16 février 2017

Changement possible dans la position russe sur la Novorussie


Il se passe quelque chose d’intéressant en Russie. Le récent assassinat de Givi (lieutenant colonel Mikhail Sergueïevitch Tolstych) y attire BEAUCOUP l’attention des principaux organes de presse, beaucoup plus que tous les autres assassinats de commandants novorusses. En outre, une majorité des personnes importantes invitées à exprimer leur opinion semble en général être d’accord sur un certain nombre de conclusions :
  • Porochenko est quasiment parti et il est fini.
  • Les Ukronazis ont pratiquement déclaré officiellement que Minsk-2 était mort.
  • Les Ukronazis ont pratiquement déclaré officiellement qu’ils sont en guerre avec la Russie.
  • Les Ukronazis ne veulent aucune solution négociée.
  • Les Ukronazis ont maintenant décidé qu’une attaque militaire contre la Novorussie est la seule solution.
Le lieutenant colonel Mikhail Sergueïevitch Tolstych, alias « Givi » Il est intéressant d’observer que la quantité effective des tirs d’artillerie ukronazis a en fait énormément diminué au cours des dernières 48 heures, et que pourtant, selon tous les rapports, les Novorusses restent dans une situation d’avant la guerre. Si le but de l’assassinat de « Givi » était de démoraliser les Novorusses, alors il a atteint l’effet exactement opposé : les Novorusses bouillonnent de colère.
Aparté :

Ceux qui m’ont critiqué pour avoir écrit que l’assassinat de « Motorola » était le symptôme d’un important problème novorusse et qu’un tel meurtre n’aurait pas pu se produire sans des complices locaux, font profil bas cette fois-ci. Ce n’est pas tant dû à quelque sentiment de culpabilité d’avoir été si aveugles, mais au fait qu’en Russie et en Novorussie, la question des complices sur place est maintenant mentionnée ouvertement. Bien – mieux vaut tard que jamais. Si la reconnaissance du fait que les services de sécurité et de contre-espionnage novorusses ont un besoin urgent de l’aide du FSB peut sauver même une seule vie, disons celle de Zakharchenio (qui est aujourd’hui ouvertement menacé par les Ukronazis comme étant le « prochain »), alors il vaut la peine de faire un aveu aussi douloureux.

Fait intéressant, les Novorusses aussi semblent suprêmement confiants. C’est plutôt surprenant, si l’on considère que les forces ukronazies les dépassent largement en nombre (de 2 contre 1 à 4 contre 1, cela dépend de comment vous comptez). Dans des interviews, les commandants et les combattants en première ligne novorusses disent tous qu’alors que les Ukronazis ont utilisé les derniers mois pour se rééquiper et se reformer, ce ne sera pas suffisant pour faire une différence.

Des membres de la Douma russe ont publiquement déclaré qu’ils en ont assez de Kiev et que si les Ukronazis attaquent le Voentorg et le Vent du Nord, le robinet sera totalement ouvert. Au moins une source a rapporté qu’un grand nombre de Cosaques avait déjà franchi la frontière et était déployé à l’intérieur des Républiques de Donetsk et Lougansk.

Enfin, encore une autre théorie régulièrement citée est que la raison pour laquelle Trump ne dit pas aux Ukronazis de se calmer et de reculer (supposant que c’est la raison pour laquelle Trump leur parle, ce qui reste à prouver) est qu’il veut qu’ils attaquent et échouent, pour ensuite les blâmer de refuser l’Accord de Minsk-2. C’est une théorie intéressante. D’un côté, je ne suis pas si sûr que les Américains n’aient pas dit aux Ukies de se calmer – après tout, les bombardements ont considérablement diminué. Cela pourrait aussi être un cas de projection de la logique de la junte de Kiev sur les Américains. Il est bien connu que Porochenko aime envoyer les escadrons de la mort nazis (connus comme les « Dobrobats » ou les bataillons de volontaires) sur les lignes de front, pour que les Russes les tuent au lieu de devoir le faire lui-même. Selon cette théorie, c’est une stratégie gagnant-gagnant pour Porochenko : il envoie les « Dobrobats » au front – soit ils gagnent et le crédit lui revient, soit ils perdent (jusqu’à présent, c’est ce qu’ils ont fait) et ses plus dangereux ennemis politiques sont tués par les Novorusses. Cela fait d’eux des martyrs des « cent héros célestes ». Gloire à l’Ukraine, gloire aux héros, etc., etc., et Porochenko peut mobiliser là autour. Peut-être. Cela me semble une théorie plausible.

