12 septembre 2017

De Macron à l’Acropole


On sait que Macron avec tout son train, sa compagnie et ses saltimbanques de la com', s’est rendu à Athènes. On a entendu les mots très durs qu’il a eus là-bas pour ceux qui restaient ici, les “fainéants” et les “cyniques” ; “business as usual” pour ce président, qui a fait de l’insulte mondialisée une méthode de gouvernement au service de la globalisation. On a les servitudes qu'on peut et, avant d'être président désormais, il faut s'être assuré que votre employeur juge que c'est opportun. Macron-“légitimé” par le sympathique suffrage universel a toutes les lettres de recommandation qu'il faut.

Il y a à retenir de ce voyage des choses plus sérieuses que cette canaillerie de basse-fosse, dans le sens où elles ont du sens et de la profondeur. Elles ne sont pas le fait de Macron mais l’effet de sa méthode. Ainsi de ce texte qui m’est parvenu d’un ami de là-bas, ami personnel chaleureux et ami sincère de dedefensa.org ; il en dit plus long, ce texte, de la méthode de ce président qui ne se résume tout de même pas aux seules insultes signalées plus haut mais inclue toutes les vilenies et les bassesses qui vont avec..

Il est de Manolis Glezos, qui est ainsi présenté : « Μanolis Glezos est connu pour son acte de faire descendre le drapeau de l’Allemagne Nazi de l’Acropole en Mai 1941 sous l’occupation Nazi du pays. Leader de la gauche grecque après la guerre, il a été condamné trois fois à la peine de mort pour ses activités politiques. Il a été sauvé, entre autres, à cause de la mobilisation des plusieurs personnalités européennes, dont le Général de Gaulle qui l’a appelé le “premier résistant de l’Europe”. » Glezos a intitulé son texte : « Je n’accepte pas l’invitation à être présent aujourd’hui à la profanation de la Pnyx »

La traduction française que vous allez lire ci-dessous a été faite par DefendDemocracy.Press. Ce texte a été publié originellement par Glezos le 7 septembre 2017, dans cette langue qui est la matrice originelle de notre civilisation quand elle pouvait encore prétendre l’être :

Δεν αποδέχομαι την πρόσκληση στη σημερινή βεβήλωση της Πνύκας

Voici le texte restitué en français, – et ainsi savons-nous au moins où se trouvaient les “cyniques” dénoncés ce 7 septembre par Macron :

« La France, son peuple, les luttes du peuple et ses représentants ont toujours été les bienvenus pour le peuple grec.

» Je me souviendrai toujours de l’énorme contribution de la France officielle, sous le Général De Gaulle, et du peuple français, qui ont empêché l’exécution des peines de mort qui nous avaient été infligées par le régime grec qui a suivi la guerre civile.

» Mais la visite d’aujourd’hui présente une différence majeure.

» Aujourd’hui, c’est le droit du plus fort qui s’impose.

» La Grèce impuissante, grâce aux mémorandums, accueille en tant qu’investisseurs l’invasion financière la plus cynique, en la personne d’un groupe qui accompagne le président français.

» Les infrastructures qui n’ont pas encore été cédées, sont dans la file d’attente.

» Nous ne vendons pas, nous bradons.

» Ils n’investissent pas, ils augmentent leur propre richesse en suçant toute trace de vie du peuple grec.

» Simple bilan, simples mathématiques.

» Et tout cela sous le régime d’un chantage inédit du point de vue historique.

» Avec l’épée du maître-chanteur sur la table, qu’accompagne un cynique “Vae Victis” (Malheur aux vaincus).

» Rien ne peut modifier l’estime que nous nourrissons pour le peuple français.

» Mais, nous n’accepterons pas comme faits accomplis ce qui sera convenu entre les groupes d’entrepreneurs qui accompagnent le Président de la République Française et le Premier ministre de Grèce.

