23 janvier 2018

Sauver Areva de la faillite - Areva se scinde en 3 sociétés

  • En grande difficulté financière, Areva a été scindée en trois entreprises différentes.
  • Orano reprend les activités d’extraction, de conversion, et de recyclage des matières nucléaires. Le manque de diversification dans les énergies renouvelables pourrait lui coûter cher.
A l’entrée de l’immense tour du quartier de la Défense à Paris, le « A » rouge d’Areva a cédé la place à un « O » jaune, symbole d’Orano. Avec ce changement de nom, dévoilé ce mardi, l’ancien fleuron du nucléaire français veut faire place nette. Son directeur général, Philippe Knoche, a même annoncé qu’il songeait à quitter le bâtiment en 2019, histoire de tourner définitivement la page… et de réduire les coûts liés à l’immobilier.

New AREVA devient #Orano, une refondation, une nouvelle histoire qui commence #communication #nouvellemarque #reveal #nucléaire pic.twitter.com/6RBpEHmlwa— Orano Group (@Oranogroup) January 23, 2018

Sur le papier, la transformation d’Areva en Orano évite à la « nouvelle » société de porter le poids médiatique des différentes affaires qui ont touché l’entreprise, la plus retentissante étant sans doute celle du scandale Uramin. Le rachat de cette société canadienne en 2007 a fait perdre des milliards d’euros à Areva. Des soupçons de maquillage des comptes liés à ce rachat ont conduit à l’ouverture de plusieurs enquêtes judiciaires, puis à la mise en examen de l’ancienne PDG Anne Lauvergeon.

Division par trois

A cause de cette affaire, du repli du nucléaire après la catastrophe de Fukushima, et des déboires des EPR de Flamanville et d’Olkiluoto (Finlande) dont le coût a triplé (9 milliards d’euros) en raison des retards, Areva s’est retrouvée au bord du gouffre. Pour sauver la filière nucléaire française, l’entreprise a été scindée en trois : l’activité réacteurs a été cédée à EDF, le « cycle » de l’uranium (extraction, recyclage) à Orano. Enfin, une dernière structure, Areva SA, possédée par l’État français, devra assumer financièrement le fiasco de l’EPR finlandais.

Débarrassée de ce boulet, Areva/Orano va-t-elle pouvoir rebondir ? « Orano change d’image mais pas de stratégie, tacle Yves Marignac, directeur de Wise-Paris, une agence d’étude sur le nucléaire. Son modèle, c’est celui du cycle fermé, avec au centre le retraitement des matières nucléaires (séparation du plutonium et du combustible Mox). Or, il n’y a plus aucun client en Europe pour cette activité, à part EDF. »

L’avenir est-il à l’Est ?

Philippe Knoche n’ignore pas cette donnée. « Aujourd’hui, nous vendons plus d’uranium en Chine qu’en France, a expliqué le DG d’Areva lors de la conférence de presse. Dans notre plan stratégique, l’un de nos objectifs sera le déploiement et le développement de nos activités en Asie. »

L’argument laisse Yves Marignac sceptique : « Les perspectives de contrat de retraitement dans les pays asiatiques sont totalement irréalistes, juge-t-il. Areva était en contact avec Taïwan qui a depuis abandonné cette option, le Japon a un programme nucléaire en déliquescence, la Chine veut acheter la technologie mais n’a pas d’option stratégique de retraitement, et la Corée du Sud est engagée dans un programme de sortie du nucléaire. »

L’option du démantèlement

Si l’option asiatique ne fonctionne pas, Orano pourrait jouer une autre carte : celle du démantèlement des centrales nucléaires. Un marché qui concernera à terme des centaines de réacteurs dans le monde, et qui pourrait s’accélérer avec la tendance des Etats à privilégier les énergies renouvelables (éolien, solaire), notamment en France avec la fermeture programmée de Fessenheim et de plusieurs autres sites d’ici 2025.

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