23 mai 2016

Molières

Après des Oscars so white, des Molières 2016 désespérément blancs, dénonce dans une tribune publiée sur Télérama.fr, le collectif Décoloniser les art. Qui appelle à un rassemblement le lundi 23 mai.

Lundi 23 mai se tiendra à Paris la cérémonie des Molières 2016, destinée à récompenser les meilleur.e.s artistes du théâtre public et du théâtre privé français.

Dans la catégorie acteurs et actrices nommé.e.s (34 au total) combien de noirs, d'asiatiques, d'arabes, de maghrébins, de latins ?
Zéro. Que des blancs. Des Molières désespérément blancs.

Sur plus de 86 artistes nommé.e.s dans 19 catégories, on compte en tout et pour tout :
1 seule artiste issue « de la diversité », dans catégorie humour.

Parmi les metteur.ses en scène nommé.e.s
Zéro. Que des blancs
Que des hommes.

De l'espoir du coté des auteurs francophones ? Il y aura bien quelques noirs ? Arabes ? Asiatiques ? des auteurs venus de Guadeloupe, de Martinique, de Guyane, La Réunion, du Congo, du Togo, d’Algérie, de Tunisie, du Vietnam ou d’ailleurs ?
Zéro.

En 2016, les Molières sont donc monochromes : reflet du milieu théâtral, artistique et culturel français, reflet d’une société qui tourne le dos à une partie d’elle même et s’étonne que certains puissent s’éloigner.

Les Molières sont coupables d'un sale racisme d'omission.

Lors de la Cérémonie 2015, des voix et des articles de presse avaient déjà dénoncé l’absence de diversité dans le palmarès des interprètes. Et suite aux récents débats sur la diversité culturelle il est étonnant qu’ils aient pu ignorer ces problématiques cette année encore.

Molières, labélisés saison blanche. À nouveau.

Un racisme d’omission qui choque par cette réitération.

85 + 1
Silence
De la profession.

Le dernier non-blanc à recevoir un Molière était Jean-Michel Martial en 2004.
Il y a 12 ans.

N'est-il pas temps de récompenser un théâtre pour tous de tous ? Tous les français ? Bleu Blanc Rouge, inclusif des couleurs de la société Française ?

Oui, on aurait espéré un symbole. Oui, venant de la Culture, cela aurait été bienvenu, un symbole. Et plus encore un engagement pour la justice. Contre le racisme, contre les replis culturels, nationalistes et identitaires, contre la peur généralisée, contre la haine de l'autre, on aurait pu célébrer une culture riche de sa diversité. Une culture commune. Quand 30% de la population française n'est pas blanche et n'a aucun moyen de se reconnaître dans la moindre idée de culture commune, oui, de communauté à l'échelle d'un pays.

Quand un pays a désespérément besoin d’un récit commun.

La pratique de la Culture se doit d’être pour chacun et chacune l’endroit et le moment d’une célébration partagée, d’un lien social renoué, entre les individus quelles que soient leurs classes, leurs origines, leurs religions ou leurs couleurs de peaux.

Il arrive de temps en temps qu’elle le soit dans le public comme dans le privé mais visiblement pas pour l’Académie des Molières.

Ils sont pourtant bel et bien là et talentueux les acteurs, les actrices, les auteur.e.s, les metteurs, les metteuses en scène des toutes les origines, de toutes les cultures et de toutes les appartenances ethniques.

Là mais trop souvent et volontairement ignorés.

Les Molières méprisent la diversité de la population française, de la communauté artistique française et cultivent leur entre-soi. Encore une fois.

Alors qu'ils aillent au diable ces Molières.
Irresponsables.

David Bobée et Yann Gael
Pour le collectif Décoloniser les arts

Source 
Les Molière, comme théoriquement d'autres prix, ne contribuent pas à une reconnaissance symbolique, donc politique, ce qui serait stupide. Ils récompensent le talent tout simplement.
La couleur, quelle qu'elle soit, n'est pas un indice de talent...

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