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15 décembre 2017

Mme West


J’ai 42 ans, je suis mariée, sans enfants, un chien, un chat, 4 poules et des milliers d’abeilles ! Je gère mon petit commerce que j’ai fondé ici, dans l'État du Montana.

Le Survivalisme a toujours fait partie de mes habitudes, même lorsque j’étais enfant. Quand on faisait les courses avec ma mère, s’il nous restait des sous, on achetait un peu plus de nourriture pour faire des stocks, comme par exemple des paquets de pâtes de cinq kilos à prix discount, ce qui était bien plus économe que d’acheter une boîte de 500 grammes à la fois.

Ces économies étaient très importantes pour ma mère et elle en profitait dès qu’elle le pouvait. J’ai grandi dans une famille plutôt traditionnelle, où j’ai pu observer et aider ma mère et ma grand-mère à faire des conserves chaque été et chaque automne. Ma mère est une très bonne jardinière et, à cette époque, elle faisait pousser beaucoup de légumes pour contribuer à la sécurité alimentaire de la famille.

Aujourd'hui, c'est à mon tour de jardiner et d'explorer les meilleurs solutions pour notre résilience alimentaire.






Venant d'une famille italienne, on avait l’habitude de cuisiner la nourriture en grandes quantités. On aurait pu nourrir une petite armée ! Cette tradition nous permettait, en plus de faire des économies, de cuisiner plusieurs repas d’avance et donc de gagner du temps, d’autant que certaines recettes, comme les biscuits par exemple, pouvaient se garder pendant de très longues périodes, si préservées correctement.




Mon père est un vétéran de la guerre du Vietnam, et nous avons grandi avec la présence d’armes à feu dans la maison. Il m’a appris comment les utiliser et surtout comment ne pas les utiliser. Mes deux parents nous ont toujours encouragés, ma sœur et moi, à être capables de tout faire, à être résilientes, fortes et indépendantes. Ils nous ont appris à cuisiner, à coudre, à couper du bois, à bricoler, à tirer au fusil…



 
 

À New York, où j’ai grandi, chacune des quatre saisons de l’année avait un climat difficile. Des tempêtes de neige hivernales aux grandes chaleurs de l’été et aux tempêtes et ouragans de l’automne, nous devions être un minimum prêts. Les coupures d’électricité étaient d’ailleurs récurrentes, et nous vivions dans un environnement urbain très dépendant de l’électricité. Nous avions toujours des lampes torches avec des stocks de piles, des réserves d'eau et de nourriture, et nous nous entraînions régulièrement à des scénarios d’évacuation.

 
Puisque nous vivions en ville, mes parents nous ont aussi fait prendre conscience des problèmes liés à l’« humain », et nous avons vite appris les règles de survie liées à la « rue ». Par exemple, nous avions des mots de passe et des codes que nous pouvions utiliser entre nous ou par téléphone. Nous savions que tel mot voulait dire que nous étions en danger, ou qu’un tel autre voulait dire que nous avions besoin d’aide en cas de cambriolage, de hold-up ou de kidnapping. J’ai d’ailleurs utilisé cette technique plus tard dans mon environnement professionnel.

Je ne sais pas s’il y a eu un moment particulier qui a déclenché chez moi l’envie d’être toujours plus résiliente, indépendante ou autosuffisante, mais ce qui est certain, c’est que les dix dernières années m’ont rendue beaucoup plus vigilante par rapport à ce qui se passe à travers le monde...

À tout moment, mon mari et moi pourrions perdre notre emploi. Mon magasin pourrait faire faillite ou nous pourrions subir une longue coupure de courant à cause d’une tempête de neige pouvant durer des semaines, et ne pas pouvoir travailler à cause de cela, et donc ne pas faire rentrer d’argent pour payer le loyer, le chauffage ou la nourriture. Il me semble de plus en plus important, et un « bon » moment dans l’histoire pour être prévoyant et pouvoir gérer une multitude de probabilités.

Je ne me prépare d’ailleurs pas pour un événement particulier, car je crois que tout peut arriver de nos jours, et que la stratégie la plus intéressante et la plus prometteuse repose sur une décision d'indépendance. Je ne suis pas angoissée ou anxieuse, ni ne me prépare pour que quelque chose de mauvais m’arrive. Toute cette démarche prévoyante ne semble jamais sérieuse, jusqu’au moment où ça vous arrive à vous ! Et soyons réalistes, le risque zéro n'existe pas… que ce soit une maladie grave, un accident de la route, une catastrophe naturelle, la perte d’un emplois ou une confrontation violente avec un connard.

 
 
 
 
 
Ma recherche d’indépendance est clairement un travail de tous les jours. Ce n’est pas stressant, au contraire, c’est quelque chose de naturel pour moi, que j’aime faire, et qui me facilite la vie au quotidien. De toute façon, je ne suis pas une personne qui fait les choses à la dernière minute, et tout cela est dans ma nature.

Chaque voyage à l’épicerie ou au marché par exemple, est une opportunité de renforcer notre résilience et notre autonomie.

Pour le reste, comme par exemple les tampons hygiéniques, j’essaye de les acheter en gros ou lorsqu’il y a des baisses de prix, car je sais que je vais toujours en acheter quoi qu'il arrive – en tout cas ces dix-vingt prochaines années - donc je me focalise sur ce qui est non-périssable et qui durera longtemps, comme par exemple le savon, les brosses à dents, le PQ, les piles… Je préfère économiser sur une sortie dans un bar ou sur une sortie au cinéma et utiliser l’argent pour de la nourriture, un outil pour la ferme urbaine, une ruche de plus ou un livre intéressant DIY.

