07 novembre 2016

Valls et Belkacem publient un décret contre le hors contrat et l’école à la maison


Discrètement, en pleines vacances de la Toussaint, le Premier ministre Valls et le digne successeur de Peillon, le ministre de l’éducation nationale Belkacem, ont publié un décret qui renforce le contrôle étatiste sur l’instruction dans la famille et les établissements d’enseignement privé hors contrat. L’école à la maison et les écoles indépendantes sont toujours dans le collimateur du pouvoir socialiste qui s’appuie, il faut le dire, sur un corps législatif patiemment élaboré depuis des décennies par la droite comme par la gauche, et qui ne demande qu’à être mis en œuvre. Le décret, véritable instrument de dictature, met en place un contrôle des contenus des connaissances que les enfants sont censés recevoir partout, dans le public comme dans le privé et à la maison.

Le contrôle du contenu des connaissances de tous les enfants organisé par décret

C’est une manière de rendre conforme l’enseignement dispensé en dehors du cadre directement contrôlé par l’État en obligeant chacun, directeurs, enseignants, parents d’élèves scolarisés à la maison, responsables de transmettre aux jeunes les « connaissances et compétences attendues à la fin de chaque cycle d’enseignement de la scolarité obligatoire ». Pour parler plus clairement, cela veut dire que les écoles hors contrat et les parents qui instruisent leurs enfants à domicile doivent respecter les programmes officiels en s’assurant qu’à plusieurs étapes de la scolarité, tous les élèvent en aient acquis essentiel.

Ironie involontaire, les décrets parlent de la nécessaire « vérification de la progressivité des apprentissages » : sachant que l’enseignement de la lecture, des mathématiques, de la grammaire, de l’histoire est tout sauf progressif dans les programmes officiels qui font plutôt à désapprendre à lire, à compter, et à comprendre l’écrit et l’héritage culturel, on serait tenté de rire aux éclats. Hélas, c’est le plus souvent une tragédie du décervelage qui se produit sous nos yeux dans les écoles contrôlées par l’Etat. Si tant de parents choisissent le hors contrat ou l’école à la maison, avec tous les sacrifices que cela suppose, c’est justement pour y échapper.

Valls et Vallaud-Belkacem publient un décret contre le hors contrat et l’école à la maison

Et c’est intolérable, du point de vue d’un Etat aussi socialiste que tyrannique. L’école de la République ne supporte pas de voir ses proies lui échapper et ce d’autant qu’elle est chargée de transmettre tous les faux dogmes de la pensée unique.

Aux termes du décret, « l’autorité de l’Etat compétente en matière d’éducation peut désormais se référer » à ces objectifs de compétences. L’exposé des objectifs du décret précise curieusement que cette vérification se fera « en tenant compte des méthodes pédagogiques retenues par l’établissement ou par les personnes responsables des enfants qui reçoivent l’instruction dans la famille ». Est-ce à dire que ces méthodes, à défaut des contenus, restent libres ? Quoi qu’il en soit, le décret ouvre un droit de regard des inspecteurs sur lesdites méthodes. Il est difficile de croire que tout cela soit innocent, même si plus loin le décret affirme qu’il faut tenir compte « des choix éducatifs effectués et de l’organisation pédagogique propre à chaque établissement ».

Le « socle commun des connaissances » est au cœur du décret. Il a été mis en place à l’origine en 2005 par la loi d’orientation sur l’école de François Fillon, et d’emblée, il contenait des références à la mixité sociale et sexuelle, à la proscription des stéréotypes culturels assignant des rôles ou des métiers plutôt au garçon ou fille. On y trouvait aussi l’enseignement de langues étrangères avant même que le français ne soit maîtrisé, la dangereuse omniprésence de l’informatique…

La fin de la vraie liberté pour les écoles hors contrat ?

D’emblée, ce socle commun était conçu pour s’adresser à tous les élèves, quel que soit leur type de scolarisation. En pratique, l’inspection académique n’a pas les outils juridiques pour en exiger un suivi rigoureux. C’est cela qui change avec le nouveau décret du 28 octobre 2016, entré en vigueur au lendemain de sa publication au Journal officiel. Et c’est d’autant plus inquiétant que le socle commun a été totalement refondu en cette année 2016, sous le regard d’un pouvoir socialiste encore plus néfaste que celui de Fillon et de ses successeurs. Cela mériterait une analyse approfondie.

En pratique, le code de l’éducation est donc modifié en ce sens :

« Lorsque l’enfant reçoit une instruction dans la famille, le contrôle de l’acquisition des connaissances et compétences prescrit par l’autorité de l’Etat compétente en matière d’éducation se déroule sous la forme d’un entretien avec les personnes responsables de l’enfant soumis à l’obligation scolaire, le cas échéant en présence de ce dernier. Les personnes responsables de l’enfant précisent notamment à cette occasion la démarche et les méthodes pédagogiques qu’elles mettent en œuvre. L’enfant effectue ensuite des exercices écrits ou oraux, adaptés à son âge et son état de santé, destinés à apprécier ses acquisitions dans le cadre fixé aux articles D. 131-12 et R. 131-13. »

Manuel Valls et Najat Belkacem préparent l’interrogatoire des enfants

Bref, à chaque fin de cycle – depuis 2014, fin de la grande section de maternelle si l’enfant est en âge d’obligation scolaire, fin de CE2, fin de 6e, fin de 3e – l’enfant peut être individuellement soumis à un examen, voire à un interrogatoire taillé sur mesure pour vérifier que son cerveau a bien été formaté selon les exigences du socle commun. Avant lui, ses parents ou professeurs auront pu être interrogés sur leur manière de travailler. Il faut se rappeler que ce type d’inspection peut donner lieu à des injonctions de la part des autorités de l’éducation nationale, et même des à des interdictions ou des fermetures d’établissements.

Ce droit de regard qui se transforme en véritable mainmise ne tient pas compte des exigences de la réalité qui obligeait déjà parents et écoles hors contrat à préparer leurs enfants ou élèves à passer des examens communs : brevet ou baccalauréat. Par ce biais, on pouvait déjà s’assurer théoriquement que les jeunes ainsi scolarisés recevaient le bagage minimum pour entrer dans la vie active. En théorie, parce que le baccalauréat et plus encore le brevet ont été fortement dévalorisés pour correspondre au faible niveau de l’instruction dispensée dans les écoles sous contrôle public : de manière générale, les élèves qui sortent d’un lycée hors contrat en savent bien plus !

C’est ce qui laisse entendre que le contrôle sur le fond du socle commun sera plus idéologique.

Le décret ne précise pas si ces vérifications seront systématiques : l’avenir le dira. Mais le gouvernement vient d’affiner les outils de sa tyrannie.

Anne Dolhein

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