George Pau-Langevin, 67 ans, avait fait part depuis quelque temps de sa volonté de récupérer son poste de député de la 15e circonscription de Paris (20e arrondissement), actuellement détenue par sa suppléante, la frondeuse Fanélie Carrey-Conte, et elle souhaitait quitter le gouvernement à l'automne, a-t-on précisé dans son entourage mardi.
« Personne ne pensait que ce serait aujourd'hui »
Mais le départ d'Emmanuel Macron mardi a précipité les choses, l'exécutif ne souhaitant pas faire deux remaniements à quelques mois d'intervalle et juste avant l'élection présidentielle. « Personne ne pensait que ce serait aujourd'hui », a-t-on assuré de même source. Sa démission a d'autant plus surpris que la ministre avait tenu quelques heures avant cette annonce un point de presse de rentrée au ministère des Outre-Mer, au cours duquel elle avait évoqué les prochains dossiers, comme la création de la future Cité des Outre-Mer, promesse de campagne de François Hollande, dont le lieu doit être prochainement annoncé, ou encore la loi égalité réelle outre-mer, qui doit être examinée en séance publique le 4 octobre.
La ministre, qui se félicitait d'entamer sa « troisième rentrée », devait aussi recevoir samedi au ministère la 2e édition du Campus Outre-Mer, destiné à aider les étudiants ultramarins. Elle n'avait pas laissé supposer un quelconque départ, se contentant de confier son envie de retrouver son poste de député et de cultiver sa passion pour « le droit ». Dans un communiqué, elle a précisé vouloir « retrouver le contact avec le terrain ».
Bataille
Née à Pointe-à-Pitre, George Pau-Langevin avait été sur la sellette lors du remaniement de février, mais elle avait finalement conservé son ministère, obtenu en avril 2014 après le départ du socialiste Victorin Lurel, parti tenter la bataille des régionales en Guadeloupe. Avant les Outre-Mer, George Pau-Langevin avait été ministre déléguée à la Réussite éducative.
Dans son communiqué, le président de la République l'a remerciée « pour la politique qu'elle a menée pour les outre-mer ». George Pau-Langevin a notamment présenté plusieurs « plans » outre-mer : plan jeunesse (dont elle devait faire le bilan jeudi), plan logement, plan santé, plan sécurité. Elle a également dû désamorcer la crise à Mayotte en avril dernier, lorsqu'un conflit social a paralysé l'île pendant plusieurs semaines, combiné à plusieurs nuits de violences urbaines.
« La France décrite par Mme Morano n'est pas la mienne »
À 49 ans, Ericka Bareigts, qui lui succède, est la première ministre des Outre-Mer issue de La Réunion. Avant son entrée au gouvernement en février, elle était une députée engagée de longue date au PS et active à l'Assemblée entre autres sur les sujets ultramarins. Elle a par ailleurs siégé au Conseil représentatif des Français d'outre-mer (Crefom), puissant lobby d'outre-mer, dont elle a été la vice-présidente.
La voix toujours assurée, Ericka Bareigts avait été au centre d'un moment fort dans l'hémicycle fin septembre 2015. Quelques jours après les propos de Nadine Morano sur la France, « pays de race blanche », elle a lancé : « Pour moi, députée noire de la République, la France décrite par Mme Morano n'est pas la mienne », déclenchant une ovation debout de la gauche. Élue conseillère régionale en 2010 et députée de la première circonscription de La Réunion (Saint-Denis) en 2012, elle a aussi été secrétaire nationale du PS aux outre-mer.
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