15 janvier 2017

Compiègne : le bailleur va "abandonner les immeubles aux trafiquants"


Compiègne. L'Opac, bailleur social, a décidé "d'abandonner plusieurs immeubles du quartier au dealeurs".

« Nous allons proposer aux derniers locataires un relogement, puis nous couperons le gaz, l’eau et l’électricité avant d’abandonner ces immeubles aux trafiquants de drogue. L’étape suivante sera la démolition. » Lassé par « les trafics incessants qui pourrissent la vie des habitants du Clos-des-Roses », marqué par la nuit de violence, en avril, au cours de laquelle des vigiles avaient été agressés et le centre technique municipal incendié, le conseiller départemental et président de l’Opac de l’Oise, Arnaud Dumontier (LR), a décidé de frapper fort.
Le bailleur gère 454 logements dans ce quartier de 4 000 habitants, dont près de 300 ont été rénovés entre 2010 et 2015 pour 9,6 M€, dont 6,5 M€ fournis par l’Opac.

Selon l’élu, deux immeubles du square Baudelaire seront concernés. Des lieux régulièrement cités au tribunal de Compiègne. « La cage d’escalier n° 2, puis la n° 4, la 9, on fait le tour », ironisait il y a peu un magistrat. « La moitié des appartements sont vides, personne ne veut y aller, assure Arnaud Dumontier. Une vingtaine sont encore occupés mais les habitants demandent à partir. »

Pour l’élu, il y a urgence : « Les réseaux de gaz et d’électricité sont détournés dans les logements vides, je ne vais pas attendre qu’un immeuble explose. » Il dit avoir tout essayé. « Nous avons rénové, sécurisé les halls et les portes, installé des caméras et mis des vigiles, poursuit-il. Nous sommes allés au ministère de l’Intérieur, qui nous avait promis une intervention d’ampleur avant la fin de l’année. Nous n’avons rien vu venir. Ce territoire est abandonné par la République. »

A Compiègne, la décision du bailleur surprend. « Est-ce que c’est la solution ? Je n’en sais rien, soupire le maire (LR), Philippe Marini. C’est une proposition intéressante mais pas forcément réaliste. Il faudrait peut-être penser à la concertation plutôt qu’à la communication. » Oumar Ba, conseiller municipal, délégué au Clos-des-Roses, tient à peu près le même discours. « Je comprends la frustration de l’Opac, indique-t-il. Mais il y a peut-être d’autres solutions, qui ne donnent pas raison aux dealeurs. » 
Lui ne croit pas à l’abandon du quartier par l’Etat : « C’était peut-être vrai il y a quelque temps, mais la police fait maintenant un vrai travail, il faut juste du temps pour que cela se voit. »

« On stigmatise constamment le quartier »

Interrogés, les habitants sont divisés sur l’initiative de l’Opac de l’Oise. « On stigmatise constamment le quartier, s’agace un homme. Il y a du trafic, mais on les laisse tranquilles et ils nous laissent tranquilles. » 

Au contraire, une de ses voisines se réjouit. « Je n’ose pas inviter ma propre famille à la maison, assure-t-elle. Non pas que j’ai peur, mais cela ne donne pas une très belle image. »

Une vingtaine de logements inoccupés en moins, ce serait surtout une mauvaise nouvelle pour les commerçants de la rue Alexandre-Dumas. La destruction d’immeubles, lors de la grande rénovation du quartier, ce sont autant de clients en moins. Certains ont été relogés ailleurs. Les nouvelles constructions sont plus petites. Les chiffres d’affaires s’en ressentent. « Si on fait encore partir du monde, comment on va faire ? », s’inquiète une commerçante.

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