 
 
Ma priorité dans la préparation est la sécurité et la santé. Je suis une personne toute menue. Je ne suis pas grande et je ne pèse pas lourd, et donc il serait facile pour beaucoup de gens, s’ils le voulaient, de prendre le dessus par la simple force physique. J’avais suivi des cours d’arts martiaux lorsque j’étais plus jeune, mais je n’ai plus le temps d’en faire à cause de mes engagements de patronne de petit commerce. Toutefois, voici ce que je porte sur moi tous les jours :

Sur mon porte-clés, j’ai un sifflet. Depuis l’université, j’ai ça sur moi, car en cas de tentative d’agression, le bruit d’un sifflet peut alerter une tierce personne.

Toujours sur mon porte-clés, une petite bombe de gaz lacrymogène. C’est léger, seulement 120 grammes, et cela peut envoyer un jet à cinq mètres s’il n’y a pas trop de vent. Ce n’est pas le truc magique, mais il a sa place dans ma boite a outil "fais pas chier".

Parfois, un sifflet ou une giclée de gaz ne suffisent pas à dissuader un agresseur déterminé, alcoolisé, drogué… Je suis donc aussi détentrice d’un permis de port d’arme et je porte un pistolet sur moi H24 en toute légalité. J’ai fait plusieurs formations et je continue à m’entraîner régulièrement. Comme je l’ai dit, je ne suis pas grande ni costaude et si je dois protéger ma vie, et bien je le ferai. Ma vie est ma priorité.

Je me sens bien plus en sécurité et à l’aise en sachant que j’ai des moyens sur moi pour me protéger. C’est une grande responsabilité. Je ne prends pas cela à la légère. Mais la police arrive sur le lieu du crime après que le crime a eu lieu… et je préfère ne pas être un fait divers de plus... une victime de plus.

 
 
 
J’ai aussi une lampe torche, un couteau pliant et un Trauma kit dans mon sac.

Depuis que je vis ainsi, je vois tout sous un angle très différent. Je réfléchis à des utilisations alternatives pour tous les objets du quotidien ou tout ce qui, pour la plupart des gens, devrait finir à la poubelle. Bocaux, bouteilles plastique, bouts de métal, morceaux de caoutchouc, bois, tonneaux… je recycle tout ! J’ai toujours recyclé, mais là, je suis passée à un autre niveau, en réfléchissant à comment transformer ce que je trouve en quelque chose qui rendra ma vie plus facile, ou qui me fera économiser.

Pour ne pas remplir ma maison de ces choses, je me suis donnée une limite à la durée pendant laquelle je garde tous ces objets ou matières premières. Si je ne leur trouve pas une utilité après six mois, et que personne d’autre n'en veut, je les jette définitivement.

J’observe aussi comment vivent les autres personnes et comment les autres entreprises fonctionnent. Comment elles gèrent leur utilisation d’énergie ou d’eau, comment s’organise leur sécurité, etc. Si elles ont de bonnes habitudes ou de bonnes procédures, et que ma famille peut en bénéficier, j’essaye d’appliquer quelque chose de similaire à la maison.

 
 
 

Pour la cuisine, je me suis mise à cuisiner de manière traditionnelle de la nourriture la plus possible locale et produite d'une manière cohérente. J’aime expérimenter des recettes en substituant des ingrédients à d’autres et voir si le goût reste acceptable. J’aime aussi comprendre comment d’autres cultures préparent leur nourriture et, parmi celles-ci, j’essaye de trouver quelles sont les manières de faire les plus saines, les plus efficaces et les moins coûteuses.

Je ne réussis pas tout ! Je manque aussi de temps pour faire plus de sport de type « cardio » afin d’avoir la meilleure condition physique possible. Tout est question de compromis.

 
Ma famille me comprend totalement et approuve ma conduite et la manière dont je gère ma vie. Mais il arrive de temps en temps que mes amies ou que mes connaissances se moquent de moi. Elles croient que je me prépare à la « fin du monde » et trouvent que mon mari et moi sommes un peu dingos. Je leur réponds toujours en expliquant mes raisons pour l’autonomie et l’indépendance et leur demande ce qu’elles feraient, sans aucun plan ni aucune réserve dans leur maison, si quelque chose comme l’ouragan Katrina arrivait ?

Beaucoup me disent alors qu’elles n’y avaient jamais réfléchi, comme si tout allait toujours être parfait, pour toujours. Certaines me disent qu’elles pensaient que le gouvernement viendrait s’occuper d’elles et de leurs familles. Et une a dit qu’elle viendrait avec ses deux enfants chez moi, puisqu’elle savait que j’avais de quoi tenir.

En fait, la plupart du temps, je ne dis plus rien aux gens. Je fais ce que je considère comme le mieux pour moi. Après tout, il y a de nombreuses façons d’exister dans le monde !

 
 
 
 

Pour la protection de ma famille, mon mari et moi avons des procédures et des systèmes en place, au cas où nous serions ensemble ou au cas où nous serions séparés. Des lieux de rendez-vous, des lieux de rendez-vous secondaires, avec des temps d’attente déterminés pour chaque endroit.

Enfin, nous formons une équipe soudée, quoi qu’il arrive. Il n’y a pas de genre ni de taille d'événement qui peut empêcher cela…

 

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