» C’est pourquoi je n’accepte pas l’invitation à être présent aujourd’hui à la profanation de la Pnyx. »


Ce texte et cette circonstance m’en rappellent d’autres, un autre plus précisément... Je ne vois pas d’occasion plus opportune de rappeler ce texte d’une chronique qui eut son temps (elle se termina en septembre 2015), qui concernait une occurrence analogue. Elle fut publiée le 22 septembre 2014. (Le texte fait partie des Chroniques du 19 courant..., réunies dans un livre sous ce titre, édité par dedefensa.org et Amazon-Kindle, et dont le succès n’est jusqu’ici que d’estime, chleureuse mais quantitativement très-modeste, ce qui va avec, tout cela en l’absence des habituels moyens de promotion du genre...)

Chronique du 19 courant… L’Acropole en solde

« 22 septembre 2014 (19 septembre 2014) ... Cette fois encore, voici la chronique reculée malgré l’impératif de sa date.. [...] D’autre part, qu’importe pour ce texte mis à part le principe de la ponctualité mis à mal ; le prétexte de cette chronique étant, au départ, assez anodin, et le restant finalement, les avatars du chroniqueur ne changent rien à la couleur des choses ni à celle de son esprit sur le fond. (Tout juste a-t-il dû attendre que son humeur se retrouve, pour retrouver justement la profondeur de l’émotion qui lui avait fait choisir ce sujet.) Passons outre et venons-en au principal.

» ... Le point de départ de ce propos pourrait être que l’on ne peut jamais savoir où l’émotion se cache et jusqu’où elle s’y approfondit, et surtout elle, l’émotion la plus noble, l’émotion qui élève l’esprit sans empiéter dans le domaine de l'esprit, l’émotion dont la pression soudaine est capable d’ouvrir les portes d’une perception puissante enfouie dans soi, tout au fond de soi. Je parle de ce moment, que dis-je de cet instant où l’on se découvre comme une pièce d’une chaîne qui remonte dans le temps, vers les plus Hauts Temps d’avant, où l’on se compte soudain dans un sentiment collectif, solidaire d’un inconnu entrevu un instant et qu’on ne verra jamais plus, comme s’il était un frère dans le domaine de l’esprit quand cet esprit met ensemble le savoir immémorial et l’intuition immédiate de la fulgurance d’une image et de quelques mots qui pourraient paraître si anodins... Mais je m’emporte, que diable ?! Pas si sûr, l’emportement reste maîtrisé et renvoie à notre préoccupation sans cesse devenues notre compagne exigeante et qui rythme notre vie intellectuelle.

» Voyez, pourtant, rien de plus anodin... Cela se passe le 26 août 2014, sur Arte, un documentaire sur je ne sais quoi de précis, sinon, pour en savoir plus, qu’il y était question de la vente des biens publics au secteur privé (les “investisseurs” sacralisés) par les États endettés par les crises que cause ce secteur privé (les “banquiers” sacralisés). A la fin du documentaire, l’on conclut sur tel ou tel exemple, pour en arriver, c’est le clou du sujet, sur l’idée qu’il y eut, en Grèce, à un moment, et peut-être s'y trouve-t-il encore dans quelque étrange tête d’œuf, le projet de vendre l’Acropole pour participer à la campagne d’assainissement des finances publiques, – c’est-à-dire donner, donner, encore donner... Et “donner”, bien sûr, à qui ? Aux banques, aux investisseurs, au secteur privé, à ceux-là qui nous ont précipités dans cette tempête, qui en sont la cause, qui en sont les machinistes, sans l’ombre d’un regret et avec la sûreté du sapiens qui croit tenir à lui seul la recette pour aller de tempête en tempête jusqu’au bout où naîtra du paysage ravagé la mise en informe décisif et sans retour de son dessein essentiel, – c’est-à-dire, il ne sait pas très bien quoi sinon le ravage sans obstacle, l'entropisation, et qu'importe le reste...

