, ce qui nous arrive avec les fous d’Allah n’est qu’un juste retour des choses : la punition de l’homme blanc. Et s’ils ne le disent pas comme ça, c’est bien là le fond de leur pensée.

Ainsi, les casseurs qui ont bombardé les centaines de policiers massés dimanche place de la République à coups de bougies et de boules de pétanque ne seraient que les malheureuses victimes d’un État scandaleusement répressif. Des « zadistes », ce qui évite de nommer les nervis de l’extrême gauche. En somme, des cœurs purs face à l’ordre fascisant. Mais que dire, alors, des Veilleurs et autres paisibles pères de famille interpellés l’autre année dans les Manifs pour tous ? Les 58 ont-ils alors pétitionné contre l’État répressif ? Edwy Plenel a-t-il pris la plume pour défendre leur liberté bafouée ? Leur a-t-il ouvert ses colonnes et ses pages ?

Les oies blanches de Saint-Germain-des-Prés n’ont toujours rien compris au film. Ces petits marquis de la bien-pensance et leurs précieuses ridicules continuent de se rejouer la pièce, la même depuis trois décennies. Le monde est tout amour, il suffit de se le dire, le répéter. Il faut ouvrir les bras, accueillir la misère, tendre la joue gauche quand on nous frappe la droite, comprendre la souffrance de l’islamiste, « relativiser », s’ouvrir…

Qu’espèrent-ils, au fond, tous ces beaux esprits : mourir en martyrs, eux aussi ? Être sacrifiés sur l’autel du socialisme pour que leur nom brille éternellement au Panthéon des libertaires ?

Qu’ils se méfient : la gloire n’est jamais assurée. En janvier, nous étions tous Charlie. Dix mois plus tard, Charlie est à l’agonie et ses survivants se sont entre-déchirés. 
 
Marie Delarue
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