28 octobre 2016

Fragiles du haut : Banquier jugé pour torture


Les jurés au procès de Rurik Jutting, banquier britannique accusé du meurtre de deux Indonésiennes à Hong Kong, ont vu mardi des images insoutenables des tortures infligées à l'une des victimes, dont le corps en décomposition avait été retrouvé dans une valise sur son balcon.

L'ancien trader de 31 ans, qui travaillait pour la Bank of America Merrill Lynch, est jugé pour meurtres par la Haute cour de l'ancienne colonie britannique.

Il a plaidé non coupable de ces chefs, reconnaissant simplement deux homicides involontaires pour cause de responsabilité diminuée.

Sumarti Ningsih, 23 ans, et Seneng Mujiasih, 26 ans, avaient été découvertes mortes le 1er novembre 2014 dans l'appartement haut de gamme de l'accusé dans un immeuble résidentiel de Wanchai.

Ce quartier de bureaux et de restaurants est également connu pour être un lieu de prostitution fréquenté par les expatriés.

Selon l'accusation, Sumarti Ningsih, à qui le trader avait proposé des relations sexuelles tarifées, a été torturée pendant trois jours à compter du 25 octobre 2014, avant d'être tuée dans la douche avec un couteau-scie.

Jutting a ensuite mis son corps dans une valise, qu'il a entreposée sur son balcon, avant de partir à la recherche de sa seconde victime, avait expliqué lundi l'avocat général John Reading au premier jour du procès.

L'accusé a filmé des scènes de torture avec son iPhone, dont une vingtaine de minutes ont été montrées aux jurés sur des écrans individuels.

Les journalistes n'ont pas vu les images en question mais entendaient le bruit de coups multiples, alors que Jutting ne cessait de demander à Sumarti Ningsih si elle l'aimait.

- 'Défoncé à la coke'-

"Tu veux que je te frappe ? Si tu dis "oui", je te frappe une fois. Si tu dis "non", je te frappe deux fois. Si tu cries, je te frappe à coups de poing, tu comprends?"

L'accusation a ensuite diffusé des clips de Jutting, torse nu, en train de parler à la caméra: "Il y a environ cinq minutes, j'ai tué cette femme", dit-il. "J'ai pris beaucoup de coke. Je l'ai sérieusement torturée. Trois jours de tortures, de viols, d'abus mentaux, je n'ai jamais vu personne avoir aussi peur".

Le banquier poursuit en parlant de ses "fantaisies noires". "Quand je suis défoncé à la coke, j'ai tendance à faire le mal".

Il explique aussi que le sentiment de domination est "addictif": "Je suis un peu triste parce que c'était quelqu'un de bien, mais je ne me sens pas vraiment coupable".

La veille, l'avocat général avait expliqué qu'elle avait été torturée à l'aide de pinces, de sex toys et d'une ceinture. Elle avait également été contrainte à lécher les parois de la cuvette des toilettes.

Le 31 octobre, l'ancien trader avait proposé à Seneng Mujiasih des relations sexuelles en échange d'argent, à son domicile. Il lui avait tranché la gorge peu après, lorsqu'elle s'était mise à crier à la vue d'un baillon dans le salon.

Jutting montre à la caméra les instruments de "torture" rassemblés à son intention, y compris un chalumeau. "Il n'y aura aucune rédemption pour moi", dit-il.

En arrivant sur place, les policiers l'avaient trouvée gisant nue dans une mare de sang, avec des entailles au niveau du cou et des fesses. Le corps de la première victime n'avait été découvert que plusieurs heures après.

L'accusé avait les yeux fermés au moment de la diffusion des vidéos.

Hong Kong est généralement considérée comme très sûre et cette affaire a révélé sous un jour cru les moeurs de certains jeunes banquiers occidentaux.

Les organisations de soutien au migrants ont réclamé justice pour les deux femmes et des dédommagements pour leur famille. Mujiasih est arrivée à Hong Kong avec un visa de domestique, Ningsih avec un visa touristique.

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