» On interroge l’un ou l’autre Athénien sur le projet de “solder l’Acropole”. (Quel frisson ne peut manquer de vous parcourir lorsqu’on rapproche ces deux mots, “solder” et “Acropole”, pas vous ?...) Certes, ils ne sont pas d’accord, qui le serait parmi les citoyens courants... Mais les réponses sont classiques, aisément compréhensibles, bien dans le cadre des conditions de cette crise. Soudain, voilà ce vieux monsieur, presque 80 ans à vue de nez, des lunettes de soleil, un sourire nostalgique qui se transforme en un petit rire triste mais pas exempt d’ironie lorsqu’il a entendu la question (quelque chose comme “Qu’est-ce que vous éprouveriez si l’on vendait l’Acropole ?”) ; puis sa réponse, et cette fois le traducteur n’a pas trahi l’esprit immense de la chose (et je mets en gras les mots qui m’ont le plus précisément frappé) :

» “J’en mourrai... S’ils vendent l’Acropole, à quoi bon rester en vie ?”

» Le choc que j’éprouve, si soudain, est immense... Qui répondra à cette question, à cette magnifique et sublime question ? Il veut dire, ce vieux monsieur, “si l’on nous prend l’Acropole, que me reste-t-il, à moi, qui justifie à mes propres yeux de rester en vie ?” Est-ce que l’on se rend bien compte de la puissance de cette question, de sa vertigineuse signification ?

» Le vertige qui vous prend alors est dû à ce que cette question inattendue, si simple dans son exposé, si courte enfin, est décisivement, absolument tragique parce qu’on y distingue ce fait magnifique que l’humble humanité d’un vieux monsieur anonyme semble saisir l’essence extrême de la crise du monde telle qu’elle se manifeste par rapport à ce que les origines du monde semblaient nous promettre. Il y a dans cette vivacité des quelques mots, une formidable contraction de l’histoire du monde qui est aussi l’histoire de la Chute, entre l’Acropole et tout ce que cette construction sublime représente nécessairement, et les nécessités du monde où il en est arrivé avec nous de devoir envisager sans état d’âme (article manifestement inconnu dans leur inventaire) de “solder” l’Acropole pour rembourser une dette infâme qui est le produit du brigandage sans dissimuler d’une vulgaire bande de tire-laines et de fripouilles, – pourtant objet, cette bande, de toutes les attentions et de tout le respect qu’un pouvoir corrompu peut accorder aux imposteurs.

» (Non pas que je fasse de la Grèce antique “les origines du monde”, comme on pourrait l’entendre dans ce propos d’une façon trop formelle... Mais la Grèce antique, n’est-ce pas... . Il s’agit de la Grèce antique prise comme un symbole d’une immense signification, par rapport à ce que représente l’état du monde où nous sommes, l’état de la civilisation qui prétend vouloir clore l’histoire du monde dans le chef de sa maîtrise absolue du monde alors que cette maîtrise ressemble de plus en plus à la catastrophe du monde, c’est-à-dire à une trahison, à une imposture, à un simulacre par rapport à ces “origines du monde”. Alors, certes, et symboliquement dis-je, la Grèce antique et sa magnifique épopée intellectuelle qui sembla avoir tissé un lien qu’on pourrait et devrait juger décisif entre les hommes et les dieux peuvent figurer sans la moindre hésitation comme “les origines du monde”.)

» Comme l’on se demande “à quoi bon continuer à marcher sur un chemin sans issue”, la question de se demander avec une simplicité si droite “à quoi bon rester en vie” si l’on vend l’Acropole aux bandits nous signifie que le symbole de l’Acropole est le symbole de notre raison de vivre, ce qui s’appelle vivre s’entend, et que le sacrilège qu’on envisagerait de commettre à son encontre constitue la caricature invertie et infâme du symbole, le signe affreusement négatif de notre folie, le diagnostic de notre déraison de vivre. La même simplicité dans cette question ajoute la mesure prodigieuse de la beauté transcendantale soumise à la plus vile pratique que l’influence du Mal ait pu suggérer à notre espèce. L’Acropole est une construction pleine du Mystère de la connaissance des Anciens, dans ses proportions, dans son architecture, dans sa perfection des formes et sa plénitude esthétique, où partout s’exerce la magie du nombre d’or, au point où l’on est irrésistiblement conduit à y percevoir l’archétype de la Beauté dans le sens de la transcendance même de l’inspiration des dieux recueillie par notre espèce. La simplicité de la question suggère aussi cette tragique occurrence : “à quoi bon” vivre si l’“archétype de la Beauté”, qui est nécessairement dans ce cas l’expression du Bien dans se représentation spatiale est soumis sans la moindre hésitation à la loi de la plus vile des manifestations de la Chute, s’il est donné en pâture à la représentation du Mal. Et ainsi de suite, pourrions-nous écrire, à détailler toutes les significations fondamentales que l’on trouve dans les quelques mots qu’a prononcés le vieil homme... Lui-même a trouvé avec un naturel si parfaitement simple que le seul argument qui vaille, et qu’il met avec simplicité dans la balance, c’est celui de si vie-elle-même, – qui ne peut plus être une vie dès lors que pèse cette menace immonde.