Ce qui est sûr, c’est que l’opposition à Porochenko (Liatchko, Timotchenko, Sementchenko, etc.) est totalement déprimée et qu’elle pousse à une escalade, en déclarant un état de guerre en Ukraine ou en soutenant d’autres attaques ukronazies contre les Novorusses. Quant à l’assassinat de Givi, il a été bienvenu pour l’ensemble de la scène politique ukrainienne, qui s’est réjouie du meurtre et a même organisé des sondages d’opinion, pour voir qui les gens voulaient voir assassiné ensuite. La seule exception était, croyez-le ou non, Nadejda Savtchenko (oui, oui, la « Jeanne d’Arc ukrainienne » et « l’espoir de la nation ukrainienne »), qui a accusé Porochenko d’essayer de déclencher un massacre dans le Donbass. Les Ukronazis sont scandalisés et les Russes sont stupéfaits par le virage politique à 180 degrés de Savtchenko. Quant aux Novorusses, leur position est hyper-pragmatique : « Elle est une meurtrière et nous la méprisons, mais nous travaillerons avec elle si elle veut travailler à la paix et même à des échanges de prisonniers. »
J’écoutais hier un politicien ukronazi dire que les médias russes préparent le peuple à une intervention russe dans le Donbass. Eh bien, je ne le formulerais pas exactement comme il l’a fait, mais je suis globalement d’accord avec ce sentiment. Alors que ce n’est pas « le Kremlin » qui dirige qui que ce soit, l’humeur générale en Russie semble être un dégoût profond, de l’irritation et de la frustration avec la junte de Kiev. Et alors que j’exclus catégoriquement toute intervention ouverte à large échelle dans le Donbass, je vois aussi que la théorie d’une opération russe de maintien de la paix est ouvertement envisagée à Moscou et fréquemment débattue. Cela, cependant, exigerait que l’une de ces deux choses se produisent d’abord :

Une attaque ukrainienne sur des forces russes, par opposition aux forces novorusses, quelque part,

Une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU autorisant une telle opération de maintien de la paix. Avec Trump à la Maison Blanche, il y a au moins une possibilité théorique que le Conseil de sécurité des Nations unies autorise une telle opération, en particulier si cela fait porter ensuite à la Russie la charge de reconstruire la Novorussie. Cela, en fait, est quelque chose que ne veulent ni Poutine, ni la plupart des Russes. Ils ont peur d’être pris au piège de devoir prendre du territoire ukrainien sous contrôle russe seulement pour découvrir, comme le droit international le stipule clairement, que toute force d’occupation est responsable de l’administration du territoire sous son contrôle. Les Russes estiment que ce n’est pas eux qui ont créé ce désordre sanglant et que par conséquent ils ne devraient pas être ceux qui paient pour le réparer. Ils savent aussi que l’économie russe, relativement petite, ne peut tout simplement pas supporter une telle charge financière.

Il y a une nette possibilité que 2017 voie une transformation fondamentale et cruciale de la guerre en Ukraine. D’une part, que l’attaque ukronazie finale se matérialise ou non, si elle le fait ce sera le dernier « hourrah » d’une Ukraine en décomposition et à l’agonie. Avec ou sans l’aide directe de la Russie, je prédis que les Ukronazis seront totalement vaincus. Une fois éliminée la composante militaire, d’une manière ou d’une autre, la question centrale deviendra : « Qui paie pour le gâchis », avec les États-Unis et la Russie pointant le doigt sur l’Europe en général et sur l’Allemagne en particulier. Si la dernière attaque ukronazie ne se concrétise jamais, le régime implosera très probablement, au point que tous les acteurs importants devront intervenir et s’accorder sur un plan pour reconstruire au moins la base même de la société ukrainienne. L’Europe n’aura pas d’autre choix que d’accepter encore une nouvelle immense vague de réfugiés.

Quant aux Russes, il apparaît que leur position aujourd’hui est la suivante : la seule option pour le régime de Kiev est de se soumettre à l’Accord de Minsk-2. Cela, bien sûr, signifierait un « suicide en douceur » pour le régime ukronazi. Sinon, alors un « suicide dur » incluant une éventuelle intervention russe limitée ou la reconnaissance des Républiques de Donetsk et de Lougansk par Moscou devient une possibilité réelle. Dans tous les cas, la patience russe/novorusse semble avoir atteint sa limite.

The Saker

Traduit par Diane, vérifié par Wayan, relu par nadine pour le Saker francophone

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