29 octobre 2017

Finissons-en avec le sexe !


Il est intéressant de voir que, malgré une culture tant victime de la pornification que n’importe quel enfant de neuf ans peut regarder des actes sexuels sur un écran à longueur de journée, nous sommes capables de nous offusquer du manque de bienséance de la vie américaine… alors même que les gauchistes les plus gnostiques cherchent à transformer la nature humaine en éradiquant les catégories sexuelles pour laisser place à une utopie d’hermaphrodites.

Le sexe est gênant, vous savez. Il s’interpose – littéralement - entre les gens de manière embarrassante, et est porteur de tensions si primitives qu’il peut nous effrayer et nous faire honte. Est-il surprenant que ces tensions se manifestent dans un milieu de travail où hommes et femmes se côtoient toute la journée ? Êtes-vous vraiment surpris d’apprendre que le sexe est une devise pour l’avancement professionnel ?

J’aimerais ajouter que le naufrage d’Harvey Weinstein est une représentation dramatique de l’effondrement de l’industrie cinématographique telle que nous la connaissons depuis près d’un siècle. L’ère des films de plus de deux heures passés en boucle dans de grandes salles remplies de sièges touche à sa fin. Le cinéma rejoindra bientôt les albums musicaux et l’exercice littéraire connu sous le nom de nouvelle dans le cimetière des éléphants où terminent toutes les formes d’art. La chute d’HW n’est que le point à la fin de la phrase.

Le mois dernier a été un véritable bain de sang pour la sortie de films. Des supposés blockbusters ont été retirés des salles plus vite que les orateurs invités des salles de conférence des universités. La classe moyenne chancelante n’a plus besoin de cinémas. Les télévisions à écran plat lui suffisent à se perdre dans des mondes de fiction qui se prolongent d’une semaine à l’autre, d’année en année. Et qui sait combien de temps survivra cette branche du showbiz. En matière d’évolution, la forme ultime d’un organisme est souvent la plus démesurée. Pensez au Baluchithérium, le titan de l’Oligocène. Imaginez un acte sexuel entre deux créatures de la taille de tracteurs ! Le destin du « contenu » télévisuel comme Game of Thrones dépend probablement de l’aptitude de nos réseaux électriques, qui ont désormais des airs de plus en plus sclérotiques. Je pense personnellement que le showbiz du futur sera axé sur les spectacles de marionnettes.

Heureusement (ou pas, dépendamment de votre idéologie politique), le sexe et les tensions sexuelles resteront parmi nous. Ce qui est plus susceptible de changer est la division du travail. Une majorité des adultes que je connais acceptent comme axiomatique le fait que les changements sociaux auxquels ils ont assisté tout au long de leur vie sont devenus des conditions permanentes de la condition humaine. C’est ce que nous a expliqué Tom Friedman dans son discours sur le globalisme, qui se fracture aujourd’hui. La même chose peut être dite des gnostiques de la gauche, qui se croient proches d’exterminer la tant détestée hétéro-patriarchie cis-sexiste. Comment pensez-vous que les choses fonctionneront dans une nation d’eunuques et de transsexuels ?

Vous serez peut-être surpris d’apprendre que ces tendances sont loin d’être permanentes. Les Etats-Unis décadents, qui manquent de discipline et de bienséance, qui sont perdus dans leur techno-narcissisme grandiose, à regarder des fantaisies de gangsters en s’empiffrant de produits venus de terres lointaines achetés grâce à de la dette obligataire toxique, deviennent peu à peu un paria international. Il y a fort à parier que les tensions qui émaneront de cette dynamique provoqueront, d’une manière ou d’une autre, l’effondrement des systèmes commerciaux et financiers qui ont alimenté la période de l’Histoire qui touche aujourd’hui à sa fin – et causeront des dommages collatéraux dans beaucoup d’autres domaines de la vie quotidienne.

D’ici là, l’Amérique s’enfoncera dans un marécage d’excès sexuels, de préoccupations sexuelles, de confusion sexuelle, de récrimination sexuelle et de remords sexuel. La seule chose sur laquelle les combattants ne peuvent pas tomber d’accord est ce qui peut encore être qualifié de normalité sexuelle, dont la notion même pourrait être prise pour un cri de guerre.

James Howard Kunstler

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.