04 mai 2016

JUPPÉ : Arrogance et autisme


Les propos tenus le 25 avril devant des étudiants de l’IEP de Bordeaux par monsieur Juppé au sujet du général de corps d’armée Bertrand Soubelet sont parfaitement incongrus et incompréhensibles au regard des responsabilités qui lui ont été confiées dans le passé et de celles auxquelles il aspire pour l’avenir proche.

« Un militaire, c'est comme un ministre : ça ferme sa gueule ou ça s'en va »
Non, monsieur Juppé, un officier général n’est pas un ministre qui passe d’un ministère à un autre souvent sans connaître grand-chose aux matières qu’il est amené à y traiter.
Un officier général, en situation de responsabilité, possède une compétence indiscutable et indispensable pour permettre aux dirigeants politiques (Président, ministres et élus) de prendre les meilleures décisions en toute connaissance de cause. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle le général Soubelet a été auditionné !

Les militaires, y compris ceux qui appartiennent au haut commandement, ont donc le devoir de s’exprimer devant les élus et les Français avec la plus grande franchise.
Refuser les analyses et les propositions de ceux qui possèdent la connaissance précise des réalités, c’est faire preuve d’un autisme qui explique sans aucun doute bien des problèmes que la France rencontre sans les traiter au fond parce que ses dirigeants ne savent pas écouter et donc comprendre et décider avec intelligence.

Dire d’autre part que : « Les militaires ont le droit de penser mais il y a des limites à ne pas dépasser » est non seulement inconvenant mais proprement scandaleux. C’est la marque d’une suffisance voire d’une arrogance détestables souvent attachées d’ailleurs à l’image que les Français ont de l’auteur de cette sentence. Qu’aurait dit monsieur Juppé si l’on avait appris que le général Soubelet avait caché la vérité à la représentation nationale ? Aurait-il félicité ce général d’avoir menti par omission ?

En écoutant ces propos, on comprend bien pourquoi les Français disent ne plus avoir confiance en une classe politique autiste.

Ils souhaitent maintenant des chefs francs et clairvoyants, courageux et animés du seul souci de servir l’intérêt général.

En considérant les militaires comme de simples exécutants muets, monsieur Juppé exprime en fait sa volonté de voir une caste politicienne conserver le pouvoir et ses prérogatives, en faisant taire les Français qui veulent ardemment sortir la France de l’impasse dans laquelle elle se trouve.

Monsieur Juppé, en ce centième anniversaire de la bataille de Verdun, l’Histoire nous rappelle qu’on ne conduit pas la France à la victoire et au succès contre les Français ou sans eux.
Cela est d’autant plus vrai quand on aspire à devenir le chef des armées et qu’on se permet de faire de la démagogie sur le dos des soldats français.

Henri PINARD LEGRY
Officier général en 2ème section
Président de l’ASAF
Vu ici

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