» Ainsi en vient-on au constat principal qui m’a saisi, lorsque j’ai vu ce vieil homme, son visage, son sourire, sa question (“à quoi bon” ?). Il m’a semblé réunir, en un prodigieux raccourci, dans l’exceptionnelle brièveté du propos, dans sa sublime simplicité toujours elle, à partir de la parfaite identification de la référence originelle de ce qu’aurait dû être le développement harmonieux de l’histoire du monde, l’entièreté gigantesque de la crise qui nous frappe aujourd’hui, le constat évident de l’interférence maléfique qui en assura la fatale divergence, les caractères irréfragables qui décrivent parfaitement la Chute qui en est finalement le résultat dont nous subissons aujourd’hui l’horrible pression. Le paradoxe de cette rencontre fortuite et des réflexions si profondes qu’elle suscite est effectivement qu’en quelques mots modestes, une mimique, une expression, est exposée la simplicité à la fois sublime et abyssale de la situation, comme un trait aussi vif, aussi simple, aussi irrésistible que le tir du carreau d’une arbalète.

» ... Et puis, il y a l’autre aspect de la chose, la pente dégradante, la vision parfaite des conditions de la Chute. Tout cela, et surtout le visage si attristé et pourtant serein et ironique du vieil homme, ce regard qu’il porte sur les brigands qui se saisiraient bien de l’Acropole pour le mettre aux enchères, et y foutre un McDo “à l’antique”, avec le hamburger Spécial-Platon, et le composé néo-hamburger à trois tranches Plotin-Platon, tout cela a quelque chose d’absolument monstrueux parce qu’il y a quelque chose de si absolument dérisoire. Je veux dire qu’à les considérer, toutes ces soi-disant “forces obscures” ou “forces anonymes” si parfaitement identifiées, ces “opérateurs”, ces “spéculateurs”, ces “fonds de pension” et ainsi de suite, dont il est fait si grand cas pour tenter d’expliquer ce qu’on croit être la complexité de la crise alors qu’on ne fait là que se débattre dans ses détails comme dans les mailles d’un filet, vous n’y trouvez qu’une banalité presque extraordinaire à force d’être le contraire de ce qu’elle prétend être, – l’extraordinaire et affreusement banale démarche de cette coterie de circonstance réunie par les réflexes les plus primitifs et les plus bas. Vous sortez d’une réflexion instinctive et intuitive, marquée d’une sorte d’exaltation sublime, sur l’Acropole, sa beauté transcendantale et les perspectives du berceau de ce qui aurait dû être le triomphe de l’histoire du monde avec tout son Mystère et vous échouez lamentablement sur le lieu commun à $150 milliards, sur des monsieur Prud’homme pris du vertige des chiffres et du papier-monnaie ; rien de grand, rien de surpuissant là-dedans, n’est-ce pas, de la volaille et de la valetaille, des banals tire-laines mis en complet veston désormais sans cravates, qu'on ne jugerait finalement, toutes réflexions faites, même pas vraiment malhonnêtes.

