01 juin 2016

La classe des milliardaires et les peuples


Il semble qu'un phénomène très important se prépare au plan mondial: une prise de conscience par les peuples de l'exploitation qu'exerce sur eux la classe des milliardaires.

Appelons milliardaires les 3% de population qui, selon des études désormais indiscutables, détiennent entre 50 à 70% des ressources du monde. Il faut parler de classe, selon le terme marxiste, car ces milliardaires se sont malgré quelques rivalités internes, associés en tous pays pour prendre le pouvoir et le conserver. La plupart sont des actionnaires et patrons de grandes entreprises, mais beaucoup sont de simples spéculateurs formant ce que l'on nomme la finance, sans mentionner divers super-riches et « people » qui vivent de richesses accumulées par leurs prédécesseurs. .

Appelons peuples les 97% de population qui subissent l'exploitation imposée par les milliardaires. Il s'agit de catégories très diverses, salariés, petites et moyennes entreprises industrielles, agricoles ou coopératives, retraités, chômeurs. On y ajoutera dans les pays pauvres, les centaines de millions de personnes qui n'ont aucun droit sauf celui de survivre au moindre cout.

Appelons exploitation le fait que les milliardaires, ayant pris en mains tous les instruments du pouvoir politique, sont désormais capables de récupérer à leurs profit l'ensemble des valeurs ajoutées produites par le travail des peuples, en maintenant ceux-ci dans des situations aussi proches que possible du minimum vital. Ce minimum vital est calculé différemment selon les pays et les niveaux d'exploitation subis par les différentes couches de travailleurs, mais en aucun cas il ne laisse aux plus favorisés de ceux-ci les moyens d'entrer en compétition avec les milliardaires.

Que font les milliardaires des produits de leur exploitation ? 
 
Le temps n'est plus où ils investissaient dans de grands chantiers productifs. Le premier emploi consiste à financer des moyens militaires pour maintenir sous leur domination ceux des peuples qui voudraient s'en affranchir. Pour le reste il s'agit de dépenses somptuaires dont ils sont les seuls à profiter. Ils utilisent par ailleurs différents moyens médiatiques pour empêcher les peuples de prendre conscience des inégalités qui leur sont imposées. Qui s'indigne des vastes propriétés ou yachts de luxe que certains milliardaires n'hésitent pas à exhiber face à des millions de chômeurs? 
 
Début de prise de conscience

Ce début de prise de conscience par les peuples de l'exploitation imposée par les milliardaires se traduit par des résistances commençant à s'exercer au niveau des institutions politiques. C'est le cas aux Etats-Unis où de nouvelles couches électorales se dégagent dans la perspectives des élections présidentielles. Des millions d'électeurs nouveaux ont rejoint Donald Trump et Bernie Sanders, espérant trouver en eux des défenseurs de leurs intérêts, complètement sacrifiés par les hiérarques tant du parti républicain que du parti démocrate. Si Trump ou Sanders les trahissent finalement, ils ne rentreront sans doute pas facilement dans le rang.

C'est le cas en France où une résistance populaire inattendue contre une loi Travail marquant un recul considérable des droits des salariés s'exprime actuellement, avec remise au premier rang de syndicats comme la CGT qui depuis des années avaient paru oublier de jouer leur rôle historique de défense des travailleurs. Des mouvements analogues pourront sans doute apparaître ou s'étendre dans les autres pays européens. Ils échoueront probablement face aux résistances gouvernementales instrumentées par les milliardaires, mais ils laisseront cependant des traces.

C'est aussi le cas en Russie, où des intérêts nationaux dénoncés comme traditionalistes commencent à faire pression sur Vladimir Poutine pour que celui-ce combatte enfin l'influence prise par des oligarques complices de Wall Street depuis la chute de Boris Eltsine et conservée depuis. C'est aussi le cas en Chine. Autant que l'on puisse juger malgré l'opacité du régime, des opposants issus de couches sacrifiées par les ambitions spéculatives des nouveaux milliardaires chinois commencent à s'exprimer.

Bien évidemment, partout dans le monde, les divers médias financés par la classe des milliardaires font silence sur ces résistances ou tentent de les diffamer. Mais l'écho donné aux luttes par la mondialisation des réseaux numériques commence à se faire sentir, malgré la résistance des porte-voix officiels. C'est ainsi que le seul fait de parler d'une classe des milliardaires, comme les premiers marxistes en leur temps avaient parlé d'une classe des prolétaires opposée à celle des possédants, est gros de conséquences politiques. Les super-riches et super-dominants, qui jusqu'ici se rendaient invisibles grâce aux différents visages qu'ils affichaient, apparaitront comme ce qu'ils sont: une pieuvre organisée pour dominer le monde.

Ce qu'ils ne disent pas est que vraisemblablement leurs abus de toutes sortes pourraient entrainer en 50 ans la disparition de l'humanité toute entière.

Jean-Paul Baquiast


Notes

1) Aux Etats-Unis, la peur qu'inspire aux dominants la CGT française commence à se traduire dans les médias. Ainsi le site Zerohedge, qui se présente comme anti-système, vient de publier un article véritablement ignoble sur les mouvements de grève en France. Notons cependant que pour Philippe Grasset, excellent connaisseur des médias anti-système américains, cet article peut s'expliquer compte-tenu de considérations propres aux diverses variétés d'anti-systèmes aux USA.
http://www.zerohedge.com/news/2016-05-30/only-francethe-right-disconnect?page=1

2) Sur les Etats-Unis mais surtout sur la Russie, voir Philippe Grasset : http://www.dedefensa.org/article/le-grand-retournement

3) Sur la Chine, voir un article émanant certes d'un organe de Hong Kong mais qui semble bien informé:
http://www.scmp.com/comment/insight-opinion/article/1919092/dont-listen-ruling-elite-world-economy-real-trouble

Source

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.