05 mars 2016

Fessenheim : Une catastrophe nucléaire majeure évitée de justesse


Selon la presse allemande, l'incident qui s'est produit en 2014 à la centrale de Fessenheim était bien plus grave qu'annoncé. Le réacteur a été hors contrôle durant plusieurs minutes.

La centrale nucléaire française de Fessenheim, située à environ 50 km de Bâle, suscite de vives critiques depuis plusieurs années. Selon les opposants, dont Greenpeace, elle n'est pas sûre et devrait être rénovée. Et les craintes des activistes semblent fondées si l'on croit la presse allemande de ce vendredi. Diaporama La Suisse et ses centrales nucléaires La centrale nucléaire «devrait être fermée le plus vite possible»

La centrale nucléaire française de Fessenheim est «trop vieille» et «devrait être fermée le plus vite possible», a dit vendredi un porte-parole de la ministre allemande de l'Environnement Barbara Hendricks. La membre du parti social-démocrate (SPD) a déjà par le passé exprimé cette position sur Fessenheim, la plus vieille centrale du parc nucléaire français.

«Pour nous il est très clair que Fessenheim est très vieille, trop vieille pour être encore en activité», a dit son porte-parole, interrogé lors d'un point de presse régulier du gouvernement. «La ministre demande à ce que (la centrale) soit fermée le plus vite possible», a-t-il ajouté. «Évidemment, un réacteur aussi âgé a beaucoup de problèmes techniques», a-t-il dit, et «pour nous des réacteurs aussi vieux représentent un risque sécuritaire». Il a évoqué «les inquiétudes des habitants des régions frontalières», alors que des élections régionales sont prévues dans le Bade-Wurtemberg (sud-ouest) le 13 mars

Selon le WDR et la «Süddeutsche Zeitung», l'incident qui avait provoqué l'arrêt d'un réacteur en 2014 était bien plus grave et dangereux qu'estimé. Le 9 avril de cette année, aux alentours de 17h00, des employés avaient constaté des flaques d'eau dans la chambre de contrôle du réacteur 1. L'eau de refroidissement avait débordé en raison d'une conduite d'évacuation bouchée.

«Un chaos sans précédent»

Après vérification, les employés avaient constaté que l'eau s'était également infiltrée dans trois couloirs situés plus bas, dans lesquels sont stockés des armoires électriques. Conséquence: l'alarme s'était déclenchée.

Ce qui a suivi n'était rien d'autre qu'«une série de défaillances techniques et un chaos sans précédent», écrit le quotidien allemand, qui est parvenu à se procurer une lettre de l'autorité française de sûreté nucléaire adressée à l'ancien chef de la centrale, lui demandant des explications.

Produit chimique en dernier recours

On apprend ainsi que les employés auraient essayé, dans un premier temps, de bouger les barres de commande du réacteur 1. Plus ces barres sont plongées dans le noyau du réacteur, plus la réaction nucléaire est ralentie. Mais apparemment, les barres n'ont pas pu être manoeuvrées. Les collaborateurs auraient ensuite constaté dans un deuxième temps qu'un des deux systèmes de sécurité avait été endommagé et mis hors service par l'eau. Conséquence: durant plusieurs minutes, la température du réacteur aurait échappé au contrôle des employés, qui ont fini par injecter un produit chimique dans le système de refroidissement.

Manfred Mertins, expert en sécurité nucléaire interrogé par le WDR, analyse la situation: «L'eau n'aurait pas dû s'infiltrer, surtout pas au niveau des barres de commandes. Qu'une barre ne soit plus utilisable est intolérable!» Et d'ajouter: «Il s'agit ici d'un danger bien réel pour la population», cite Watson
 

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