» Ce qu’il faut voir après avoir vu la splendeur immense de ce que furent nos origines trahies, c’est le rapport monstrueux entre cette petitesse des pseudo-coupables qui n’ont même pas l’étoffe de l’être, l’absence de monstruosité de ces monstres, et la colossale surpuissance des effets et des conséquences de leurs actes, jusqu’à la destruction du monde. Je me dis qu’un tel contraste est en soi d’essence autre, qu’il est de l’ordre du métaphysique devenue caricature de métaphysique, et qu’il faut qu’il y ait une force puissante pour conduire un tel contraste, et le faire tenir, et le faire aboutir... Ces êtres sont des pantins.

» Les Lilliputiens accouchent d’un Gulliver, sans y rien comprendre, ébahis de leur toute-puissance ! Eux, ce ne sont pas eux parce qu’ils ne figurent rien dans ce qu’il y a d’essentiel dans cette bataille, rien de la terrible surpuissance de l’agression qui voudrait être à son terme la source de l’entropisation du monde. Eux, ils sont des figurants de convenance, des illustrations bienvenues et bienpensantes, la version petite-bourgeoise des «scélérats mêmes qui paraissent conduire la révolution, n'y entrent que comme de simples instruments; et dès qu'ils ont la prétention de la dominer, [ ...] tombent ignoblement. [...] Plus on examine les personnages en apparence les plus actifs de la Révolution, plus on trouve en eux quelque chose de passif et de mécanique.» (Tout cela, citant les phrases de Maistre sur les chefs de la Révolution. La même famille, puisqu’il suffit de remplacer “Révolution” par “fonds de pension” ou par “banksters” ou par ce qu’il vous plaira du domaine.)

» Alors, au cœur du phénomène de la folie de la destruction du monde, il faut donc croire qu’il y a autre chose ou bien cesser d’écrire, c’est-à-dire d’exister comme je le fais. (Je parle ici de mes réactions où l’émotion a une grande place, c’est-à-dire assez loin des constructions que l’on veut rationnelles, où l’on parle par exemple de l’équation surpuissance-autodestruction. Ces constructions ont absolument leur place et leur raison d’être, mais elles concernent la raison et la réflexion qui en découle. Ici, dans cette chronique, je parle d’un instant d’émotion, et de tout le vertige de pensées trop rapides pour être pondérées qu’il entraîne. Je parle de la psychologie immédiatement touchée, de l’instant où vous trébuchez, où plus rien ne vous tient, où votre faiblesse soudain découverte et privée de son armature de raison et d’arguments menace de vous entraîner comme dans un flot irrésistible, et où pourtant vous vous redressez comme propulsé par la force d’une intuition irrésistible. Vous savez alors qui vous êtes et vous savez qui ils sont... Et votre émotion, un instant apparue comme un réflexe sans lendemain, comme une manifestation désespérée, prend sa place dans la diversité qui soutient ces constructions de votre esprit dont je parle plus haut pour en faire une architecture plus diverse et d’autant plus solide.)

» Il faut donc croire qu’il y a autre chose, dis-je ? Alors, à nouveau le miracle se manifeste ... Je parle du visage du vieil homme, de son sourire et de son petit rire, de sa tristesse immense, de ces quelques mots qui déclenchent en vous la perception vertigineuse de la crise totalitaire qui nous écrase ... Je me dis aussitôt que c’est miracle que tant de choses aient été exprimées en si peu de mots, en un instant si court, sans lien et sans rien connaître de celui dont on parle, lui l’anonyme que je ne connaissais pas et que je ne reverrai pas. Il y a dans cette puissance involontaire, inconsciente, à ramasser dans une si grande brièveté et une si forte simplicité tout le mystère de la catastrophe qui frappe le monde, bien assez de puissance pour distinguer l’inverse, pour comprendre d’instinct et d’intuition comment aller vers le contraire et affronter cette catastrophe avec sûreté et détermination, comment distinguer ce qui, dans cette surpuissance de mort qui nous agresse, contient les germes de l’autodestruction d’elle-même. Il faut donc croire qu’il y a autre chose parce que le visage de ce vieil homme anonyme nous dit effectivement qu’il y a autre chose ; il faut donc croire que le visage de ce vieil homme qui nous dit effectivement qu’il y a autre chose, est lui-même autre chose que ce qu’il paraît... »

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