15 janvier 2018

Les Etats-Unis refusent de reconnaître «la réalité d’un monde multipolaire»


De la Syrie à la Corée du Nord en passant par l'Iran ou encore la Palestine, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a abordé les différentes crises internationales lors de sa conférence de presse du bilan 2017.

Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a profité de sa conférence de presse annuelle, ce 15 janvier, pour faire un tour d’horizon de l’actualité internationale. Selon lui, de nombreuses tensions ont pour origine l’interventionnisme américain : «Malheureusement, nos collègues américains et leurs alliés continuent de vouloir imposer leurs vues en se basant exclusivement sur le diktat et l'ultimatum. Ils ne veulent pas écouter les points de vue d'autres centres [de pouvoir] de la politique mondiale.» Il a en outre ajouté que les Etats-Unis «ne [voulaient] même pas reconnaître la réalité d'un monde multipolaire». Sergueï Lavrov a explicité son propos en évoquant notamment les crises successives qui ont marqué l’année 2017.

Pour la Russie, les Etats-Unis souhaitent toujours «un changement de régime» en Syrie

Le chef de la diplomatie russe a commencé par évoquer la situation en Syrie, fustigeant la position des Etats-Unis sur ce dossier. Il a estimé que les autorités américaines souhaitaient toujours «un changement de régime» et «une partition du pays». Sur ce point précis, il a notamment fait part des vives inquiétudes de la Russie concernant l'initiative américaine de créer une nouvelle force de sécurité frontalière composée de 30 000 hommes, dirigée par les Unités de protection du peuple kurdes (YPG) et comprenant les forces démocratiques syriennes (FDS, une coalition rebelle arabo-kurde), deux unités qui bénéficient déjà du soutien des Etats-Unis.

Annoncée le 14 janvier, la création de cette force constitue pour Moscou, une menace sérieuse pour l’intégralité territoriale de la Syrie. Contrairement à l'armée russe, cette force et celle des Etats-Unis n'ont pas été autorisées par Damas à intervenir sur le territoire syrien. Elles ne bénéficient pas non plus de mandat onusien.

Moscou reste favorable à l’accord sur le nucléaire iranien

A l’instar de Damas, Téhéran demeure dans le collimateur de Washington. Donald Trump avait en effet annoncé le 13 octobre dernier,la «non-certification» des engagements de l'Iran dans le cadre de l'accord intervenu en 2015 sur son programme nucléaire avec les Etats-Unis, alors présidés par Barack Obama et cinq autres pays (France, Russie, Chine, Royaume-Uni et l'Allemagne).

L'actuel locataire de la Maison Blanche estime que cet accord, qui avait pour but d'amener Téhéran à renoncer aux applications militaires de l'énergie nucléaire pour mieux se concentrer sur ses applications civiles, était «l'un des pires» jamais conclus et qu'il n'avait permis que de «faibles inspections en échange de rien de plus que de repousser, purement à court terme et temporairement, l'avancée de l'Iran vers l'arme nucléaire». Malgré ces dénonciations, le ministre russe a au contraire affirmé que l’Iran «rempli[ssait] ses obligations» et a assuré que son pays et les autres partenaires engagés continuaient de «travailler au maintien» de l’accord.

«Mettez-vous à la place de la Corée du Nord»

Sergueï Lavrov a averti que si l'accord avec l'Iran devenait caduque, cela aurait des répercussions négatives sur le dossier nord-coréen. «Mettez-vous à la place de la Corée du Nord», a-t-il suggéré aux journalistes afin de démontrer la nécessité de préserver l'accord signé avec Téhéran.

Sergueï Lavrov a profité de cette occasion pour rappeler que la Russie avait proposé «que tout le monde calme le jeu et cesse les activités conflictuelles, à commencer par les initiatives militaires qu'il s'agisse de lancements de missiles, de tests nucléaires ou des manœuvres militaires à grande échelle menées par les Etats-Unis, la Corée du Sud et le Japon dans cette région».

Cette déclaration est intervenue alors que la Russie et la Chine ont salué la reprise du dialogue entre les deux Corées, la première depuis plus de deux ans. Dans ce sillage, la Corée du Nord a officiellement proposé le 9 janvier d'envoyer des athlètes et une délégation de haut rang aux prochains Jeux olympiques d'hiver en Corée du Sud.

Reconnaissance de Jérusalem par Donald Trump : Moscou «comprend» la colère palestinienne

En revanche, le dialogue entre Israéliens et Palestiniens est au point mort et Sergueï Lavrov a confié qu'il comprenait les déclarations du président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas. Ce dernier a en effet qualifié la récente offre de paix de Donald Trump de «claque du siècle». «Nous comprenons parfaitement ce que ressentent les Palestiniens actuellement. Ils ont fait des concessions unilatérales, les unes après les autres, au cours des dernières années, sans rien recevoir en échange», a analysé le chef de la diplomatie russe.

La reconnaissance de Jérusalem comme capitale d'Israël par Donald Trump le 6 décembre 2017 a provoqué la désapprobation d'une grande partie de la communauté internationale et notamment celle de l’Autorité palestinienne, qui était dans l’attente d'un nouveau plan esquissé par l’administration américaine pour tenter de résoudre le conflit.

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